Entourée de mes compagnes
Je scintille
Je pétille
Je suis la reine d'un jour.
Arc-en-ciel
En paillette
En dentelle
De perles et de soie
Je me vêts...
Frimousse
Trémousse
Au son des tambourins
…
Les Batuqueiros enchainent la samba
Le Cavaquihno endiable mes chevilles.
Tape tape la danse,
Claquent, claquent les mains
De lumière et de joie
Je m'habille
Mais qui suis-je ?
Qui tu es ?
Répondit Conscience.
M'écouteras-tu seulement ?
Tu passes des plumes
Au voile,
Du rire aux larmes
De la joie à la peur
De la vie à la mort.
Où vas-tu femme ?
Que fais-tu ?
Tu danses...
Juchée sur des talons fragiles.
Couverte de paillettes et d'azur
Tu te caches si peu...
Prends garde de tomber.
Christiane
A partir de Quand
Connaitrai-je mon à-VENIR?
En Fait, je ne le connaîtrai qu'en le vivant
MAIS SI savoir VENIR de là-bas me permettait d'y Partir l'esprit libre
Verser finalement mes cris mes larmes pour Mieux Revenir
Juste avant de Partir for the dernière fois d'une violente crise de foi
Je Pourrais Mieux, à partir de CE instant là, apprécier ma vie
Et je saurai AINSI Que je suis Toujours en vie
Fait Que je Peux Toujours Avoir envie de Partir Ou de Fort rester.
J'etais là à soliloquer bêtement sur le trottoir,
Quand Une force invisible M'a fait levier sur les yeux au ciel.
Et J'ai vu this enseigne.
Je Vois: Sara voyante, très clairement Écrit là-haut
Je Vois ça rarement par ici
Je Vois Sara re ment
Sara ment à nouveau?
Non, Sara voyante
Voyante? Voilà pourquoi J'ai vu
CELA clairement dans Le Ciel Bleu?
Clairvoyance de Sara
JE Vois JE Vois also, l'as de pique
J'aurais aimé Mieux L'As de trèfle
Quand j'étais sorcière L'As de trèfle c'était celui Qui représentait la Possibilité,
la bonne fortune, la Réussite et Quand je le présentais à Quelqu'un,
CE Quelqu'un repartait AVEC le sourire et son nouveau destin sous le bras :
un destin Où IL Avait-Toutes les chances de centime de Côté et Où Les Il Etait certains d'Etre de l'Onu (Organisme des Nageuses Universelles)
en Tantatrices DANS N'importe Quelle entreprise.
MAIS ici je ne Vois Pas l'as de trèfle,
Vois Comme j'le pique ... bizarre bizarre
Je mets CET As de pique DANS MA tête de "soliloqueuse" invétérée,
et de sorcière bien aimée et de résidente à l'ONU et je me pince le nez.
Je me pince le nez Tout simplement Parce Que je suis juste à Côté D'Une poubelle
et au Québec Vraiment l'odeur Est fort désagréable.
Le nez malmené AINSI JE continuateur à Regarder this enseigne.
L'as de cœur, ah! Ça, vraiment ça me plait!
Le Coeur S'est ma passion.
Maïs non cas nine de rien, je ne suis ni cardiologue ni chirurgien dentiste
je suis sorcière à la retraite.
Quand je présentais This carte à l'ONU patient,
Les Impatients n'ont Jamais Été mes amis,
ILS TOUJOURS courent âpres Le Temps Et Moi Le Temps JE LE prends.
Fait, Quand je présentais this page to a friend patients of carte de l'ONU
s'il la prenait AVEC SA principale droite il repartait
Avec, sous tif Soutiens-gorge, de la joie,
Une invitation à Une soirée, Une belle visite de fils de DANS foyer serein.
Inutile de Vous Dire Que mon patient, partait
AVEC le sourire et le cœur léger.
MAIS S'IL prenait la carte à l'envers, dans Le mauvais sens quoi!
C'en dessus dessous, Sens-Dessus-Dessous ...
