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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 17:55

 

Quand mon esprit se cogne, lourd
A ses murailles maussades
Le ciel est gémissant et sourd
Aux chimériques croisades

Quand l’horizon, terne et couvert
De peur, encercle l’avenir
Je parcours seule mon désert
L’espoir n’est plus que souvenir.

 

Enriqueta

22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 20:18

 

Elle oublie, depuis quelque temps, elle oublie
Elle tourne en rond dans la maison
À la recherche de ses oublis
Son entourage se pose des questions

Elle range les choses à la mauvaise place
Oublie le repas sur le feu
Ses erreurs la glacent
Souvent elle pleure, son mari est malheureux

Comme elle appréhende sa dérive
De plus en plus elle se terre
Et cache dans une dernière tentative
Ce mur qui se referme sur elle

Et toujours, le mal progresse
Ses paroles ne répondent plus aux questions
Un moment de lucidité et c’est la détresse
Pour son esprit, la dissolution

Elle ne verra pas grandir ses petits-enfants
Ne pourra plus apprécier les beautés de la vie
Emmurée dans son corps vieillissant
Quelle terrible maladie que de perdre l’esprit

 

Solange

22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 19:34

 

Ecrire, c'est crier.
Ecrire, c'est créer.

J'écris à la craie nos rêves ronds
dans nos gestes carrés
Je crie sur le mur
la folie du monde
le réveil des balles
les hommes les femmes qui tombent
les enfants qui périssent dans la folie immonde

J'écris
je crie pour toi pour lui pour elle
le silence qui tue
et dessus
les blessures que la vie ne manquera pas de me faire

J'écris sur toi
toi que je ne connais pas
le vous et le tu qui se tutoient
j'écris pour tout ce que tu ne comprends pas encore
nos solitudes
nos lointitudes
les rêves à réaliser
nos vies à découdre
la rage au coeur
la rage au corps
un mélange de colère et de peur

et j'écris sur le mur
la danse chaloupée de l'insoumission car, là où la vraie vie n'était que morsure de la séparation
un homme chante maintenant
derrière devant

devant lui
le Mur qui n'existe plus

 

Agnès

21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 14:58


Dans cette immense salle au sol aménagé pour qu’on puisse y danser, les membres de la compagnie « Dans quel état j’erre ? » préparaient la dernière création du chorégraphe Wensezlaw Priockatz. La pièce pour quatre danseurs avait pour titre « Enfermement » et les jeunes gens étaient costumés en camisole d’hôpital.

Wensezlaw, hormis ce titre et ces vêtements qu’il leur avait distribué pour cette première séance de répétition n’avait donné aux danseurs aucune autre indication sur ce qu’il attendait d’eux.
« Dansez ce que ce mot et ces habits vous évoquent » avait-il prononcé, laconiquement.

Tout d’abord, les quatre danseurs, qui ne se connaissaient pas encore très bien avaient élaboré, chacun dans leur coin et solitaires, une gestuelle sensée traduire ce qu’ils ressentaient à ces évocations. Claire avait imaginé ce que l’on pouvait ressentir lorsqu’on se trouvait confiné dans un espace clos. Elle avait joué avec l’espace scénique du plateau, s’astreignant à n’en utiliser qu’une infime partie et prenant pour unique partenaire le mur qu’elle griffait, tapait, frottait, poussait non seulement de ses mains mais aussi avec toutes les autres parties de son corps. A certains moments, elle se cognait contre ou bien glissait, roulait, rebondissait… Ses gestes, tantôt lents et coulés, tantôt saccadés et rapides, exécutés avec violence ou dans la douceur voulaient traduire l’alternance de désespoir et de révolte ressentie par un détenu qu’il soit en hôpital psychiatrique ou en prison.

Claire était toute entière immergée dans son imaginaire et ses ressentis qu’elle s’appliquait à traduire corporellement à l’aide de toute la sensibilité créative et la technique acquises au fil de ses nombreuses années d’apprentissage et de travail. Elle ne regardait pas ce que faisaient ses partenaires mais elle était à l’écoute du moindre de leurs gestes, avec une conscience aigue de leur présence toute proche.
Le silence régnait dans la salle, ponctué seulement par le bruit de la respiration des danseurs, de celui de leurs efforts et de leurs gestes. Ces ahanements, ces gémissements, frottements, glissements, chutes, courses et pas résonnaient tels une musique pour Claire. Ils rythmaient, nuançaient et nourrissaient sa propre danse.

