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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 10:31

 

La fête des pères
Ça ne date pas d’hier
Le matin après s’être rasé
Papa se laissait embrasser
Peau fraîche d’un parfum mêlé
De savon à barbe et de lavande
Pour que ses filles très gourmandes
Savourent l’heureux moment intensément
Dans ses grands bras très chaleureusement
 
 
Josette
17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 08:20

 

 
Quand j’étais gamin, au fond du placard de la cuisine, il y avait cette petite fiole.
 
C’était un objet étrange, venu d’on ne sait où. Pourtant la rumeur familiale disait que c’est maman qui l’avait rapporté de Paris après le décès de notre grand-mère. C’était un peu une relique du temps passé, un encensoir à la fumée parfumée, dont maman usait avec une grande parcimonie.
 
Mes sœurs étaient tout appliquées à observer les explications détaillées de notre mère. La façon de le tenir à distance de la figure, l’angle à respecter, la pression sur la poire, l’inclinaison du visage, les effets du pulvérisateur, c’était tout le rituel d’un siècle endormi et mes sœurs mimaient cet apprentissage de bienséance avec un intérêt de princesses bien éveillées…
 
Il était strictement interdit d’y toucher sous peine de punitions sévères… Il y avait une sorte de liqueur à l’intérieur, un produit ambré qui flottait aux vagues successives de mes amusements de garnement. Moitié bouteille, moitié flacon, moitié pompon, moitié broderie, c’était un instrument un peu magique, un peu insolite, un peu fragile, qui se prêtait pourtant bien à toute mon imagination voyageuse…
 
Ce qu’il y avait à l’intérieur n’exhalait pas particulièrement un parfum extravagant ; ça sentait bon comme une savonnette neuve dans l’évier, comme les effluves du bouquet de lilas trônant à la salle à manger ou la fumée d’une bougie qui s’éteint. Sur l’échelle des sensations, au diapason de mes reniflements infantiles, je plaçais cette odeur entre les cahiers neufs de l’école et la pluie de l’orage sur notre chemin caillouteux.  
 
Pourtant, il avait un pouvoir extraordinaire sur ma mère, ce parfum. Y avait t-il un bon génie caché à l’intérieur ?... J’ai toujours eu cette impression bizarre parce que maman psalmodiait des choses inaudibles quand elle s’en servait en douce. Etait-ce des incantations, des prières, des vœux, des souhaits ?... 
 
Maman se parfumait avec des souvenirs et, pendant quelques instants, elle baignait dans une sorte d’agitation olfactive bienheureuse. Je crois qu’il devait défiler dans sa tête toute une ribambelle de grands moments de son enfance. Elle fermait les yeux, maman, bien loin de toutes les turpitudes de sa cuisine, de tous ses plats et de ses gamelles, de ses casseroles et de ses poêles qui mijotaient sur la cuisinière.
 
C’était sa bouée de sauvetage, son issue de secours, sa fenêtre ouverte, au milieu de tous ses tracas, ses devoirs nourriciers et de toute sa marmaille.
 
Maman, je l’ai vue danser dans sa cuisine !... Oui, c’est vrai !...
 
C’était peut-être l’enivrement du parfum qui exaltait soudain son comportement.
 
Alors, elle ouvrait ses bras, comme pour accepter un Prince Charmant conciliant, et ils valsaient ensemble sur le dallage !... Parfois, elle heurtait la table de la cuisine mais elle s’excusait poliment, avec des révérences de salon, comme si elle avait bousculé un autre couple dansant !... Le néon du plafond était une grande étoile filante, stoppée dans son élan, et il illuminait sa piste de danse !... Les couvercles applaudissaient sur les rebords des casseroles bouillonnantes !... Les petites flammes du gaz pétillaient comme des feux d’artifice bleus, blancs, jaunes, oranges !... Celle du chauffe-eau dansait aussi, avec des contorsions chaloupées, au même rythme enfiévré !... Le rideau emmêlait ses rubans multicolores, aux courants d’air de sa danse, mais il se dépliait en lumineuses cascades changeantes !... Dans le garage jouxtant, le chien de chasse de mon père aboyait son inquiétude !...
 
Elle souriait, maman, elle riait même doucement comme si la tête lui tournait !...
 
Les carreaux noirs et blancs étaient sa marelle appliquée ; elle effleurait ces touches de piano comme si elle ne touchait jamais le carrelage et l’ombre grandissante de son tablier tournoyait, tournoyait, en déplaçant les couleurs spectatrices. Par-dessus l’épaule de son cavalier, elle surveillait les ébullitions, diminuait le gaz ou versait une pincée de sel dans sa marmite, avec une application désinvolte, comme si tout cela était devenu sans importance !...  
 
Moi, je me cachais derrière la porte du placard !... J’assistais à sa métamorphose !... J’étais impressionné de la voir comme cela ; c’était une partie de ma maman que je ne connaissais pas du tout, qui me troublait intensément et qui me faisait presque peur. J’espérais même qu‘elle redevienne vite… normale… Aussi, elle regardait encore l’horloge de la cuisine et elle reprenait son travail d’épluchage et de préparations, comme s’il ne s’était rien passé, comme si les effets du parfum de l’atomiseur s’évaporaient toujours à midi…
 
Elle chantait encore, maman. Elle chantait des chansons inconnues de mon répertoire de petite école mais, quand mon père rentrait du boulot, la table était mise, ses chaussons étaient prêts et les plats étaient chauds…
 
Je n’ai jamais su quelle potion magique était emprisonnée dedans. Senteurs de Guerlain, de Chanel ou de Bourjois, extrait de violette, effluves orientaux de jasmin aux tribulations de caravaniers lointains ou encore essence de lavande, c’était le secret de cette petite bouteille.
 