Vous ne comprenez pas? Alors sans dessus dessous ça vous va?
Fait de ça, s'il prenait à l'envers cet As de coeur, IL lui AVOIR QUELQUES Petites contrariétés, Un Peu Moins de Bonnes Nouvelles et le bonheur Prévu fils dans son foyer logement serait visites supprimées ou atténuées.
MAIS JE NE Lui racontais Pas Tout CELA et il repartait Contenu, con tant il était perdu.
Ah! Voilà l'as de pique qui bouge et qui-me pique et pique et colegram ... dans La Tête.
Tête à poux
Je Relève les yeux et je Vois là-haut
L'As de pique à la droite de l'As de Coeur,
Alors ça Veut dire au Québec chez Sara il y aura Une bonne surprise.
Celui qui est à la droite du chef est l’indien du paradis.
Quoi? Ah je vous entends marmonner les hommes Iro quoi?
Nique de sur, croit
l'as de pique Pas N'Est pas à la droite de l'As de coeur,
il a intérêt être à sa gauche, pour faire rentrer le flouz, les pépettes le beurre dans les épinards.
Oh, la la J'AI BEAU Être une sorcière de l'ONU La Retraite, je suis une femme et Bien c'est vous les nains nippons qui Dites Qué Les Femmes ni lires ni dollards n'ont et Pas savent Les cartes lire qu'elles Sont Toujours avec les Créanciers à les Verser et TOURNER SANS savoir Quel Sens Il Faut Avancer?
Et D'Ailleurs DEPUIS Vous AVEZ UN GPS un Grand Poils Sensible AVEC Tous
Une belle voix de femme qui-Vous dit de Tourner à droite au Moins Cinq fois versez Qué Vous ne Vous trompiez pas!
Et elle tourne qué bien septante fois la langue dans sa bouche d'égou tsé bien qu'c'est vrai tsé!
Alors les hommes silence! Oui CETTE conne, Comme l'as de pique Est à gauche de l'As de coeur et là ...Malheur!
La terre va trembler, Le Monde va se lézarder et Nous Risquons de tomber dans Le néant.
Plus de nouveau monde quant à l'ancien, patatras il va lui aussi sombrer dans l'océan.
Et tout autour les indiens d'Amérique feront la ronde avec leur tomawak et les impalas d'Afrique mangerons les frites des chtimis!
Et les plumes voleront sans pouvoir plus écrire que du vent
C'EST CE, oui oui Juste un moment là
Que les éboueurs ne passent, sont passés par là, comme le furet PRIX la poubelle à l'odeur fort désagréable et m'ont Prix aussi pour RIEN, ont acceptés en croyant et priant Que j'étais un vieil épouvantail bon à jeter aux objets à recycler.
Et là-bas ILS Ont le fiel fort, ILS m'ont recyclé en meurtrière à la libération conditionnelle, en minuscule fenêtre sur courte patte et DEPUIS JE SUIS DANS, coincée à l'ONU sacré Ordinateur Nul Ubuesque
Un gros truc Qu'on Appelle monde virtuel Où personne ne se connait Mais où Tout le Monde fait le semblant aimer et de cette acceptation laisse pisser les moutons et laisse la liberté de Circuler des déesses à maux trop beaux
Et des mots croyez-moi j'en ai à l'ONU un paquet à Leur Donner.
Des confettis Clôture fermeture de Toutes Les Couleurs
Des Milliers de petits flacons Dans ma bouteille ronde Où je suis assise à soliloquer sur mon banc.
This boule bouteille Il Faut secouer le névée pour voir tomber la neige.
La neige du kili mange d’jaro sans le réchauffer
Des lettres de clôture, des lettres de rupture des lettres craquelures sans enluminures.
Des Milliers de consonnes et voyelles
Que same Laurent Romejko en perdrait son fils latin, celui qu'il a eu avec Carla.
J'ai Entendu dire Dans Les couloirs Virtuels qu'ils en avaient marre de mes pas maux,
je m'en servais Que N'importe comment et jamais avec le bon, né sciant les bois de la forêt Canadienne.