Soudain, le ronronnement de la caméra, que Wensezlaw avait installé pour filmer leur travail, s’interrompit et le chorégraphe les remercia de leur collaboration. Lorsque, plus tard, ils seraient familiarisés avec sa façon de travailler, ils comprendraient que leurs improvisations étaient le terreau avec lequel Wensezlaw construisait pas à pas sa chorégraphie. Tel un joaillier, il taillait et retaillait le diamant brut de leur talent pour finalement le présenter au public, magnifié par son savoir-faire et son génie, tel un bijou dans un écrin.

Pour le présent, Claire était juste vidée, toute son énergie aspirée par l’exigence de ce travail créatif.
Baignés par l’odeur âcre de leurs transpirations mêlées, enroulés dans de chauds vêtements préservant leurs muscles fatigués, une bouteille d’eau à la main, les quatre danseurs revenaient s’asseoir en tailleur, à même le sol, auprès de Wensezlaw afin de l’écouter, pour la première fois, décortiquer le moindre de leurs gestes et poser ainsi les fondements de sa chorégraphie…

Mamido

20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 12:45


Plaquée contre le mur
Les yeux écarquillés
Muette et pétrifiée
N'osant plus respirer
Elsa regarde ma mère
L'agripper par les pieds
Crier, le supplier
De ne pas se jeter
Pourquoi pleure t-il son père
Où veut-il donc aller
Ses petits bras d'enfant
Voudraient le consoler!

Mais la peine des grands
Est un trop gros tourment
Qui ne concerne pas les petits garnements
Inscrite, indélébile sur cet épais mur gris
Sa mémoire d'enfant, l'avait mis de côté
Sans doute pour oublier
Ce petit incident!


Plaquée contre le mur
Les yeux écarquillés
Muette et pétrifiée
N'osant plus respirer
Elsa sent un danger
Qu’elle ne peut pas nommer
Que viennent donc faire ces grands
Dans sa cour d'enfant!

Imprégnée à jamais
Jusqu'au fond de ses yeux
De cette boue gluante
Qui colle à ses cheveux
Cette vision écœurante
De deux monstres infâmes
Qui crachent leur venin
Et brise son destin
En tuant là la femme
Qu’elle serait devenue
En des jours plus lointains

Mais la jouissance des grands
Est là un ingrédient
Qui ne concerne pas les petits garnements
Inscrite, indélébile sur cet épais mur gris
Sa mémoire d'enfant, l'avait mis de côté
Sans doute pour oublier
Ce petit incident!

Plaquée contre le mur
Les yeux écarquillés
Muette et pétrifiée
N'osant plus respirer
Elsa voit horrifiée
Sa vie la rattraper
Le passé, le présent
Se mêlent dans l’instant
Inscrits, indélébiles, sur le mur des tourments
Et aux sons des sirènes
En surmontant sa peine
Elle contemple interdite
Toutes ces scènes insolites
Celles de ces hommes en blanc
Emportant son enfant
De cette femme enfant
Brisée dans son élan
Et celle de son père
Aux élans suicidaires.


« Les murs sont faits pour être franchis et finissent toujours par tomber »
(la chute du mur de Berlin)

Avec le temps, Elsa a vaincu ses vieux démons et reste du mur gris, une trace sur l’asphalte, une cicatrice certes indélébile mais qui ne l’empêche plus, ni elle, ni sa famille de poursuivre le chemin !

