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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 12:24

 

« N’importe quoi ! Me faire poser comme si je sortais du cadre ; personne ne l’achètera son tableau ! En plus je commence à avoir des crampes. Rodrigo, tu veux te faire des sous, avait dit ma mère. Y’a un peintre qui cherche un modèle. En plus il paie bien. Je voudrais l’y voir, elle, perchée comme un perroquet, au bord d’une branche. Et la paye, des cacahouètes! Va savoir si seulement je vais pas rester tordu, quand la séance sera fini ; enfin quand le tableau sera fini. Parce que je ne dois absolument pas bouger. Tout à l’heure, le nez me chatouillait, je voulais éternuer, parce qu’en plus des courants d’air, il y a une de ces poussières ! Quelle histoire, il m’a pas faite ! J’ai bien tenté de lui expliquer…Ce qui est sûr, c’est que plus tard, je ferai pas modèle, comme métier. Ou alors, mannequin…

 

 

Jaclyn O'Léum

4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 09:59

 

Fuir le cadre imposé de nos vies

Briser nos entraves rouillées

Oublier la pensée unique

Réfléchir seul ou en groupe

 

Fuir les quotas, les performances

Dépasser les fausses leçons martelées

S'autoriser à aller de l’avant

Annuler tout contrat, toute contrainte

 

Fuir les idées préconçues

Pratiquer la critique constructive

Donner du sens à son existence

Sortir des rails, s’échapper

 

Fuir est trop souvent trompe l’œil

Douce illusion, pieuse promesse

Fuir le cadre imposé de nos vies

Demande courage et décision

 

Osons fuir ! 

 

 

Mony

4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 09:58

 

Ce petit gars, on dirait qu’il sait tout de l’hallucinant purgatoire, qu’il en ressent les moindres symptômes, les plus petits frissons. Sort-il du Néant pour échapper à ses poursuivants, est-il pourchassé par ses plus ardents cauchemars ? Tout son être s’emballe dans l’accablement apocalyptique où plus rien n’est sensé. A-t-il des doléances envers son concepteur, un bémol sur la gamme de ses couleurs ? Des prières de grande ferveur ? En général, c’est celui qui regarde le tableau qui émet ses sensations. Ici, c’est le contraire… En écoutant l’œuvre, on entend tous les murmures, en fermant les yeux, on les comprend… Chut, écoutez…

 

« Mon Maître, je ne suis pas très content du spectacle que tu donnes de moi... Tu parles d’un enfantement… Non, mais tu as vu mes couleurs ?!... C’est la dernière fois que je sors de ton tableau !  Applique-toi, enfin ! Depuis le temps que je t’observe. Ta palette est un ramassis de teintes insipides ! C’est avec cela que tu me débarbouilles ?... Sont-ce là tous tes instruments de peinture ? Mets donc ton chevalet à la lumière ! Embrouille tes huiles ! Allonge tes colles ! Aiguise tes couteaux ! Taille tes calames ! Ajuste tes pastels !... Mais délaye, mon Maître ! Tu n’as pas un peu d’Harmonie dans tes pots ? Tu n’as pas des restes d’Impressions au fond de tes tiroirs ? Tu n’as pas de quoi me mélanger avec un futur plus grandiose, plus humain, plus réalisable, plus généreux ?... Tu n’as pas cela dans tes boîtes ?...  Alors, rajoute des poils à tes brosses ! Gonfle tes éponges ! Affûte tes fusains ! Fais saigner ta sanguine ! Gâche ta gouache ! Laisse courir ta pierre noire pour masquer mes déboires !...

 

Mon Maître, sois obligeant ; sur mes yeux, épanche ta pointe d’argent, sois magnanime, appointe tes mines ; alanguis mes contours dans des postures de troubadour, verse tes pastels à l’aurore de mes sourires, réduis en pollen l’idée de mes délires ; au froid de l’ivoirin, celui de l’hiver assassin, pare-moi du soleil brûlant des rouges cramoisis, des jaunes flavescents, des puissants verts d’espérance. Au brun cafardeux, à la désolation des blafards, au pesant livide, allume tes pinceaux avec des étincelles multicolores ! Fais courir les ombres sur ma toile, donne du mouvement à ma voile ! Dans le déséquilibre intolérant, tu m’as figé dans l’incertitude ignorante ; tu as fait de moi un clandestin apatride, un gavroche de peine sans une ruelle madrilène, un oisillon égaré au seul perchoir de ton cadre tortueux…  

 