ILS Ont Je Croix, croix de bois croix de fer bien envie de me recycler en sirène et de me balancer au fin fond de L'océan pacifique qui ne fait plus guère la guerre mais qui garde en otage les nec plus ultra, coulés du net et de façon nette ne plus entendre Parler de moi.
En attendant moi, je ne suis Jamais montée chez madame Sara, Alors, la voyante, si Vous la VOYEZ, Dites Lui d'être échangeur de mon destin.
Merci à tous.
PS. Mais vous savez tous maintenant, que ce récit n’était qu’un rêve et que depuis j’ai vu Madame Sara et que tout va bien.
Jamadrou
Ne cherchez pas Madame Sara dans les petites annonces des clair-voyants, mentalistes, tarologues, mediums, visuels, auditifs, et autres marabouts désenvoûteurs.
Ne croyez pas que vous la verrez officier dans des stands de foire en oripeaux bariolés.
N'attendez pas d'elle des promesses photocopiées dans votre boite à lettres "Madame Sara mettra un terme aux chaîne qui vous plongent dans l’échec dans votre vie et vous ramené dans l’équilibre. "*
Elle, c'est la quintessence de la Voyance.
Au 7 de l'avenue Allan Kardec, dans l'entrée de marbre noir du très chic immeuble 18e où elle professe, une plaque de cuivre indique sobrement : "Sara Delaunay", parmi celles de médecins et avocats étalant titres et spécialités.
Catherine Michalon a choisi Delaunay comme nom professionnel, en raison de son élégante ambiguïté aristocratique, sans toutefois tomber dans l'ostentation de la particule ; quant à Sara, c'est bien la seule concession qu'elle fasse à un léger mystère ésotérique.
Elle vous reçoit en tailleur gris perle et chemisier de soie ivoire, dans un salon classieux : moquette beige, murs blancs, bois blond, verre et cuir blanc.
Seule une boule de cristal, (à laquelle elle ne touche jamais), posée sur un haut piédestal noir et savamment éclairée par une des appliques art déco, rappelle avec malice pourquoi vous êtes là, une fois qu'un fauteuil de cuir blanc vous a happé, face à celui, situé à contre-jour, où Sara prend place. Seul autre ornement de la pièce, un grand tableau de Tamara de Lempicka, situé sur le mur opposé, représente une robuste teutonne dans les tons brun et vert de gris.
Dans le visage lisse de Sara encadré par un impeccable carré châtain, on ne voit que son regard magnétique, d'un bleu-gris intense, qui semble vous percer jusqu'à l'âme.
Mais elle sait admirablement mettre à l'aise les clients rongés par l'anxiété, l'avidité, la jalousie ou la culpabilité : ses manières sont élégantes et raffinées, mais en aucun cas hautaines.
D'une voix calme et étale elle devine et analyse chaque situation avec une incroyable justesse et ses conseils se révèlent toujours excellents.
A l'époux volage, elle recommande plus de prudence dans ses vies parallèles, sous peine d'être privé à court terme de la fortune de son actuelle légitime ; à la légitime elle chuchote des recettes très intimes capables d'assurer l'attachement de l'époux volage (éventuellement le sien). Elle sait prédire qu'il faut au plus vite vendre les Suez, mais surtout pas la maison du grand-père. Elle pourrait même préciser, si elle ne jugeait opportun de garder ce flash pour une autre occasion, que cette maison est scandaleusement sous-évaluée par le notaire qui la convoite pour le compte de celle qu'il appelle sa nièce. Elle met en garde contre son entourage le candidat à la députation parce qu'elle a la vision très nette de courriers anonymes dans la boite à lettres du commissariat…
Bref, elle mérite amplement les honoraires, plus que coquets, qu'elle reçoit, toujours en liquide, avec la plus grande simplicité.