 

Chloé

20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 07:19

 

…camisole déchirée et comme des grognements, morceaux de pulsions éructés, les ongles usés sur la pierre. L’autre se penche vers la lucarne de verre, ses mains certainement serrées au fond des poches de sa blouse blanche, comme une bête peureuse lance son défi, le signe dérisoire de sa puissance et de sa soumission.
Tout est blanc, sauf les yeux de celui recourbé au fond de la cellule, injectés de refus et de haine, d’incompréhension, des yeux d’ailleurs. Le cortège des observateurs s’éloigne, juste les pas ralentis de ceux qui peuvent encore marcher, transpercés parfois du hurlement d’un autre errant. Ils doivent statuer sur le devenir de tel patient, patient, le mot qu’il faut. Qu’ont-ils pu faire pour être condamnés au silence et à la solitude ? Des doigts qui fouillent l’obscur, l’inavoué, l’impalpable. Comme des cœurs déchirés, la lèpre qui colle et fait se dessécher l’existence.
Ils ne m’ont pas reconnu, m’ont-ils vu ? Je suis patient, tapi aux frontières de ce qu’ils me laissent, j’attends de ne plus les voir, parfois l’éclair de leur chair sanglante sur les barreaux, lambeaux palpitants de leur égoïsme nécrosé, ultime vestige de leur aberration, triste vengeance.
Une nuit j’ai aperçu le ciel et ses points brillants. Ce doit être le vide là haut, comme en bas mais en plus beau et silencieux. Souvent je m’allonge sur le béton, je dessine avec ma langue des cercles de bave, et je reste béat m’imaginant baigné dans l’onde noire d’un lac, avec ses reflets concentriques comme complices et preuves de mon souffle.
Ils vont revenir, je le sais, ils me souilleront encore de leurs regards, me jugeront encore, m’enfonceront encore plus dans le méat de leurs institutions et de leur dégénérescence. Qui suis-je, pour qu’ils s’acharnent ainsi à m’ôter le fluide qui me nourrit ? Qui sont-ils pour m’interdire d’être ce que je suis ? Ils me couperont les doigts si je continue à écrire.
Et puis j’ai eu l’audace, explosion de violence, le pourpre d’un visage éclaté, taches brunes éparses, des cris qui ont fait taire et sourire ceux qui les poussent d’habitude, des pas de course dans les couloirs, halètements et fuite. La peur a basculé et s’est offerte, envahissante et tenace, rampante et cruelle comme un juste retour des choses. Camisole déchirée, plus de grognement, rien que des ronds de salive sur le sol et du sang tout autour.
Soudain, hors des murs…
 

Daniel

20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 06:40


Ce soir-là, je dansais dans le Lucifer vrai de René Mannesson. J’étais la Mort, j’étais vêtu de blanc, comme la Mort doit l’être.
Il y a dans le ballet un passage où je suis seul en scène, j’ai dansé comme jamais. J’ai été terrifiant, j’ai été spectral, j’ai été vacillant comme une flamme de l’autre monde. J’étais vraiment la Mort. Je suis, je veux dire j’étais… non, je suis… un grand danseur, le meilleur de notre troupe, le meilleur de mon temps peut-être… – Nijinski… vous connaissez ce nom… ? - J’ai dansé comme Nijinski, j’ai couru comme un feu-follet sur la lande, j’ai rampé comme un souffle d’outre-tombe, je me suis tordu comme un damné sur la braise.
J’ai été applaudi follement. Fantastiquement. Frénétiquement.
Et puis… et puis la musique s’est tue… le rideau est tombé. Il y a eu ce silence, ce silence…
J’ai attendu le second acte. Longtemps.
Aucun bruit ne parvenait des coulisses. De l’autre côté, musiciens, public, tous se taisaient aussi.
J’ai senti – angoisse insensée - que mon corps se raidissait. L’attente crispait tous mes muscles. Pourquoi les musiciens n’avaient-ils pas repris leurs instruments ? Pourquoi les danseurs de la troupe me laissaient-ils seuls ? Pourquoi, surtout, pourquoi le rideau ne se relevait-il pas ? J’ai tâté de ma main engourdie, dans la pénombre, devant moi. C’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre. Ce qui avait été le rideau de scène – une pièce de velours bleu, chaud avec des ramages verts qui semblaient vivre - devenait, sous ma main qui en parcourait avec peine les pans immenses et lourds, une vitre épaisse, froide, lisse et dure, si dure – implacable. Ce n’était plus une étoffe, cela devenait… c’était un mur – de glace, de verre, de pierre, je ne sais pas, mais déjà cela avait grandi autour de moi comme une paroi sans issue.
Passer de l’autre côté… s’il était encore temps, passer… De toutes mes forces je me suis précipité. Passer de l’autre côté… il le fallait… mais mon corps si souple autrefois, mon corps harmonieux et délié, ce corps qui m’avait toujours si merveilleusement obéi était devenu… oh ! c’est affreux à dire… une sorte de pantin gourd, raide, à peine capable encore de se mouvoir. Je luttais pourtant. Je ne savais plus si je luttais contre le mur ou contre ma propre raideur mortelle. Mais ce que je savais, ce que je constatais avec une horreur sans nom, c’est qu’à mesure que je me démenais, que je combattais, que je voulais résister, je me … je me… défaisais… défaisais… Ma jambe gauche, la première, se perdit dans une brume spectrale, et mon visage… mes mains… oh ! je le sentais bien, qu’ils se défaisaient… qu’ils devenaient cette horreur au-delà de toute compréhension… chair en lambeaux, innommable… Il était trop tard… trop tard.
Mon ombre s’allongeait devant moi sur le mur, noire et moqueuse. Et mon corps séparé de lui-même, mon corps qui perdait sa substance luttait encore, vainement, absurdement, contre sa disparition inévitable, contre sa totale et certaine dissolution.
De l’autre côté du mur, je les entendais maintenant, murmurant, admirant, tous, le public, les danseurs de la troupe, le chef d’orchestre et les musiciens…
Tous me regardaient danser mon dernier ballet avec une attention, une fascination que jamais, jamais, dans aucun spectacle humain, je n’avais rencontrée.