Après l’enterrement de ma mère, par je ne sais quel allant conservateur, j’ai récupéré cette fiole au fond de son vieux placard. Elle est terne, la broderie est démaillée, les motifs sont fanés, la poire est fripée, un fond de liquide stagne à l’intérieur comme si le bon génie désespérait de ne pouvoir s’échapper un instant dans l’aventure magique du dehors. Doucement, j’ai appuyé sur la poire en fermant les yeux pour inonder les alentours de son parfum suranné. Doucement, j’ai inspiré à fond pour capturer toutes les fragrances libérées. Mais rien, pas une seule petite odeur de souvenance olfactive !... Pourtant, maman, je la vois danser dans notre cuisine !... Elle valse comme une petite marionnette remontée sur la piste d’une boîte à musique !... Elle me sourit doucement et me dit, en caressant ma joue, d’arrêter de presser frénétiquement sur la petite poire de sa fiole magique et d’en garder pour plus tard… pour réveiller ses souvenirs…  
 
 
Pascal
 
 
 
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 17:16

 

 

Dans l'Antiquité les servantes s'emplissaient la bouche de parfum pour mieux le recracher en brouillard sur le corps de leur maîtresse!
“C'était quoi ça?”
“Euh... Herpès de chez Herpès, maîtresse”
“Mouais! Pas terrible! Essaie plutôt Soir de Pâris”
 
Il fallut quand même attendre la fin du dix neuvième siècle pour qu'on arrête de cracher sur les femmes sous prétexte de les parfumer.
 
Surtout connu pour son ouvrage “Physiologie du Goût”, l'illustre gastronome Jean Anthelme Brillat-Savarin n'a pas seulement donné son nom à un fromage triple crème mais est aussi l'inventeur de “l'usine à gaz” qui depuis 1870 encombre les coiffeuses, les salles de bains et les boudoirs des dames qui sentent bon.
Le vaporisateur permet d'atteindre des endroits insoupçonnés du corps, c'est sans doute pour cette raison qu'on parle de parfums de niche!
Mais Attention! Pas de vaporisation sans une bonne poire... on en trouve d'ailleurs de toutes les formes et toutes les couleurs, tout comme leurs utilisatrices.
Pour les frileuses la poire est munie d'une “chaussette” qui peut - paroxysme du luxe - se terminer par un pompon de soie, d'où l'expression “se pomponner”.
Pour les voyageuses, la poire est devenue étanche, évitant ainsi des inondations de sacs de toilette et des scènes de ménage.
“Je t'avais bien dit que ton truc avait une fuite”
“Mon truc s'appelle Corrida, Madame! Et il m'a coûté la peau des fesses”
 
Que de citations en son nom:
“Qu'importe le packaging pourvu qu'on ait l'adresse” semble avoir dit Alfred de Musset.
“Je pompe donc je suis” n'a pas été revendiqué à ce jour.
“Dis moi ce que tu sens, je te dirai qui tu es” a surement dit son inventeur Jean Anthelme.
Jean Anthelme - celui-là il fallait l'inventer - ignorait que quelques siècles plus tard son vaporisateur occuperait des petits taïwanais qui injectent, soudent les coques et fabriquent les buses plus vite que leur ombre tant leur technique est maitrisée.
 
Leurs ingénieurs travailleraient sur un système qui permettra de maîtriser la dose de pulvérisation, impossible à faire aujourd’hui, quelle que soit la pression exercée.
Songez mesdames que tandis que vos jolis doigts exercent une pression sur la poire, quelque part en Chine des chercheurs se prennent le chou (le pe-tsaï chez eux) afin d'optimiser ce nuage de fragrance sans lequel tout homme normalement constitué ne se retournerait pas sur votre passage.
 
Je ne peux finir sans une note discrète en évoquant la concurrence asiatique par cette fameuse contrepèterie qu'est la pression des nippons sur la Chine.
 
 
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 12:15

 

C'est un truc génial. Un samovar. Un samovar de poche. Tu n'es pas obligée d'y mettre du thé. Un bon cordial te permet de faire face à toute situation. En plus, si on t'embête? Pschitt, une giclée dans les yeux.
 
Mais c'est aussi un narguilé! Tu le mets dans la poche et comme ça, ni vu ni connu, tu peux tirer une bouffée ou deux en toute discrétion pendant que tu bosses.
 
Le mieux c'est d'en avoir un de chaque: dans la poche gauche le tafia, dans la droite, la marijuana.
 
En attendant, tu colles ta chique derrière l'oreille, à la classique.
 
 
Nounedeb
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 11:21

 

Quand tu seras partie
Quand tout sera fini
Quand tu seras perdue
Quand je serai rompu

Quand j'aurai oublié
Ton nom notre passé
Les traits de ton visage
L'amour et ses ravages

Ne restera de toi
Qui fut ma joie ma croix
Ce fin parfum d'œillet
Au charme suranné
La vivante fragrance
Souffle de ta présence
Courant dessus ma peau
En troublant glissando

 

Catheau

16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 09:57

 

 
Sous cloche de verre bien caché bien protégé
 
Se cache le Parfum, son jardin intérieur
 
Même celui qui la connaît bien ne peut deviner
 
De quelle fleur de quel fruit rare il est l’odeur.
 
 
 
Elle l’a choisi il y a déjà bien longtemps
 
Cette fragrance qui pour elle respire fidélité
 
Elle va pour s’envelopper de l’ardeur du temps
 
Poser trois quatre gouttes là où lui seul peut respirer.
 
 
 
Jamadrou
 
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 08:17

 

Chériiiiiiii
Je meurs sans lui
Cours
Mon amour
M'en acheter trois fioles
Avant que je ne devienne folle!
 
Ah ... Serais-tu en rade
Mon p'tit chat
De cette charade?
 
Mon premier de Jeannot porte-bonheur
Mon deuxième est noble de Bruxelles
Mon troisième se fait comme on se couche ...
Mon tout est une fragrance aphrodisiaque !
 
Ne joue pas au malin PAT'
Tu sais bien mon CHOU
Que je ne porte que du numéro 5 au LIT
 
En chemin passe chez Fauchon et Cartier
Caviar et rivière retirer !
 
 
Jill Bill
15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 06:55

 

Ce qui l’intrigue le serveur c’est de ne pas comprendre et de s’empêtrer dans des hypothèses probablement erronées et certainement farfelues.
 
Ce qui le trouble le serveur c’est l’ambiance et il aimerait bien savoir si le jeunot au regard stupide ressent la même saveur chatouiller ses narines.
 
Ce qui l’agace le serveur c’est de porter ce regard insistant sur le couple pour dénicher des indices stériles alors que, déjà,  des nouveaux clients poussent la porte et que la maître d’hôtel va le sommer d’aller voir ailleurs.
 
 
Dès qu’il avait appris la nouvelle, il crut que rien ne serait plus jamais comme avant.
 
Madame la Comtesse portait le deuil.
 
On ne peut pas dire que la nouvelle le rendit triste mais contrarié, oui, certainement.
 