Sa journée terminée, elle passe dans la salle de bains attenante, enlève les lentilles de contact bleues posées sur ses prunelles chocolat, sa perruque châtain, et secoue avec volupté ses boucles brunes. Enfin elle accroche soigneusement son tailleur de grande marque dans la penderie où elle prend un jean qu'elle enfile avec une chemise rose, et échange ses escarpins contre des baskets.
Ainsi redevenue Catherine, elle quitte son bureau le plus discrètement du monde, puisqu'elle est seule à occuper l'étage, et quitte l'immeuble par la sortie de derrière qui donne sur une ruelle piétonne.
Elle ne craint pas d'être reconnue ; si elle avait dû l'être, ce serait fait depuis longtemps puisqu'elle compte dans sa clientèle actuelle plus d'une relation de sa précédente carrière, lorsqu'elle était Katia, l'une des hôtesses les plus distinguées de Madame Svletana.
Elle, au contraire, a gardé d'eux des souvenirs très précis qui confèrent à ses prédictions une acuité diabolique.
Maintenant qu'elle est retraitée de la galanterie, elle habite sur le quai une jolie villa d'où elle peut voir passer les péniches, et vers laquelle elle se dirige présentement à grands pas, profitant de cette douce fin d'après-midi, pressée de retrouver Galaad, son épagneul doré, et .la volière de perroquets verts que Svletana lui a léguée quand elle a dû repasser précipitamment la frontière..
De l'époque slave elle a conservé trois "réguliers", comme on dirait dans un roman de Simenon, peu encombrants puisque, en raison de leurs obligations professionnelles et familiales, ils ne viennent qu'un jour par mois ; chacun ignore, non l'existence des deux autres, la ville est si petite, mais leur statut de concurrent.
Ce sont Jacques Lefranc, un avocat octogénaire toujours vert et disert, le Commissaire Grosset, et Maitre Rapinat, notaire. (il y a toujours un notaire dans les romans de Simenon, alors qu'on peut déplorer que leur cote ait beaucoup baissé à notre époque de courses poursuites et autres cascades).
Ces "réguliers" qui ont connu Katia fringante dominatrice aux tresses blondes en couronne, ne sont pas mécontents que Catherine leur offre maintenant un accueil bourgeois et presque conjugal qui sied mieux à leur forme actuelle.
Elle sait en particulier les écouter pendant des heures, et, ce qui les change agréablement de leurs épouses, elle s'intéresse beaucoup à leurs activités professionnelles : ils se connaissent depuis si longtemps qu'ils se sentent parfaitement en confiance avec elle.
Depuis quelque temps, toutefois, pour mettre à jour ses petits carnets noirs, elle fait moins confiance à sa mémoire, et elle utilise une ces petites merveilles de la technologie, un magnétophone miniature de haute définition enchâssé dans le pied de la lampe de chevet.
Emma
Mais allons voir Sara la voyante
on dit qu’elle a des pouvoirs
des dons des preuves surprenantes
des cartes remplies d’espoir
La Vie c’est un jeu de hasard
as de cœur ou as de pique
sur le Temps ne prenons pas de retard
à la Nuit faisons encore la nique
Ouvre vite la porte du Bonheur
qu’importe la couleur des tarots
c’est l’as de pique l’as de cœur
sur la douleur elle posera un garrot
Coincé dans sa boule de cristal
tel un benêt dans un bocal
Toi tu mangerais dans sa main
pour connaître ton destin
On lui réclamera de l’Avenir
tu sais ces mots en devenir
ces infinies caresses à l’âme
bien loin de tous nos drames
Ce n’est qu’une illusionniste
une dompteuse une instrumentaliste
elle va engloutir tes derniers billets
avec ses visions elle saura te piller
Elle a peut-être quelques potions
des philtres, des messes, des incantations
des prières qui riment avec toujours
pour faire revenir mon tendre Amour
Ne te pends pas à cette enseigne
même si aujourd’hui ton cœur saigne
N’entre pas dans ses yeux de sorcière
viens reflet allons écluser quelques bières.
Pascal.