 

Bientôt je tomberai, poussière épuisée, dans cet infini qu’on appelle néant.
Je suis la Mort, mais que c’est long, que c’est difficile, de mourir…

 

Carole

 

 

19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 17:27
Ah les salauds! Immense et rugueux celui-là, à croire qu'ils l'ont conçu pour qu'on n'ait aucun espoir de passer de l'autre côté.
Jusqu'à présent aucun ne me résistait... le dernier en date c'était celui qu'on sautait gaiement chaque soir avec les potes du 3ème bataillon pour aller voir les filles après le couvre-feu.
Je me souviens aussi de leurs petits seins et de leurs bavardages mais on se foutait de leurs chinoiseries; on n'était pas là pour parler et elles non plus.
J'ai beau pousser, ça bouge pas, c'est froid et ça a comme une âcre odeur de sueur de tous ceux qui ont dû pousser dessus avant moi.
"Hé toi!! Viens me faire la courte!"
Lui, on l'appelle le zombie. Il a son mur à lui dans sa tête, et qui l'empêche de voir celui-là. C'est pas lui qui m'aidera à passer de l'autre côté, là où l'air est pur et l'horizon infini. Va falloir que je me démerde tout seul, comme d'hab... enfin, autrefois y avait Bébert.
Bien avant ces murs et toutes ces conneries que j'ai pu faire pour passer le temps et qui m'ont mené ici, je grimpais sur celui de l'école communale avec mon pote Bébert.
Pour moi un pote c'était avant tout un gars qui pose pas de questions et qui a du souffle et des épaules solides pour la courte!
Le mur de parpaings nous séparait, nous les garçons de la cour des filles pour nous priver du spectacle de leurs nattes blondes et de leurs jambes nues qui tricotaient sur la marelle à nous en faire pleurer les mirettes... comme si c'était mal de regarder.
D'ailleurs les filles trouvaient pas ça mal sinon elles auraient moins ricané en se jetant des coups d'oeil.
Bien souvent on se retrouvait au piquet, le front baissé contre celui - gris et froid - du bureau de l'instit, à compter pendant une heure les lames du vieux parquet poussiéreux où s'aventurait parfois une fourmi inconsciente.
J'en ai écrasé des fourmis, plus par dépit que par méchanceté. J'ai jamais été méchant, un peu brutal mais pas méchant.
Ici, y a pas de fourmis mais des cafards et vu qu'ils sont plus nombreux que nous, on leur fout la paix. De toute façon on n'a plus de semelles à nos espadrilles.
Souvent je voudrais être l'un d'eux pour franchir le mur vers une autre vie, et je sais que même s'il y a pas de filles de l'autre côté, je serais sacrément heureux.
Cafard mais libre.
 