Désormais, il ne pourrait plus la contempler et la servir chaque jeudi soir.
 
 
Les jours se suivent et il me semble que parfois ils se ressemblent.
 
 
Nous  étions jeudi et la comtesse, toute de noir vêtue, était déjà là, demandant du regard la même table que les semaines précédentes.
 
Que c’était étrange, savoureux, compliqué !
 
 
Oserait-il ce soir encore ?
 
 
Il réfléchit.
 
Hypothèse numéro un.
 
La comtesse était accompagnée du notaire. Délicat dans ce cas d’interrompre la conversation pour  proposer…
 
Hypothèse numéro deux.
 
La comtesse soupait avec son fils ; regard ébahi, sourire hypocrite, demande sous jacente.
 
Délicat de la gêner dans ce conciliabule familial !
 
Hypothèse numéro trois.
 
Le gendre voulant faire bonne figure en venant demander la main de la cadette, celle qui ne sourit jamais.
 
Délicat de s’en mêler !
 
Hypothèse numéro quatre.
 
L’amant…
 
Non, pitié, pas ça !  Il pourrait se fâcher en m’entendant proposer…
 
Cinquième et dernière hypothèse.
 
La comtesse ne pouvait pas se passer de ce que lui apportait le serveur.
 
Alors ce soir encore, il oserait…
 
 
Le serveur s’approche de la table, incline le menton et demande d’une voix suave en dévorant la comtesse des yeux :
 
-          Madame la Comtesse souhaite-t-elle, ce soir encore une petite Bagatelle ?
 
 
 
Annick  SB
13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 10:58

 

 
Bon, il n’en n’a pas fini avec toutes ses salades, celui-là ?... Tu parles d’un laïusseur !... Dites, jeune homme, il faudrait peut-être mettre un peu de gaudriole dans votre après-midi pour réjouir le mien !... 
 
Maman m’avait bien dit de me méfier des beaux parleurs !... Eux, quand ils ont les pieds sur terre, ils ont encore la tête dans les étoiles !... Elle avait raison : ils ne pensent jamais à embrasser !... Il leur faut la lune brillante et tous ses quartiers ou le parfum des fleurs et leurs fragrances, la chanson des oiseaux et leurs partitions ou le glouglou d’une source proche et ses murmures de rochers affleurant !... Dites l’artiste : vous attendez un arc-en-ciel pour m’embrasser ou quoi ?... Parce que je vous signale qu’il n’y a pas d’orage en vue !... J’aimerais tellement que vous tourniez votre langue dans ma bouche plutôt que de la laisser divaguer le temps infini de vos impressions de guide touristique !...
 
C’est bien la peine que je me sois mise sur mon trente et un !... J’ai perdu une heure à ajuster ce chapeau !... Et toutes les attaches de cette robe : un véritable labyrinthe de boutonnière !... S’il me déshabille, avec tous ces difficiles boutons, il ne se rappellera plus pourquoi il a commencé !... C’est pour cela que maman m’a recommandé cette toilette !...
 
Mais, ce n’est pas un homme, c’est une véritable carte postale !... 
 
Et voilà qu’il me raconte Paris et sa banlieue, ses fontaines et ses monuments, ses trésors et ses palais !... C’est l’Arc de Triomphe, le boulevard Haussmann, la rue de Ravioli (j’aime bien), les nouveaux Champs-Élysées !... Mais, monsieur le baratineur : je m’en fous !... Il veut peut-être m’effeuiller avec toutes les marguerites du Jardin des Plantes !... Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, tu parles… La source de la Seine ?... Je m’en fous !... Le jardin des Tuileries ?... Mais je m’en fous !...
 
Ben, en tout cas, ce n’est pas le père Lathuille qui en est le gardien !... Il surveille sa terrasse comme si on allait lui piquer les rayons du soleil !... Celui-là, avec ses rouflaquettes et sa théière en bandoulière, il fait fuir les moineaux avant qu’ils n’aient quelques velléités de grappillage de mes miettes. Je le verrais bien épouvantail officiel à Versailles, planté au milieu des plates-bandes royales… Avec son torchon replié sous  l’épaule, on dirait un mauvais ange avec les ailes froissées…
 
Et, maintenant, ces bottines qui me font mal aux pieds !... A force de remonter tous ces boulevards, cette balade virtuelle m’a fatigué les jambes !...
 
Hé bien, voilà qu’il prend mon verre maintenant ! C’est sûr, il a soif à force de tous ses boniments !... Quoi, mon zouave ?... Que nous allions jusqu’au Pont de l’Alma ?... A la nage ?... A la rame ?...  Mais, je n’ai pas besoin d’un guide : du Sacré Cœur, je préfère un joli cœur !... Au Bois de Vincennes, courons la prétentaine !... Au bois de Boulogne, osez la besogne !... Quitte à rester assise, emmenez-moi donc visiter les allées du Père Lachaise… Dites, vous n’auriez pas un peu envie de m’embrasser aussi ?... Ca serait tellement mieux que toutes vos histoires de titi parisien…
 
Vous êtes peintre ?... Vous, ce sont les couleurs qui vous enivrent ?... Dites, vous ne seriez pas un peu puceau sur les bords ?... A force d’énerver votre pinceau, c’est le rouge qui domine sur votre figure de godelureau… Je pourrais vous susurrer la source de mon plaisir mais j’aurais trop peur de vous voir en fuite !...
 
Et il faut toujours qu’il en rajoute : c’est une vraie pipelette !... Quoi ?... Montmartre ?... Que je monte là-dessus et je le verrai ?... Heureusement, des troupes de martinets égayent le moment !... On dirait que cela lui coupe le sifflet !... Il inspire pour m’affubler d’une autre des ses tirades !... Charmeur, embrassez plutôt mon cou, voyez comme il frémit !... 
 
Quand même !... Il pourrait tenter de passer une main sous ma robe !... Il pourrait jouer avec les rubans et les dentelles, s’encanailler avec l’élastique de ma jarretière ou s’affoler avec la tiédeur du tissu, mais non !... S’il m’emmène dans le noir, c’est sûr, il va me faire visiter des catacombes !...
 
J’espère que ce n’est pas mon parfum qui le retient : c’est du Guerlain !... Il m’a coûté une petite fortune au Bon Marché !... Une heure de queue pour ces quelques gouttes d’attrape-nigaud !... Il est peut-être allergique ou il a le nez bouché, mon matador...
 