Sara avait vu au premier coup d’œil que cet homme n’était pas un consultant comme les autres. Les cartes avaient confirmé ce que son sens inné lui révélait, l’homme s’intéressait à elle et uniquement à elle. Intriguée bien que flattée, Sara avait savamment aiguillé la conversation.
- Vous allez rencontrer une femme… peut-être l’avez-vous déjà croisée ?
L’homme n’avait pu retenir un sourire que Sara avait feint d’ignorer tout en continuant de décrypter les cartes.
- Je vois un endroit lumineux, un univers de communication et… et cette femme… vous…vous n’en êtes pas amoureux…
Le regard de Sara avait plongé dans celui de l’homme. Ni l’un, ni l’autre n’avait cillé.
- Que me voulez-vous ?
La voix était neutre, professionnelle cachant le trouble de la voyante.
- Vous convaincre d’abandonner vos rendez-vous et d’offrir chaque soir votre don de voyance aux téléspectateurs.
Fini le minuscule salon dans l’arrière-cour, finis les toussotements nerveux ou impatients parvenant du couloir où quelques chaises et un guéridon bancal faisaient office de salle d’attente, finies aussi les fins de mois difficiles. Depuis deux ans Sara, tenait la vedette de la chaîne "Voyance et Vous" A ses côtés, l’homme l’assistait, lui servait de faire valoir tout en faisant patienter les appelants toujours plus nombreux. Certains, sans pudeur, s’accrochaient, voulaient constamment être rassurés… il m’aime encore ? … quand reviendra-t-elle ? … et le petit, il va guérir ? … Maman est-elle vraiment ma mère ? …. dois-je déménager ? … il m’a jeté un sort, j’en suis certaine…
Les soirs s’enchaînaient à d’autres soirs ; les spots éblouissants et le maquillage forcé donnaient bonne mine à Sara. "Voyance et vous" se portait de mieux en mieux, l’audience battait des records et les actionnaires se congratulaient de vivre sous une si bonne étoile. Seule Sara dépérissait… Pour sortir en ville elle devait porter une perruque et se vêtir de manière banale afin de ne pas être sans cesse apostrophée par des gens qui la reconnaissaient et la harcelaient de questions. Bien que vivant désormais dans un appartement cossu, elle déprimait d’avoir perdu son âme.
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Le fond d’une arrière-cour aux murs de briques blanches, une enseigne peinte à la main, des personnes à aider dans un face à face vivant et naturel, les cartes n’avaient pas menti, la sérénité était là, à portée de main et Madame Sara, pour son plus grand bonheur, avait tenu compte du message.
Mony
Sara, voyante aux yeux vairons
Dit le passé, ou l'avenir.
Des peines de cœur au sourire,
Ou le destin, sombre luron.
Nounedeb
Je m’appelle Sara, enfin Soso la bigleuse pour ceux qui m’ont connu avant, quand je faisais la manche métro Belleville entre Jojo la Canne et la grande Vénus de Milo. Ah ! On faisait un beau trio tous les trois ! Un boiteux, une manchote et une aveugle. Oui, a parce que je ne vous ai pas dit encore : je suis quasiment aveugle de naissance, je suis née dans une famille sans ressources, mon père me battait et ma mère faisait le trottoir. Alors à l’âge de 15 ans, j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie à l’aventure. Oh ! Je n’ai pas fait beaucoup de chemin entre notre pauvre taudis et la bouche de métro. En ce temps-là, j’étais plutôt mignonne et j’ai failli cent fois être la proie d’hommes d’affaires avides de sexe ou de macs intéressés par l’argent que je pourrais leur rapporter. Mais j’ai su résister, surtout grâce à Jojo, qui, malgré son handicap, savait user de son direct du gauche comme personne et à Vénus et à ses gros souliers cloutés qui ont troué, croyez-moi, plus d’une bedaine.