Vegas sur sarthe
19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 06:08

 

J'étouffe ! Je vais mourir ! Ils vont tous me rendre folle ! A quoi bon lutter?
Je n'en peux plus ! Aidez moi ! Je vous en prie ! Me laissez pas ! Pas comme ça !
Ils me disent folle ! Mais comment ne pas l'être ?! Donnez moi à boire ! J'ai soif ! Je vais mourir ! Aidez moi ! Ils m'ont dit : ne buvez plus ! Mais moi je ne suis bien que dans l'ivresse des verres qui défilent, des verres qui s'entrechoquent rythmant ainsi ma vie, lui donnant un nouveau sens, me rendant une belle énergie, perdue au fil des années...

Rendez moi ma liberté !
Je suis une femme, enfermée, alcoolique depuis des années...
Qu'est ce que ça peut bien foutre, que je boive toute la journée ?

Rendez moi ma liberté !
Mes enfants m'ont fait enfermée, mon mari a tout signé et validé.. Ils ont dit que je me mettais en danger.

Rendez moi ma liberté !
Laissez moi donc m'enivrer !
Je vais devenir folle, ainsi enfermée !
Je vois pas l'intérêt de me sevrer !
Je ne suis pas plus folle que les autres, errant dans une vie insensée...

Rendez moi ma liberté !

 

Yoon

18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 06:47

 

- Tu te souviens Marylou ?

- De quoi mon Julos ?

- Du jour où nous avons emménagé.

- Si je me souviens, penses-tu…il y a trente ans de cela !

- Allons, fais pas ton oublieuse ma poulette, ta crampe, tu te souviens de ta crampe ?

Moi, je m’en souviens comme si c’était hier…

 

""   

-Tu y es ?

- Ouais !

- A trois, on y va. Un, deux, t…

- Attends, j’ai une crampe !

- Une crampe ?

- Aie ! Au mollet droit ! Aie !

- Tends ta jambe, pose ton talon à terre… (cette fichue habitude de courir pieds nus... )

- Que grommelles-tu ?  

- Rien, mon chaton, ça va mieux ?

- M’ouais !… Oh ! Flûte !

- Quoi encore ?

- Mes mains… sur le mur… regarde…

- Ah ! Oui ! Bravo !

 

 ""

- Bravo ma Marylou ! Que voulais-tu que je te dise d’autre ? Un mur peint de la veille et l’empreinte de tes deux mains juste à l’endroit prévu pour notre lit.

- Quelle idée aussi de me faire empoigner cette vieille caisse pourrie !

- Caisse pourrie, caisse pourrie ! Une malle de l’armée US ? Un souvenir de mon père ? Une… une… relique de guerre remplie de souvenirs précieux ?

- Tu parles de souvenirs précieux ! Ils sont figés depuis trente ans au grenier, parce que tu te souviens, nous avons fini par le hisser au grenier ton trésor de guerre rouillé ?

- Si je me souviens… Ah ! ce fut notre première chamaillerie… Qu’est ce qu’il faisait chaud là-haut ce jour là…

Ouais ! Et neuf mois plus tard, ta fille était là !

 

- Tu dors Marylou ?

- Mmm !

- Dis-moi..

- Quoi encore ?

- Tu n’aurais pas une petite crampe ce soir ?

17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 22:11

 

Entre terreur et fureur,
J'ai rampé sur l’asphalte,
Mimant les araignées, les cafards, les limaces,
Tout ce qui n'est pas beau, tout ce qui leur fait peur,
Ne cherchant dans les regards éteints des passants moribonds,
Ni espoir ni même compassion.

Le monde est fou...

C'est une certitude que j'ai accaparé dans mes tripes et mon cœur et, singeant la délivrance, elle ricane dans mes veines démentes et battantes en lancinant des promesses inaccessibles de rêves et d'envol.