Mon Maître, regarde ! Je suis un pauvre gamin, un mendiant de petit chemin condamné à la postérité d’un triste vagabond pétrifié entre deux mondes. Les couloirs du verso ont de terribles courants d’air. Si tu savais comme j’ai froid, les pieds nus, en bras de chemise, le torse ouvert, dans l’envers de tes décors inquiétants. Mon visage n’est qu’un insipide brouet de couleurs fanées. Tu fais peu de cas de ma condition d’enfant ; tu as déjà tes alibis d’artiste, tes clairs-obscurs qui emmurent, tes faux-fuyants de précipitation, tes potions d’enfermement…  

 

Mon Maître, sur une aquarelle, si je suis ton modèle, ne peux-tu pas m’habiller en petit page fidèle ? Moi, j’aimerais bien un habit de Lumière, avec des scintillations éblouissantes à chaque ourlet, des chemins de coutures tressés en fils d’or, des motifs brodés comme des écussons de grand château, une ceinture à large boucle, un chapeau à plume de paon et des escarpins en velours de Gênes !...

 

Comme tu me vois, mon Maître, tu viens de m’immobiliser dans l’agitation sidérale. Si tu savais tous les cauchemars qui me poursuivent à cause de ton soi-disant génie. Même la poussière des siècles n’enlèvera rien à ma misère ; c’est toi qu’on va glorifier avec tes effets de trompe-l’œil, tes faux-semblants, tes nuances alertes aux sensationnelles précipitations inertes. Dans cette fresque, à l’encadrement de la pénible perspective, de la sincérité pittoresque, tu me prives…

 

Mon Maître, jamais une femme ne m’aurait accouché sur sa toile avec cet air tellement effrayé, jamais une femme ne m’aurait laissé dans cet affolement désespéré. Dans chacune d’elles, il y a une mère, une maman, tout investie de l’œuvre de la Création ; toi, tu es un père mais tu ne seras jamais un papa…  

 

Mon Maître, tu es célèbre, tu es au Paradis des grands peintres, tu es dans les livres d’Art ; tu es allongé entre quatre planches, serein, occupé au repos éternel. Moi, inconnu, sans nom, sans noblesse, dans ce cadre, anxieux, je suis condamné à errer dans l’Enfer des dimensions immatérielles… »

 

 

Pascal

4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 06:57

 

Je n’aurais jamais dû écouter la voix de Pere Borrell del Caso et succomber à la tentation de poser comme modèle pour ce peintre !

Ce sera pour toi une escapade, tu pourras fuir le quotidien et, qui sait, découvrir l’eldorado…

 

Moi, je rêvais de voyage en Orient, de découvertes fabuleuses, de vie passionnante...

L’escapade promise ne m’a jamais mené plus loin que le cadre de ce tableau et si je suis entouré d’or ce n’est qu’entre les murs austères de cette grande banque.

 

Pitié ! Ne voyez-vous pas mon regard apeuré, la crampe permanente qui saisit mes muscles ?

 

Qui parmi vous me délivrera de cet enfer ?

 

 

Mony

3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 08:45

 

J’étais impavide, involontairement établi dans une position fixe et depuis belle lurette, je méditais.

C’était mon seul passe-temps depuis que le Père Borrell m’avait immobilisé dans ce tableau, il y a 140 ans

J’ai eu cependant de la chance, de ne pas vieillir….et je suis devenu immortel.


Depuis quelques semaines, des ouvriers bruyants et malotrus ont fait table rase du vieux Chastel qui m’abritait jusqu’à ce jour.

Le maître des lieux m’a récupéré, avec d’autres meubles et pacotilles, Je crois qu’il a de l’affection pour moi. Je dois lui rappeler l’agilité perdue de sa jeunesse. En effet il m’adresse toujours un sourire complice lorsqu’il croise mon regard.

Il demeure maintenant dans une belle demeure d’architecte. Apparemment j’aurais dû dénoter sur le mur ultra chic au look tadelakt. Et bien non, j’y rayonne.

Pour ma bonne fortune c’est un designer célèbre, et il joue de l’Ancien et du Moderne avec bonheur. Résultat, je trône maintenant dans l’immense entrée au dessus d’une commode art déco.

Je n’en pleure pas car dans cette ambiance tendance new, au moment des vacances scolaires, ses petits enfants s’y ébrouent.

Lorsque je ne médite plus, je les écoute, je les observe, c’est un monde nouveau pour moi.

Ils sont pleins de ressources, parlent d’images numériques, qu’ils regardent dans de petits encadrements, plus petits que celui qui me rend captif.

J’ai vraiment envie de voir de plus près ce qui s’y passe, de changer de cadre.

Ce soir c’est décidé j’enjambe mon châssis, et discrètement, je me glisserais dans leurs jeux.