Et cet abruti de Lathuille qui mate nos environs !... Il prend un ticket ou quoi ?... Arrête de baver, satyre, y a rien à voir !... Mais oui, je mets l’appoint sur la table !... Ce n’est pas mon romantique qui pourra s’affranchir de mon ardoise. Tout son or, il l’a placé dans ses yeux de chien battu et il est riche… le bougre…
 
Moi, j’avais juste envie de danser !... Je voulais un cavalier pour aller guincher dans un bal des Batignolles !... Un qui ne me marche pas trop sur les pieds, un qui fasse plaisir à regarder, un avec des jolis biscotos, un qui puisse me ramener à la nuit tombée !...
 
Il est peut-être impressionné, mon… impressionniste... Il a une muse dans son viseur et il la place au centre de la cible de son cœur… Il ne sait peut-être pas danser, mon séducteur dominical. Hé bien, emmenez-moi donc sur les chevaux de bois ! On fera une course !... Au moins, je toucherai un pompon… Ou alors, nous n’avons qu’à aller nous balader au parc Montsouris. On regardera pousser les fleurs en nous extasiant des abeilles butineuses, des papillons frondeurs et des bourdons entremetteurs. S’il a de l’audace, il me prendra la main, s’il a du courage, il me prendra la taille, s’il a de l’inconscience, il me parlera d’amour…
 
Rangez vos pinceaux, jeune enlumineur ; des timides nus de vos tableaux, vous allez préférer mes originaux ; des sensations multicolores, vous apprendrez les tourments de mon corps et, à vos œuvres picturales, vous rajouterez la dimension des chansons de mes râles…
 
Allez, je vais lui faire mes yeux charmeurs, les pétillants, les caressants, ceux qui m’ont valu trois fiancés sous-officiers et une pléthore d’amants officieux, au grand dam de… maman…
 
 
Pascal 
13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 10:45

 

                     Je plonge mon regard dans ses yeux. Elle, pudibonde et discrète baisse lentement les paupières pour ne pas l’affronter. Quel est donc ce hasard qui m’a fait m’asseoir le même jour au même instant à cette terrasse de café où je n’étais pas allé depuis si longtemps ? C’est elle qui m’a reconnu la première, elle m’a dit : vous ne seriez pas le fils de Ferdinand par hasard ? Oui, c’est cela, ai-je répondu avec étonnement. Vous ne me reconnaissez pas? Je suis Victorine Meurend, l’amie d’Edouard, on s’est rencontrés un jour de juillet à ce fameux pique-nique… Tout à coup, tout m’est revenu, les senteurs mentholées des bois, les oiseaux babillards, l’odeur du pain fraîchement coupé , les fraises et les cerises débordant du panier. Eux, les adultes bavardant gentiment entre eux, Edouard expliquant à mon père comment reproduire sur la toile cette lumière unique qui, sautant hardiment les obstacles naturels, s’en allait balayer la clairière et parvenait jusqu’à nous dans ses reflets chatoyants et incomparables de beauté. Moi, petit garçon primesautier et agile, qui sautait d’arbre en arbre à cloche-pied et rapportait de temps en temps quelques russules ou autres champignons en demandant à mon père de les identifier. Ne t’éloigne pas trop, disait mon père, si jamais tu rencontrais un loup ! Je repartais en riant et j’allais me cacher derrière un arbre en criant : hou hou ! Pierre, tu nous fatigues, disait mon père, va donc jouer ailleurs.
 
Nous rions tous les deux, Victorine et moi, en évoquant ces souvenirs, votre père ne vous lâchait jamais, me dit-elle, vous étiez de toutes les sorties ! Eh oui, on ne se voyait pas beaucoup la semaine, alors, le dimanche, il se rattrapait. Je dévisage ma voisine. Est-ce bien elle qui a posé pour Edouard dans ce tableau devenu si célèbre ? Je me souviens encore quand mon père m’emmena dans son atelier pour lui rendre visite. Il mettait le dernier coup de pinceau à sa toile. Mon père a dit : Pierre, va donc voir là-bas, il y a une jolie nature morte qui va certainement te plaire. Mais c’était trop tard, je vous avais déjà entre aperçue, dans cette nudité crue qui me mit, moi petit garçon de bientôt 12 ans, dans un état de trouble et de malaise que je n’avais jamais connu auparavant! Non pas que ce soit le fait de voir représenter une femme nue, j’en avais pris l’habitude en accompagnant assez souvent mon père chez les peintres, mais le fait que ce soit VOUS, une amie proche, qui soyez là, sur la toile, et vous voir ainsi dénudée me dérangeait profondément.
 
Je n’avais pas encore compris qu’une femme n’est pas pour un peintre un objet sexuel, mais simplement un modèle comme tant d’autres, artistiquement intéressante par les rendus du velouté de la peau, le modelé des formes, la grâce et la douceur de l’éternel féminin. Ce sont des notions que j’assimilai beaucoup plus tard, quand moi-même, je me mis à la peinture. Et là, il fallait l’avouer, c’était très réussi. J’observe à la dérobée ma voisine. Non, elle n’a pas beaucoup changé depuis toutes ces années ! Je dirais même qu’elle s’est embellie, j’ai l’impression qu’elle a minci et l’élégance de sa personne me jette dans un trouble différent du premier, un trouble teinté d’affection, de fierté et d’admiration rétrospective pour cette dame mûre à présent, mais qui, j’en suis certain, passera un jour à la postérité.
 
Je ne vous ai pas raconté la suite de ma première découverte du tableau, ajoutais-je à ma voisine en souriant. Parce qu’il il y a une suite ? interroge Victorine. Mais bien sûr ! M’étant longuement attardé, comme l’avais exigé mon père, devant une toile représentant un gros abricot mûrissant dans un panier d’osier oblong et qui ne représentait à mes yeux d’enfant aucun intérêt durable, ce dernier vint me tirer par la manche pour me prier de dire adieu à notre ami Edouard, ce dont je m’acquittai sans problème. J’ai toujours aimé Edouard, qui m’a toujours traité avec indulgence et patience, ne m’a jamais réprimandé devant mes petites exubérances enfantines, ce fut pour moi comme un deuxième père en quelque sorte. J’en reviens à mon histoire. En sortant de la verrière où était installé l’atelier d’Edouard, j’agrippai mon père par la manche en la tirant un peu fort. Qu’y a-t-il, fiston ? Dis, papa, pourquoi Victorine elle est toute nue sur le tableau d’Edouard ? Au pique-nique, elle était habillée comme nous, non ! Mon père rougit un peu avant de me répondre : ce sont ce qu’on appelle des licences d’artistes, mon gamin, on ajoute ou on retranche des choses sur un tableau, tu vois, par exemple, Edouard a rajouté une jeune fille à l’arrière-plan qui ne déjeunait pas avec nous ce jour-là. Heureusement, remarquai-je, parce que j’aurais eu une plus petite part de tarte ! Et alors, poursuivit mon père, comme il avait ajouté un personnage, eh bien, il a enlevé autre chose, c’est pas plus compliqué que ça…
 
(Pourtant, elle était jolie, la robe à fleurs mauves de Victorine !)
 