Contre le mur je me suis d'abord adossée, accroupie et j'ai enfoui la tête entre les mains pour pleurer de rage, de manque, de douleur.
Ensuite lorsque les larmes ont ramolli le sol, je me suis relevée d'un coup en virevoltant, pensant m'enfoncer six pieds sous terre et ne plus avoir mal de respirer cet air nauséabond et vide.
Mes pieds ont glissé et j'ai trébuché, le front contre le mur.
Cela a été un choc d'une violence indicible.
Ma tête s'est écrasée et je me suis vu perdre le sens commun.

J'ai eu froid...

Je crois que je me suis effritée comme la pierre calcaire d'un vieux village abandonné.
Je crois que je me suis éparpillée comme la poussière de la roche.
Je crois que j'ai disparu dans une érosion de sentiments funestes sans prendre le temps de sauter de la falaise.
Je crois que j’ai chuté dans un monde parallèle et vertical fait d'inhumanité.
Je crois que ça s'est passé comme ça et que personne ne l'a vu.

Le monde est fou...

J'ai fondu, lentement et en silence comme la poudre blanche d'un petit sachet qui s'égare dans l'eau...

Le mur, solide rempart invincible, a perdu lui aussi la raison du plus fort, qui n'est pas forcément la meilleure en ce monde, surtout les soirs de pleine lune quand la rumeur divague et fait perdre le Nord ...

Où suis-je ?
Un passant pourrait-il m'indiquer le chemin ?
Ou, avec une peine perdue d'avance et un désir inexistant, dois-je me laisser définitivement aller à la finale et dramatique danse macabre des désespérés ?

Annick SB

17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 20:56

 

Je ne pourrai pas à moi seul briser ce mur de silence. Si Dieu m’a donné d’aussi petits poings, si peu de vigueur physique pour combattre seul les forces du mal, c’est peut-être pour que je comprenne que sans l’aide et le soutien de quelques autres, je ne pourrai jamais franchir la porte, ni savoir ce qui se cache derrière ce putain de mur… Pas la peine de vouloir enfouir à six pieds du sol la dépouille de mes défuntes émotions, ou de mes espérances mortes, ni d’enterrer tout ce mal-être qui me poursuit depuis que je suis en âge de penser et de réfléchir sur ma triste condition d’Homme. Je suis resté trop longtemps enfermé entre ces murs sans me douter que le remède pouvait venir d’ailleurs que du tréfonds de moi. J’ai épuisé toutes mes ressources, mes mains, mes doigts, mes forces sont ensanglantées et je me retrouve exsangue, vidé de toutes mes sources de vie…

 

Je ne pourrai pas à moi seul briser cette chape qui m’étouffe et m’étrangle et me donne ce mal-être insoutenable qui m’oblige à me cacher, à me terrer, à me rayer de la société qui m’a si cruellement rejeté, ou que je n’ai pas su, au bon moment, comprendre ni intégrer. J’ai peur… j’ai peur de me voir jugé, moqué, désavoué, harcelé, incompris, rejeté… j’ai peur d’affronter chaque jour la dureté de cette vie impitoyable qui encense les riches, les beaux, les puissants, les nantis. Ecrase les faibles, les petits, les va-nu-pieds, les sans-abris…Je ne suis qu’un ver de terre bien enfoncé dans sa nuit, et je crie au secours pour que quelqu’un, un jour, enfin, entende mes cris. Réponde à mon appel.

 

J’ai peur du soleil, j’ai peur de ce grand jour qui vous juge, vous jauge, vous déshabille, met votre cœur à nu…Même si je me suis habitué, depuis tant d’années à mon ombre, à ce fac-similé d’homme que je suis depuis toujours, pourtant, de tout mon être, j’aspire encore à la lumière, je veux croire encore un peu à un monde plus pur, à un monde plus vrai, plus humain…

 

Je pourrai briser ces chaînes, me libérer de ces entraves, le jour où quelqu’un, peut-être le plus humble de tous les humbles, viendra me tendre la main et me tirera de ce mauvais pas, celui que je réitère chaque jour, rivé à ma douleur, plaqué contre mon mal de vivre, le nez collé à ce mur inébranlable qui suinte chaque jour davantage les miasmes de ma déchéance et les salpêtres de ma décomposition.

 

J’attends un homme, une femme qui ne me condamne pas, qui ne me domine pas, qui ne me conseille pas, qui ne me dirige pas ni me dicte mes actes. Qui ne me parle jamais, de mon passé.