 

 

Jak 

2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 19:25
 
« Chef, vous devriez v'nir voir ça... il a encore recommencé »
« Qu'est ce qui se passe encore Cruchard ? Pas encore finie cette ronde ? »
« Le trompe-couillon, il a recommencé dans la salle 12 ! »
« Pas trompe-couillon, Cruchard... salle 12 ce sont des trompe-l'oeil ! »
« Oui... enfin, le Bordel de Casto est sorti du cadre une fois d'plus »
« C'est Borrel Del Caso, Cruchard, un honorable aquarelliste espagnol »
« Oui... enfin, j'connais pas tous les noms des émigrés, chef ! Et pis y va encore nous saloper la moquette à marcher pieds nus comme ça !»
« Bon Dieu Cruchard ! Je vous ai expliqué maintes fois ce qu'est un trompe-l'oeil, une illusion d'optique voulue par l'artiste et vous tombez dans le panneau à chaque fois »
« On voit bien qu'c'est pas vous qui shampouinez, chef ! »
« Faites un effort mon vieux ou je vous change votre parcours... déjà la semaine dernière vous avez failli ameuter le ministère de la Culture à cause d'un soi-disant treizième apôtre qui se serait invité dans la Cène de Léonard de Vinci !! »
« Un miracle chef, un vrai miracle, y'a pas d'autre explication»
« Ne blasphémez pas, Cruchard. S'il y avait eu treize apôtres, ça se saurait »
« Chef, à propos de l'espagnol, on pourrait pas lui coller des chaussures ? Tenez, des espadrilles, y z'aiment ça les espingouins, les espadrilles »
« Pas question ! Vous ne toucherez à rien de ce tableau, ni à aucun autre d'ailleurs ! A propos, vous remettrez à sa place cette ridicule bouée de sauvetage que vous avez disposée au pied du radeau de la Méduse »
“Euh... Bien chef. Et pour l'espagnol aux pieds sales, on fait quoi?”
“On fait quoi? Cruchot, vous oubliez la salle 12 et vous me ferez la 15 à la place!”
“La salle 15, chef? Celle des natures mortes?”
“Tout juste, Cruchard. Vous aurez là des fruits et des légumes, du poisson, du lapin écorché, du canar...”
“Euh... et pour nettoyer, chef?”
“Vous allez aimer, mon vieux! C'est du carrelage!!”
 
 
Vegas sur sarthe
1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 12:48

 

Je ne reconnais plus rien. Mais où est donc l’atelier de mon maître, si familier, si accueillant, qui sentait si bon l’huile, la peinture, les poudres colorantes, la colle, toutes ces odeurs à la fois fortes et subtiles mêlées aux fatras indescriptibles de la pièce, aux amoncellements désordonnés des tubes de peintures, des pinceaux, des chevalets et des toiles, des palettes, des chiffons et des godets ? Où est l’artiste échevelé, au regard aquilin et à l’œil aiguisé, au geste sûr, mais aux remords toujours présents, perpétuellement tourmenté, indécis, insatisfait de son œuvre ou de l’ébauche en cours? Reprenant, corrigeant, effaçant, rectifiant inlassablement avec la rigueur qui caractérise tous les hommes épris de leur travail et ayant le souci de bien faire. 


Ici, c’est trop clean, trop propre, trop bien arrangé, voyez tous ces tableaux parfaitement alignés sans poésie, sans fantaisie tout au long de ce couloir froid et sans vie, sans couleur, où s’enchaînent à distance égale des noms célèbres ou moins connus, des portraits d’obscures célébrités qui ne voudront plus rien dire dans quelques siècles, où les valeurs, les canons de la beauté et de l’esthétisme auront changé, où l’on passera devant moi sans s’arrêter, pour rejoindre la salle des nouveaux abstraits, des portraits en 3 D, des peintures cybernétiques, des trompe-l’œil, des toiles anamorphiques et des tableaux qui parlent.

Je préfère m’évader avant l’arrivée du premier visiteur ou même du planton qui va passer sa journée à surveiller, assoupi sur sa chaise capitonnée, le moindre geste d’un esthète mal attentionné qui aurait l’audace de vouloir approcher de trop près la merveille qu’il contemple. Je ne mange pas de ce pain-là, moi ! Est-ce que le moindre tableau vaut la peine qu’on lui voue un tel culte ? Qu’on l’encadre, le mette sous verre et l’entoure de 36 alarmes ? C’est du travail fait par de simples hommes pour en servir d’autres semblables et point final. Si l’on ne veut pas qu’on me touche, eh bien qu’on me ramène là où j’étais, dans mon petit atelier sans prétention, avec un homme simple et sans orgueil que celui du travail bien fait, avec des traces comiques de peinture sur la figure, les mains et le tablier, qui m’a peint pour son plaisir et n’a jamais prétendu faire de moi un trésor ou mieux un chef-d’œuvre. 