Je restais perplexe devant tant de « licence » artistique. C’est ce jour-là, je crois, que germa dans ma petite tête d’enfant la décision ferme et définitive que je serais moi aussi un jour un peintre célèbre !                    
 
Cloclo
13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 08:35

 

 
Chante beau merle, chante… Sur le perchoir de ta chaise, que peux-tu lui raconter de mirobolant qui dépasse la bienséance polie d’une rencontre galante ?... Quels sont tes effets de bouche en cœur ?... Quels sont tes trémolos de bourreau du même nom ?... Quelle est ta science de gigolo ?... Mais qu’est-ce que tu  peux bien avoir à lui susurrer pour qu’elle se pende à tes mots ?...
 
Mademoiselle Laplanche m’a bien dit, à son corps défendant, de la surveiller de cet intrigant. Hé oui, ma place est propice à tous les rendez-vous entreprenants et, avec ce soleil printanier, la lutte est inégale. L’humeur est badine, le ton est enchanteur, l’air est désinvolte. En mai, il me plaît d’inaugurer ma terrasse avec des guirlandes de fleurs aux parfums affriolants et c’est fou comme l’ambiance champêtre de l’endroit peut attirer tous les farfelus enfiévrés. Ils bourdonnent plus forts que la chorale des cloches de Notre-Dame quand ils frôlent les froufrous de ces dames !...
 
Il n’en est plus à son premier madrigal, le Don Juan. Il doit la seriner avec des vers de Ronsard, de Sainte-Beuve, Théophile Gautier ou Victor Hugo ; il doit lui balancer des stances apprises entre deux absinthes, le coquin !... Pourtant, elle me l’a dit et répété :
 
« Monsieur Lathuille, je compte sur vous pour me défaire de ce charmant Pierrot s’il devenait trop entreprenant !... Je crains pour ma vertu et maman me croit à la réunion hebdomadaire des brodeuses de l’arrondissement... »
 
Mais bon, à voir son air enflammé, je crois bien que le mal est dans le fruit. Ici, le pollen est poudre aux yeux, les pétales pleurent en pluies éparpillées et les feuilles applaudissent la Témérité en recomptant les soupirs des énamourés…
 
Ils sont forts en parlote, ces baratineurs et, plus c’est gigantesque, plus ça marche !... Elles sont, tour à tour, figures de proue à l’étrave des voiliers découpant les lointaines mers des tropiques, meneuses de revue dans les théâtres des boulevards, égéries des grands couturiers, ambassadrices aux pays des ombres chinoises, reines de Saba aux bijoux étincelants, favorites de harem en Palestine et que sais-je encore… S’il se fait trop pressant, ce beau hâbleur, illico, avec ma théière, je lui en mets plein la cafetière !...
 
La pauvrette !... Je la vois bien flotter sur ses rêves en écoutant toutes ces sornettes !... Le monde se peuple avec des promesses… Quand elle ferme les yeux, elle perd pied et, quand elle les rouvre, elle respire en apnée !... Ils sont pleins de boniments, ces séducteurs !... Ils mettraient Paris et sa banlieue en bouteille !... Ils font la roue en racontant monts et merveilles !... Il lui a même piqué sa flûte de champagne pour arranger ses vers !... Dans un peu, il serait bien capable de picorer dans son gâteau pour lui broder une salve de nouveaux mots  !...
 
Et c’est la petite demoiselle Laplanche qui boit ses paroles !... Mais s’il n’avait pas son coude pour se retenir, il se vautrerait sur ma table, le brigand !... Faut dire qu’elle s’est enduite de patchouli comme si elle était tombée dans son flacon. Qui attrape l’autre dans ce jeu de dupe ?... Il est peut-être enivré par tous ses parfums, c’est pour cela qu’il s’affale doucement !... Et la demoiselle qui se dresse sur sa chaise… Elle n’a pas l’air si inquiète, c’est peut-être lui qu’il faudrait que je protège… Ha, les femmes : avec leurs non qui disent oui, leurs moues si dures et leurs ronds de jambe confus, je ne les comprendrai jamais….
 
Mais d’où il sort, celui-là ?... On dirait un gavroche qui a grandi trop vite !... Il a la touche d’un poulbot de Rive Gauche. Sans aucun doute, c’est un artiste en goguette ; c’est un de ces saltimbanques modernes qui jonglent avec leur art ; ils sont en maraude de leurs sentiments, ceux-là. Ils courent après leurs muses, avec des sensations à fleur de peau, et elles tombent en rêvant dans leurs panneaux…
 
C’est un poète, un romantique, il n’a pas des mains d’ouvrier, ses fins de mois sont difficiles surtout les trente derniers jours. Non, c’est un musicien, ses mains sont assez blanches pour ne battre que la mesure ; il lui gazouille ses partitions intimes sur la gamme énamourée d’un drôle d’oiseau. Même pas, je le prendrais pour faire la plonge !... Il pourrait séduire ma caissière, ma femme de ménage et toutes mes soubrettes !... Ceux là, ils ont l’art de magnifier l’ordinaire, avec leurs mots appropriés, en grappes incendiaires. Ils mettraient le feu dans des prunelles innocentes avec leurs rimes incandescentes…
 
Non, c’est un peintre !... Un impressionniste !... Avec ses grands gestes dans le vent, il lui déclame ses esquisses verbales, il la renverse au sein de ses impressions picturales, il l’immortalise entre ses pinceaux pour l’encadrer dans des expositions inaugurales !... Elle est prise, la petite !... Il va la croquer toute crue !... S’il la touche, je monte à l’assaut…
 
D’habitude, ils traînent du côté du café Guerbois, ces artistes. Ils se retrouvent en troupe et ils repeignent le monde avec leurs couleurs surprenantes, leurs intimes perceptions et leurs fascinations tourmentées. De la célibataire à la veuve, du tendron à la gourgandine, au gré de leurs illusions de l’Humanité, ils ratissent large toujours en quête d’une inspiratrice pour pigmenter leurs tableaux avec des sensations nouvelles… 
 
Il est fort, le loustic… Si elle ne gardait pas ses mains posées devant elle, elle irait naturellement caresser ce visage si avenant… Eblouis, leurs yeux se sont amarrés, leurs bouches s’appellent et leurs sourires continuent de se raconter des secrets…
 
Et mademoiselle Laplanche n’est pas de bois…
 
 
Pascal
 
 
12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 18:27

 

 

 

Emma sourit.