 

Et qui ne s’érige pas, surtout, à mon égard, en protecteur, et encore moins en sauveur ou en conquérant.

Quelqu’un qui vienne à moi en ami, en frère, en égal, en homme libre, tout simplement.

 

cloclo

17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 17:28

 

Là, devant les murs
Où l’on tient à voir des portes
On risque ses pieds

 

Joye

17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 16:31

 

Laissez-moi sortir laissez-moi sortir j’entends la musique dehors il y a un fifre un tambourin un fifre au pas dansant je peux danser je sais encore je sais danser laissez-moi sortir je sens la mer je l’ai sur la langue le sel de la mer laissez-moi sortir trop de bruit trop de bruit trop de voix trop trop j’ai besoin d’air de l’air frais il passe à travers la fissure il y a de l’air frais dehors je le sais laissez-moi sortir par pitié je serai sage je promets laissez-moi...

laissez-moi sortir de ma tête avant qu’elle explose

 

Emma

16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 20:00

 

Avec sa foi

Montagnes il déplaça

Maintes fois

Un matin

Il la perdit

Et ses poings

Eurent beau

Cogner le mur

Crescendo

Il s'y brisa les phalanges

A la brutalité

Que rien n'arrange

Bulle ébène

Que cette déprime

Qui le malmène

Ame vide

Fronce le coeur

De rides

La croyance

Aide à vivre

Fais violence

Mon frère

Sur toi-même

Brise cette sphère

Qui t'emprisonne

Toi seul

Mieux que personne

Trouvera en toi

La pierre

Qui la brisera...


jill bill

16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 18:28


Un mur à droite, un mur à gauche, des grilles derrière, prisonnier dans la cage, prisonnier dans la tête mais ne pas avoir peur et avancer, avancer toujours vers le mur... devant.

Ne pas reculer dans la vie comme dans ses idées et avancer encore et encore. Faire front au mur, faire front aux dictateurs. Pousser le mur ou alors l'épouser pour ne faire qu'un. Être le mur qui apportera la liberté, le mur du silence, le mur de la honte, le mur du salon, le mur invisible qui agresse ou protège de toutes les horreurs du monde. Avancer encore et toujours sans peur, sans regrets, sans remord. Avancer car sinon, c'est la mort du petit bon-homme.
Des murs, encore des murs toujours des murs mais lui, il est libre, les murs de sa tête se sont écroulés.

 

Aimela

16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 14:49


"C'était le temps où les mots étaient magiques
L'esprit humain avait un pouvoir mystérieux
Un mot dit par hasard
Pouvait avoir d'étranges conséquences
S'il devenait soudain vivant.
Et ce que les gens voulaient, pouvait arriver
Tout ce qu'il fallait faire
C'était dire le mot
Personne ne pouvait expliquer ça
C'était comme ça"

Chant touareg


Peut-être ai-je besoin
Du mot orange
Pour entendre galoper les chevaux au lointain des steppes

Résonner les traîneaux de pluie
Les yeux éclaboussés de soleil
Aux confins d'une enfance...

Il y a toujours un homme, une femme derrière un poème. On l'oublie trop souvent.
Un homme, une femme derrière ses mots, un acte derrière une parole.
J'ai toujours craint la contradiction entre la vie et l'écriture; à la limite, écrire, c'est détourner la vie par les mots qui empêchent les rivières de couler, l'air de monter et le sang de nous réchauffer. Assis à nos tables, la vie file et ne nous attend plus. Et, pourtant, il faut en passer par là, pour que la vie en nous prenne du sens.
Il faut la retenir, la regarder par l'écriture, les yeux dans les yeux. Il faut par le langage la vérifier, peser son poids de vérité, au prix parfois de l'incompréhension des autres qui lisent notre présence au monde par une absence à leurs jours.

Tout ce que nous entreprenons s'incarne par des noms, des verbes.
Si je ne nomme pas, je ne sais pas.
Les noms deviennent des "noms propres" qui montent du corps au coeur et du coeur à la tête.
Il est vrai que les poèmes n'arrivent pas toujours dans la bonne boîte aux lettres et il arrive qu'une image attende son poème plusieurs années.