On était bien tous les trois, à part en hiver quand la température descendait en dessous de zéro et que le blizzard s’engouffrait dans les escaliers du métro. Alors, on se serrait bien fort l’un contre l’autre et on attendait que ça passe. Pour passer le temps, on jouait souvent aux cartes. J’utilisais le peu de vue qui me restait pour distinguer le rouge du noir, le cœur du pique, le trèfle du carreau. J’étais devenue championne à la belote et même à la manille et au rami. J’aurais bien aimé les tarots, mais le jeu coûtait cher et on n’avait pas les moyens d’en acheter un. Il fallait becqueter d’abord et aussi se baquer, c’est ce qui me coûtait le plus, ces odeurs de crasse et de renfermé puant. Quand on le pouvait, on allait se laver la nuit dans les fontaines de la ville, si belles à regarder le jour, mais si froides quand on s’y plonge en entier !
On a vécu comme ça plusieurs années, et puis Jojo nous a quittées, victime d’une pneumopathie foudroyante. Ah ! Ce qu’on a chialé, Vénus et moi, on était inconsolables. On a changé de métro pour essayer d’oublier, mais devant l’agressivité de certains collègues qui nous accusaient de violation de domicile, on a dû retourner d’où on venait. Ca aurait pu durer longtemps encore si un jour, je n’avais vu se planter devant moi un beau Monsieur très chic, bien habillé, qui voulait tout savoir de moi, depuis quand et pourquoi j’étais là, et patati et patata, que je méritais mieux que cet endroit sordide qui finirait un jour par avoir ma peau. Il me proposa d’aller boire un verre, puis de me conduire chez lui pour une toilette complète. Là , je fis la connaissance d’une dame très charmante, qui devait être sa femme, puis il m’offrit des vêtements neufs, un bon repas et un verre de vin qui, pour une fois, ne sentait pas la piquette. J’appris par la suite que son métier, c’était pasteur et qu’il sauvait ainsi des gens de la misère. Puis il m’emmena chez le toubib pour m’acheter des lunettes. Ce fut pour moi comme une révélation. Je vis le monde comme jamais je ne l’aurais imaginé. J’aurais voulu sauter à son cou pour l’embrasser, mais je n’ai pas osé. J’appartenais dorénavant au monde des civilisés.
Quand vint le problème épineux de mon avenir, il m’interrogea sur ce que je savais faire, je répondis : juste jouer aux cartes. Et c’est ainsi que, m’ayant fourni de nombreux livres sur le métier de cartomancienne, je décidai d’ouvrir cette petite enseigne où je reçois désormais les personnes avides de connaître leur sort. C’est vrai, je n’y crois pas beaucoup, mais cela me permet au moins de survivre. Monsieur Louvain m’aide à payer mon loyer quand les affaires ne tournent pas très bien, mais je ne me plains pas, les gens ont besoin, par les temps qui courent, d’être fixés sur leur sort, j’essaie de les satisfaire en leur annonçant surtout de bonnes nouvelles. C’est peut-être déloyal, mais au moins, ça leur fait du bien. C’est déjà ça.
Voilà, si vous voulez venir me trouver, rendez-vous au 7, rue de la paix, c’est là que se trouve mon enseigne à l’emblème du cœur et du pique . Mais surtout, gardez pour vous ce que je viens de vous raconter. Soso la bigleuse n’existe plus, elle est morte, elle est guérie, il ne reste plus que SARA, la belle SARA, la plus GRANDE VOYANTE de Paris. Alors, à bientôt peut-être, je compte sur votre visite.
Cloclo
Madame Sara c’est moi
J’ai choisi ce nom car des « Irma » il y en a.
Pour ma première journée je suis un peu stressée,
On m’a dit pas de panique ce n’est pas compliqué
Il y a juste à observer
D’abord faire attendre les clients et les regarder
J’appelle la première elle me parait fatiguée
Je lui dis le regard inspiré
Madame vous venez me consulter
Pour votre santé
Elle tremble et pâlit, je suis bien tombée
Votre traitement il ne faut pas l’abandonner
Votre médecin va vous sauver
Elle semble étonnée
La voilà rassurée
Souriante elle est partie
Ma première consultation est réussie
Josette
V ivre dans la boule de cristal
O eil rivé sur un avenir banal
Y deviner toutes sortes de vies
A mours attendues et infinies
N oires et funestes prédictions
T raquer l’improbable guérison
E nsorcelant dans un souffle de mystères
Jaclyn O’Léum
Madame Sara pratiquait la voyance dichotomique.