Depuis le temps que ce jeune gaillard lui contait fleurette…

Au début, elle croyait qu’il se moquait d’elle. Impossible qu’un beau gars de son âge s’intéresse à une vieille fille…mais Emma avait admis la vérité, que ce jeune homme était éperdument amoureux d’elle.

Et enfin,  il était bien là, devant elle, ses yeux grand-ouvert, son bras caressant sa chaise…

Elle savait que ce jeune Pierrot allait enfin lui poser la question, la question qu’elle attendait depuis l’âge de douze ou treize ans, ce moment rêvé où l’homme de sa vie lui demande de l’épouser…Emma avait presque oublié ce sentiment d’espoir.

Certes, elle n’avait pas pensé qu’il faudrait tant d’années, mais le moment était enfin venu…

Elle le sentait crisper devant elle. Le jeune homme ouvrit sa bouche…

-M-m-mademoiselle…commença-t-il.  Il bégayait un peu. L’émotion, sans doute.

-Oui ? murmura-t-elle, déjà indulgente.

-M-m-mademoiselle, p-puis-je… ?

-Pouvez-vous quoi, Pierrot ?  Emma ressentit comme un nœud d’excitation qui montait derrière son jabot de dentelles.

-M-m-mademoiselle, p-puis-je vous appeler…

-Oui, Pierrot ?

-M-m-mademoiselle, p-puis-je vous appeler… « M-m-maman » ?

 

Joye

 

 

Emma sourit.

Depuis le temps que ce jeune gaillard lui contait fleurette…

Au début, elle croyait qu’il se moquait d’elle. Impossible qu’un beau gars de son âge s’intéresse à une vieille fille…mais Emma avait admis la vérité, que ce jeune homme était éperdument amoureux d’elle.

Et enfin,  il était bien là, devant elle, ses yeux grand-ouvert, son bras caressant sa chaise…

Elle savait que ce jeune Pierrot allait enfin lui poser la question, la question qu’elle attendait depuis l’âge de douze ou treize ans, ce moment rêvé où l’homme de sa vie lui demande de l’épouser…Emma avait presque oublié ce sentiment d’espoir.

Certes, elle n’avait pas pensé qu’il faudrait tant d’années, mais le moment était enfin venu…

Elle le sentait crisper devant elle. Le jeune homme ouvrit sa bouche…

-M-m-mademoiselle…commença-t-il.  Il bégayait un peu. L’émotion, sans doute.

-Oui ? murmura-t-elle, déjà indulgente.

-M-m-mademoiselle, p-puis-je… ?

-Pouvez-vous quoi, Pierrot ?  Emma ressentit comme un nœud d’excitation qui montait derrière son jabot de dentelles.

-M-m-mademoiselle, p-puis-je vous appeler…

-Oui, Pierrot ?

-M-m-mademoiselle, p-puis-je vous appeler… « M-m-maman » ?

 

Joye

11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 09:02

 

Partie de campagne
Marlou et compagne
Un beau canotier
Moustache musclée
En robe de faille
Elle s’encanaille
Galette et moulin
Dimanche coquin
Chaleurs estivales
Amours animales
Un verre de vin blanc
Philtre des amants
 
Catheau

10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 17:55

 

Paul a toujours ses grands yeux bruns et son bon regard d’épagneul. Ses cheveux sont plus longs et son teint a pris une singulière couleur bistre accentuée encore par le contraste de sa moustache et de ses rouflaquettes. Il a élégamment noué sa Lavallière et ses mains sont soignées.

Comme il lui a manqué….

 

Qu’Alice est sévère, engoncée dans sa robe sombre seulement agrémentée d’un jabot blanc. Ses cheveux, qu’il a connu flottant au vent, sont à présent relevés en un chignon austère surmonté d’un bibi à plume. Et ses mains, ses mains si douces pourquoi les dissimule-t-elle sous des mitaines de dentelle rêche ?

Il a tant rêvé d’elle…

 

Elle lui confie sa réussite, dix couturières travaillent sous ses ordres, les commandes de la bourgeoisie emplissent ses carnets de croquis, bientôt il faudra agrandir l’atelier et le magasin ou alors déménager…

 

Il parle de ce pays lointain où il a vécu les deux dernières années. Le soleil omniprésent, le désert puis la brousse, les animaux étranges, les fruits abondants, son travail d’ingénieur, la vie douce parmi les indigènes…

 

Des sauvages ? Elle fait la moue apeurée.

Paul porte son verre à ses lèvres, apprécie la fraîcheur du vin blanc.

Alice découpe un morceau de gâteau, l’avale sans y prêter attention, dit "je reprendrais volontiers un café"

D’un geste, Paul hèle le serveur : "s’il vous plaît, un café et un verre de blanc !"

 

Le silence s’installe puis un " la cour est jolie et fraîche" tente de réchauffer l’atmosphère.

 

Oui, le café-restaurant du père Lathuille aux Batignolles est un endroit recherché par les parisiens. Le vin y est moins cher que dans la capitale et l’excursion a un petit goût de dépaysement. Pourtant le vin semble tout à coup amer et les coloris des fleurs moins vifs.

 

Paul espérait emmener Alice vers les colonies, avoir des enfants…

Alice entrevoyait que son amoureux trouverait un emploi stable à Paris et qu’il l’encouragerait dans la gestion de son commerce...

L’un et l’autre sont à présent perdus dans leurs pensées.

 

Qui avouera le premier à l’autre que leur aventure vient de se terminer ?