Il arrive que le poème se construise malgré lui autour de cette image endormie.
Il arrive que cette image se réveille un jour où le corps, l'âme et l'esprit au mieux de leur forme se démultiplient à l'infini; le corps penché sur la table comme le coureur cycliste penché sur lui-même avant le départ, l'esprit traversé d'est en ouest, du nord au sud par les lumières du dehors et l'âme portée par le sang jusqu'au cerveau frappent à la porte du bulbe et l'ouvre.
Il arrive le jour, où le désir de ces images est de traverser le poème; tant qu'il n'est pas écrit, il est parfait.

Il pleut orange
Les paroles tombent et s'installent sur la page qu'en silence
elles traduisent
Un pied sur la terre du monde
Un autre sur la table du ciel
J'apprends à marcher
Voyelle contre consonne
Adjectif contre nom
Et le verbe pour tenir le tout
Et le verbe pour tenir debout.

 

Agnès

14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 20:45

 

Mon ami.
Mon amour.
Mon âme.

La bleue
pour nos larmes,
La jaune
pour notre chaleur,
Le rouge
pour nos charmes,
L'orange
pour notre fraîcheur,
Le vert
pour rester jeune,
Les brins
pour tout le fun.

Ce bouquet,
il est à nous,
symbole de
ce qui nous noue.

Je te le tends
comme ça,
pour encore sentir la peau
de tes doigts
contre la mienne.

Mon ami.
Mon amour.
Mon âme.

 

Joye

13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 07:17

 

Ils sont sortis très tôt
Dans l’œil, un air coquin
Armés de petits ciseaux
Pour commettre leur larcin

Sur la table au repas du matin
Un bouquet de fleurs des champs
Liées d’un ruban de satin
Cadeau des enfants

Fleurs à la vie éphémère
Au parfum souvent douteux
Vous m’êtes plus chères
Qu’un bijou précieux

 

Solange

10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 18:41

 

La brise s'est levée en début de matinée.
Les pétales s'envolent et viennent former un tapis de neige étoilée au pied de l'écorce.
Je prends une photo.

Avril est beau...

Un parfum délicat s'évapore en gouttelettes invisibles et magiques et transforme l'air en saveurs subtiles.
J'ouvre la bouche. 
Les souvenirs accourent.

Le souffle devient vie.

Le pistil se meut, s'envole, tourbillonne, saisit l'air dans les espérances du recommencement.
L'attente saisonnière du renouveau m'émeut toujours.

J'inspire profondément ; c'est le printemps...

J'aime les fleurs des arbres, les fleurs des champs.

J'aime leur fragilité qui me rappelle la vague, la chevelure, la soie, le temps qui passe sans fin et qui pourtant revient, effiloché, dans l'éternité d'esprit de la Nature.

J'aime les fleurs,
leur légèreté, leur silence,
leurs pièges graciles,
leurs nids douillets,

leurs cœurs,

leurs teintes nobles et extravagantes,
quelques sauvageries enfouies sous la couleur, traquant les insectes, piquant les promeneurs et l'attente du rien qui rend leur beauté encore plus simple.

J'aime ce que les fleurs ne me disent jamais et ce que j'imagine de leurs savantes gestuelles.

                     ...

                     oscillation au vent
                     tremblement sous la pluie
                     inclinaison à la nuit tombée
                     délicatesse dans l'infinité terrifiante du monde
                     recommencement éternel

                     ...

J'aime le cadeau du renouveau,  la place hasardeuse,  la multiplicité de textures, couleurs, verdures...
J'aime la diversité, le mélange des bouquets,
et même l'harmonie heurtée parfois dans des assemblages de couronnes tristes.

J'aime l'offrande,
le sacré de la pensée en velours,
la simplicité d'un bouton de rose qui attend,
la majesté des lys fiers et entêtants,
la vivacité d'un pois de senteur grimpant qui ne demande qu'à être humé,
d'un coquelicot qui lui, même flétri, respire la fierté d'une pause picturale,
et la senteur intangible des violettes des bois, ceux où nous nous promenions main dans la main jadis.


Annick SB

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