C’était soit cœur, soit pique et quel malheur quand ce n’était pas cœur !
Un matin de grand désespoir, je décide, après une nuit blanche comme neige, d’aller surprendre et saisir mon avenir chez Madame Sara qui a pignon sur rue quelque part dans la ville.
Pas de rendez vous téléphonique, jamais.
C’est le bouche à oreille qui nous donne le la.
On s’y rend comme ça, sur un coup de tête que l’on regrettera, ou pas.
Dans la salle d’attente d’autres cernes patientent.
Les doigts se tordent, les soupirs pleuvent.
C’est long…
Parfois certains sursautent et sortent sans mot dire par la porte…
Moi, je n’ai pas le courage de faire marche arrière, alors j’attends.
Je sais qu’elle ne lira nada dans le marc de kawa, qu’elle ne fera tourner aucune chaîne sous mon nez, ni ne regardera dans une sphère dorée.
Mais j’attends, épuisée…
La solution miracle va peut-être arriver.
Je me rends au hasard, je me rends à la Vie, à l’ensemble des espoirs perdus qui font ce que je suis.
C’est à moi ; elle me désigne d’un geste de doigt.
J’entre à petits pas dans la salle, regard perdu et souffle court.
Je m’assoie.
Sur le guéridon, deux choix ; ni plus ni moins.
Deux cartes à retourner.
Hésitation, tremblement, vertige, soupir…
Madame Sara pratique la voyance dichotomique.
C’est soit cœur, soit pique et quel malheur quand ce n’est pas cœur !
Tout à coup, j’ai très peur…
Annick SB
A partir de quoi, à partir de quand, connaîtrai-je mon "à-venir" ? En fait, je ne le connaîtrai qu’en le vivant. Mais si, connaître l’avenir me permettait d’y partir l’esprit libre, je pourrais mieux, à partir de ce moment là, apprécier ma vie car je saurais que je suis toujours en vie. Et je pourrais choisir : avoir envie de partir ou avoir envie de rester.
J’étais là à soliloquer bêtement sur le trottoir, quand une force invisible m’a fait lever les yeux au ciel.
Et j’ai vu cette enseigne : Sara voyante, le tout très clairement écrit là-haut. Je vois ça rarement par ici Je vois Sara …re… ment ? Tiens c’est étrange ce que j’écris. Est-ce que Sara ment ? Non, Sara est voyante. Voyante ? Voilà pourquoi j’ai vu cela clairement dans le ciel bleu ?
Clairvoyance de Sara.
Je vois, je vois aussi un as de pique ; j’aurais mieux aimé voir un as de trèfle. Pourquoi ? Parce que, quand j’étais sorcière l’as de trèfle représentait la chance, la bonne fortune, la réussite et quand je le présentais à quelqu’un ce quelqu’un repartait avec le sourire et son nouveau destin sous le bras : un destin où il avait toutes les chances de son côté et où il était certain d’être un as dans n’importe quelle entreprise. Mais ici, ce n’est pas l’as de trèfle que je vois mais l’as de pique…bizarre bizarre.