 

Mony

10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 14:31

 

“Allez trinquons cousine, et mangeons un morceau!
Je suis des Batignolles, vous du quartier Monceau.
Ne sentez-vous donc pas tout ce qui nous rapproche
voulez-vous du gateau, un thé, une brioche? ”
 
“Cousins! Vous êtes un rapide, vous alors! Bien beau que je daigne salir mes bottines à franchir la barrière de Clichy pour vous être agréable...”
 
“Etes-vous insensible à la beauté des lieux?
Songez qu'un maréchal il y a soixante ans
avant que de céder résista bravement
à ces envahisseurs, cosaques de banlieue!”
 
“Ainsi vous m'avez privée d'une sieste pour me baratiner cette histoire aussi folle qu'ennuyeuse! Sait-on seulement s'il est vrai que ce père Lathuille nourrit et abreuva nos soldats pour soustraire ses réserves à l'occupant?”
 
“Si fait! Il leur a dit: Buvez, buvez gratis
 ne laissez pas une bouteille de mon vin
je ne livrerai pas mon secret du pastis
ni celui du ...”
 
“Cessez de faire des vers à chaque fois que vous vous adressez à moi. Et puis je doute qu'il y ait eu du pastis à l'époque! Vous devez confondre avec l'absinthe”
 
“C'est vrai cousine, j'avoue que je n'ai rien trouvé d'autre qui rime avec gratis mais ceci n'enlève rien à la majesté de ce lieu que votre éblouissante présence réhausse de mille éclats...”
 
“Et bien voilà! N'est-ce pas mieux en prose, cousin? Mais pour les mille éclats, je me disais encore ce matin que je manquais de bijoux”
 
“Vous m'avez appelé cousin? Puis-je espérer vous emmener danser à la guinguette toute proche?”
 
“Vous voulez parler de celle qui est en face de Boucheron, le joaillier?”
 
“Euh... ça doit être ça”
 
“Courons-y vite, cousin! Ils ferment tôt le samedi!” 
 
 
Vegas sur sarthe
 

 

9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 19:14
 
Encore aujourd’hui ils sont là
Chaque jour je les vois
Assis à leur table préférée
Toujours en fin de journée
Chaque jour il fait da cour
Lui promet amour toujours
Je ne peux m’empêcher de croire
Qu’il lui raconte des histoires
La donzelle se fait prier
Elle sait comment le ferrer
Quand on ne les verra plus ici
C’est qu’il l’aura mise dans son lit
 
Josette
9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 17:12

 

« Mon beau damoiseau, mon doux chevalier, mon tout premier, mon pastelliste, que vois-tu dans mes yeux ?...Ho oui, dis-moi encore tous tes mots d’impressionniste !... »

 

« Ce que je vois dans tes yeux ?... »

 

« Oui, allez, ne me fais point languir, laisse tes mots te trahir et tant pis si je dois rougir !... »

 

« Je vois tes jeunes cernes complices à l’ombre de ton chapeau si lisse… »

 

« Canaille !... »

 

« Mais c’est mon cœur que je vois dans tes yeux !… C’est toi la réalité du reflet de mes regards, c’est toi les couleurs de tous mes paysages, les parfums de tous mes soupirs, la texture de toutes mes caresses, les chansons douces de toutes mes perceptions !... Touche ma chemise, touche l’endroit de mon cœur, regarde comme il palpite !... »

 

« Mais non, le serveur nous regarde… »

 

« Ce que je vois dans tes yeux… »

 

« Allez, traduis-moi tous tes soupirs, mon amoureux, je te promets de ne pas sourire !... »

 

« Dans tes yeux, je vois la mer et tous ses bateaux, je vois le ciel et tous ses oiseaux, je vois l’infini et tous ses zéros, je vois le peintre et tous ses tableaux, je vois la campagne et tous ses ruisseaux, je vois ma retraite et tous ses flambeaux, je vois l’Espagne et tous ses châteaux, je vois le monde et tous ses fuseaux… »

 

« Oui, raconte-moi… »

 

« Dans tes yeux, je vois des milliers de planètes étonnantes qui dessinent des arabesques extravagantes, des jongleurs émérites et des funambules aux contorsions exigeantes, des montreurs d’ours et des magiciens aux baguettes tournoyantes, des clowns burlesques et des dompteurs de puces savantes, des singes habillés et des trapézistes aux figures inquiétantes… »

 

« Taquin !... Tu dis cela parce que le cirque a planté ses piquets sur la grande place !... »

 

« Mon Amour, dans tes yeux, les bourreaux sont en grève, les serpents sont sans venin, les épidémies sont sans cimetières, les guerres sont sans soldats, les monuments sont sans morts, les rivières sont sans désespérés, les prisonniers sont sans barreaux, les chats sont sans griffes, les roses sont sans épines, les soleils sont sans brûlures,  les nuits sont sans cauchemars, les bossus sont sans bosse, les faits divers sont sans désastres, les paralysés sont sans béquilles, les chagrins sont sans conséquences, les hivers sont sans engelures, les combats de boxe sont sans enjeu…

 

Dans tes yeux, je vois des champs de fleurs et des myriades d’éphémères pour butiner passionnément leurs corolles adultères ; je vois des oiseaux migrateurs posés dans ce havre de paix ; je vois l’aube d’une larme retenue et le crépuscule de ta paupière émue ; je vois mes desseins dans tes panoramas et des trésors de lumière illuminant ton iris et… tes lèvres, ô tes lèvres…

Elles sont comme les gardiennes de ta bouche. Toutes tes grimaces assidues sont mes réponses sans voix. Elles m’encouragent et me montrent ta voie. Allez, embrasse-moi… »

 

« Mais non, le serveur nous regarde… »

 

« Pourtant, dans tes yeux, les prières s’exhaussent, les rêves n’en finissent jamais, les arcs-en-ciel durent plus longtemps que les orages, les trains arrivent toujours à l’heure et les gares ne sont que pour les retrouvailles, les silences ne sont que des acceptations, les murmures ne sont que des accordances et les cris ne sont que pour étalonner le Plaisir. Dans tes yeux, je ne meurs pas de faim, je ne suis jamais las des mêmes refrains, du même festin, chaque seconde ténue te ravive d’un nouvel entrain, d’un nouveau dessin…

 

Quand mes pinceaux dansent sur la toile, quand ils s’enivrent de carmin ou d’indigo, d’ocre ou de cramoisi, de pourpre ou de havane, quand ils valsent le long d’une farandole de chrysocales ou d’un pétillement argenté, c’est dans tes yeux profonds que je puise mes plus belles carnations, mes plus profondes inspirations, mes plus intimes impressions… Quand je peins un oiseau, je sais qu’il vole et quand je ferme les yeux, il chante ; quand je peins un coucher de soleil, j’ai des frissons à cause de sa chaleur finissante ; quand je peins la nuit, j’ai envie de l’éclabousser d’étoiles filantes par poignées de bonheur mais, quand je peins tes yeux, je voudrais crier : Si Dieu est la bible de mon âme, tu es la bible de mon cœur !...

 

Derrière ton front soucieux, je devine toutes tes pensées et les quelques plis, là, c’est pour tenter de les garder prisonnières loin de mon inquisition amoureuse. Toi, toi tu es comme ce peuple lointain qui pleure la sècheresse pour l’appeler et qui rit sous les torrents de mousson pour la fêter. Tu es un paradoxe dans le pays de mes équinoxes et je bronze à la candeur de tes regards mouillés…  

 

Ma belle compagne, à cette heure de célébration, tes yeux pétillent plus fort que la chanson de cette flûte de champagne… »

 

« Mais encore, mon doux, mon tendre… »

 

« Au soleil de tes sourires diamantins, je vois des îles désertes et des récifs de sable fin. Alignés, je vois tous les messages de mes bouteilles à la mer se dépliant enfin… L’émail de tes dents, si carnassières, est comme un corail aux intentions buissonnières et tes rires de dimanche sont autant de brûlantes avalanches sur mes incantations primesautières…

 

Tout près de toi, je sens les effluves de tes parfums et je me perds entre le muguet fripon et le lilas coquin ; je sens vibrer la dentelle de ton corsage, là où tes soupirs m’appellent et m’attirent, là où tes rubans opalins ne demandent qu’à se déboucler, là où notre Marie te confesse vainement entre ces deux seins frémissants… Mais approche donc tes lèvres !... »

 

« Mais non, le serveur nous regarde… »

 

« Bon, allez viens, je t’emmène au cirque… »

 

 

Pascal

9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 08:39

 

Dans ce charmant jardin aux parfums captivants
Une belle se laisse ainsi conter fleurette
Et tandis qu'il bourdonne et chuchotte et susurre
Elle rêve au bruissement de son coeur de crépon
C'est le printemps des fleurs et des jolis jupons
Qui musardent gaiement, qui flânent allègrement
Elle fait semblant de croire à ce gazouillement
Il se prend pour un roi, un chevalier d'antant
Il faut bien que nos coeurs quittent leurs nids douillets
Et découvrent à leur tour le temps des amourettes.
 
Enriqueta
8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 18:42

 

Ma...net ou pas net l'Edouardo ? »
se dit le serveur.
« J'en ai les rouflaquettes qui frémissent!
Il faut qu’j’l’ai à l’œil le moustachu.
J’connais bien son manège
Quand il met sa cravate noire, c’est qu’il veut s’payer une veuve !
Ouai, pas nette cette histoire.
Veuve elle l’est, c’est sûr
J’étais aux obsèques de son Jules.
Mais une vraie veuve joyeuse, regarde moi ça !
Elle n’a de noir que sa galette sur la tête !
Elle n’a pas l’air bien catholique la veuve
J’l’ai surprise à genoux devant le père Lathuile.
J’parie que l’moustachu va l’emmener déjeuner sur l’herbe
Et qu’elle va accepter, la sacrée Nana ! »
 
C’est alors qu’on entendit Lathuile,  le metteur en scène, crier très fort :
« Alors Mario, t’es encore saoul ou dans la lune ? Ton plateau, tu le lâches quand ? »
 
 
Jamadrou
8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 18:36

 

Chez le père Lathuille, petit café parisien, on y rencontre du beau monde. Sur la terrasse , un homme et une femme sont attablés devant un seul verre de vin blanc que tient monsieur.
 
- Buvez ce petit verre Mademoiselle, il vous donnera un joli rose à vos joues bien pales et vos yeux pétilleront de plaisir.
- Vous êtes bien aimable mais il est hors de question pour moi de goûter, mes parents me l'ont interdit.
- Ne me dites pas que vous écouter encore vos parents... à votre âge ?
- Vous êtes un mufle Monsieur d'insinuer que je suis vieille.
- Excusez moi, ce n'est pas ce que je voulais dire mais vous voyant attablée seule à la terrasse d'un café, j'en ai déduis que vous n'étiez plus une jeune enfant.
- Pour vous excuser dites moi pourquoi vous m'avez invité dans ce bar.
- C'est Léon qui vous a invité, pas moi
- Ne me dites pas que vous n'êtes pas derrière , je ne vous croirai pas.
- C'est vrai, j'ai ma table ici et un jour , je vous ai aperçue seulette à une table. Je vous ai trouvé bien jolie mais je n'ai pas osé vous aborder alors j'ai parlé à Léon qui vous connaissait, il m'a promis d'arranger un rendez-vous et vous voilà devant moi .
- Oui , oui, fait elle gênée mais cela ne me dit pas ce que vous attendez de moi.
- Rien de mal Mademoiselle, juste imprimer à jamais votre joli minois sur ma toile
- Votre toile ? Vous seriez donc peintre Monsieur ?
- Bien sûr que je le suis même si je ne suis pas encore connu pour l'instant. Votre allure, vos yeux vont me faire, vont nous faire connaître de tous .
- Ce compliment me ravit Monsieur, je ne serai jamais à la hauteur de vos espérances.
- Dites oui, je vous en prie, je vous récompenserai bien...
- Ce n'est pas ça qui m'inquiète mais le fait d'être reconnue …
- Allons, allons, point de modestie. Acceptez au moins que je vous croque.
- Vous m'avez convaincue , croquez , croquez Monsieur mais ici
- C'est que je n'ai pas mon matériel. Faites un petit effort en venant dans mon atelier qui est juste à côté. Je vous promets que vous ne resterez pas des heures.
- Juste un quart d'heure, c'est promis ?
- Promis Mademoiselle.
 
L'homme paie son verre et part en tenant élégamment le bras de la jeune femme sous les yeux de Léon , le maître d ' hôtel.
- Ah ! ce Monsieur Edouard, toujours aussi coureur, encore une à se faire avoir …
 
Aimela

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