Je laisse cette as de pique dans ma tête, dans mes idées de « soliloqueuse » invétérée et de sorcière bien aimée et je me pince le nez. Je me pince le nez tout simplement parce que je suis juste à côté d’une poubelle et que vraiment l’odeur est fort désagréable. Le nez ainsi malmené je continue à regarder cette enseigne. Je vois aussi l’as de cœur et lui, vraiment il me plaît. Le cœur c’est ma passion. Non je ne suis pas cardiologue ni chirurgien du cœur, je suis sorcière à la retraite. Quand je présentais cette carte à un patient, les impatients n’ont jamais été mes amis car ils courent toujours après le temps et moi le temps je le prends. Donc quand je présentais cette carte à un ami patient, s’il la prenait avec sa main droite il repartait avec, sous son bras, de la joie, une invitation à une soirée et la promesse d’une belle visite dans son foyer serein le lendemain matin. Inutile de vous dire que mon patient repartait avec le sourire et le cœur léger. Mais s’il prenait la carte à l’envers, dans le mauvais sens quoi ! C’en dessus dessous, sens-dessus-dessous…vous ne comprenez pas ? Alors sans dessus dessous est-ce plus correct ainsi ? Donc s’il prenait à l’envers cet as de cœur, il aurait quelques petites contrariétés, un peu moins de bonnes nouvelles et le bonheur prévu dans son foyer serait atténué. Mais je ne lui racontais pas tout, ainsi il repartait malgré tout content. Ah ! Voilà que l’as de pique se rappelle à ma mémoire et me pique et pique et col gram…dans la tête. Alors, je relève les yeux et je vois là-haut l’as de pique à la droite de l’as de cœur, alors ça laisse présager que chez Sara il devrait y avoir une bonne surprise. Mais, les hommes je vous entends marmonner : « là-haut, l’as de pique n’est pas à la droite de l’as de cœur, il est à sa gauche ! » Oh, la la, j’ai beau être une sorcière à la retraite, je suis une femme et c’est bien vous, les hommes qui dites que les femmes ne savent pas lire les cartes, qu’elle sont toujours obligées de les tourner pour savoir dans quel sens il faut avancer ? Et d’ailleurs depuis, vous avez tous un GPS avec une belle voix de femme qui vous dit de tourner à droite au moins cinq fois, pour que vous ne vous trompiez pas ! Alors les hommes silence ! Mais en effet, cet as de pique est bien à gauche de l’as de cœur et là, ça laisse présager de grands malheurs.
La terre va trembler, le monde va se lézarder et nous risquons tous de sombrer dans le néant.
C’est juste à ce moment précis que les éboueurs sont passés par là, on prit la poubelle à l’odeur fort désagréable et m’ont pris avec, croyant que j’étais un vieil épouvantail bon à jeter aux objets à recycler. Et là-bas, ils ont fait fort, ils m’ont recyclé en blog à parole et depuis je suis coincée dans un ordinateur, un gros truc qu’on appelle monde virtuel où personne ne se connait mais ou tout le monde fait semblant de s’aimer et de se respecter pour laisser aux mots la liberté de circuler.
Et des mots croyez- moi j’en ai un paquet à leur donner. Des milliers de confettis de toutes les couleurs, des milliers de petits flocons dans ma boule ronde où je suis assise, cette boule, qu’il faut secouer pour voir la neige tomber. Des milliers de lettres, consonnes et voyelles qui feraient perdre le nord à Laurent Romejko.
J’ai entendu dire dans les couloirs virtuels qu’ils en avaient assez de mes mots, que je m’en servais n’importe comment, à tort et à travers, ils ont je crois, bien envie de me recycler en sirène et de me balancer au fin fond de l’océan pour ne plus entendre parler de moi.
En attendant moi, je ne suis jamais allée chez Madame Sara, alors, cette voyante, si vous la voyez, dites lui de changer mon destin.
Merci à tous.
Jamadrou
Dans SARA j’ai vu un palindrome : ARAS
Sara/Aras veux-tu dire arer, c'est-à-dire labourer ?
Du vieux français labourer, faire route en mer, discourir, parler
Déchirer, boulverser notre état d’inquiétude
Voyante qui saitsi bien façonner les esprits
Ou bien cartomancienne toi qui abats nos cartes
Ou alors Bohémienne, diseuse de bonne aventure qui nous ravage
Pythonisse, prêtresse, en nous tu insinues
Que peut être la vie serait mieux si..
Serait-mieux, oui si, si pouvions enfin la prendre dans nos mains,
Et ne plus attendre que quelque pythie nous guide dans la vie
Mais cela on ne le peut car sur nous tu as su poser ton grappin.
Et te revoir Sara devient notre seule espérance
JAK