Je préfère rejoindre sans tarder la foule des ordinaires et des anonymes. Mon maître est assez doué, je crois, pour me reproduire une seconde fois, s’il en a envie. Je lui laisse le cadre, excusez ma remarque, mais c’est parfois, dans un tableau, ce qui en constitue la plus grande valeur !

 

 

Cloclo

Je ne reconnais plus rien. Mais où est donc l’atelier de mon maître, si familier, si accueillant, qui sentait si bon l’huile, la peinture, les poudres colorantes, la colle, toutes ces odeurs à la fois fortes et subtiles mêlées aux fatras indescriptibles de la pièce, aux amoncellements désordonnés des tubes de peintures, des pinceaux, des chevalets et des toiles, des palettes, des chiffons et des godets ? Où est l’artiste échevelé, au regard aquilin et à l’œil aiguisé, au geste sûr, mais aux remords toujours présents, perpétuellement tourmenté, indécis, insatisfait de son œuvre ou de l’ébauche en cours? Reprenant, corrigeant, effaçant, rectifiant inlassablement avec la rigueur qui caractérise tous les hommes épris de leur travail et ayant le souci de bien faire. 


Ici, c’est trop clean, trop propre, trop bien arrangé, voyez tous ces tableaux parfaitement alignés sans poésie, sans fantaisie tout au long de ce couloir froid et sans vie, sans couleur, où s’enchaînent à distance égale des noms célèbres ou moins connus, des portraits d’obscures célébrités qui ne voudront plus rien dire dans quelques siècles, où les valeurs, les canons de la beauté et de l’esthétisme auront changé, où l’on passera devant moi sans s’arrêter, pour rejoindre la salle des nouveaux abstraits, des portraits en 3 D, des peintures cybernétiques, des trompe-l’œil, des toiles anamorphiques et des tableaux qui parlent.

Je préfère m’évader avant l’arrivée du premier visiteur ou même du planton qui va passer sa journée à surveiller, assoupi sur sa chaise capitonnée, le moindre geste d’un esthète mal attentionné qui aurait l’audace de vouloir approcher de trop près la merveille qu’il contemple. Je ne mange pas de ce pain-là, moi ! Est-ce que le moindre tableau vaut la peine qu’on lui voue un tel culte ? Qu’on l’encadre, le mette sous verre et l’entoure de 36 alarmes ? C’est du travail fait par de simples hommes pour en servir d’autres semblables et point final. Si l’on ne veut pas qu’on me touche, eh bien qu’on me ramène là où j’étais, dans mon petit atelier sans prétention, avec un homme simple et sans orgueil que celui du travail bien fait, avec des traces comiques de peinture sur la figure, les mains et le tablier, qui m’a peint pour son plaisir et n’a jamais prétendu faire de moi un trésor ou mieux un chef-d’œuvre. 

Je préfère rejoindre sans tarder la foule des ordinaires et des anonymes. Mon maître est assez doué, je crois, pour me reproduire une seconde fois, s’il en a envie. Je lui laisse le cadre, excusez ma remarque, mais c’est parfois, dans un tableau, ce qui en constitue la plus grande valeur !

 

 

Cloclo

1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 08:04

 

Jeune garçon au regard figé
Tu voulais, là me laisser
Dans le noir, le désespoir
Je n’avais aucun pouvoir

Jeune garçon au regard figé
De ton pinceau tu m’as bloqué
Toi le Rembrandt, toi le Renoir
J’étais gravé dans ta mémoire

Jeune garçon au regard figé
Sur la toile tu m’as posé
Tu voulais me voir et me revoir
J’étais dressé dans ton boudoir

Jeune garçon au regard figé
Je vais bientôt me déloger
Fini le noir, vivement l’espoir
Je m’en irais sans au revoir


 

Yohanna

30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 18:41

 

Un jour je braverai, j'enjamberai le cadre

où mon maître me mit à grands coups de pinceaux,
je veux de son labeur connaître le verso,
découvrir les secrets de l'obscur et du gladre.
 
Je saurai comment naît un sourire innocent,
la courbe d'un giron, la houle des cheveux,
d'où vient cette stupeur qu'il jeta dans mes yeux,
et sur mes joues d'enfant cet éclat rosissant.
 
De ceux qui ont posé et qu'on nomme modèles
j'aimerais tout savoir, celles qui posaient nues,
celles qu'il rehaussait de divine aquarelle.
 
Du maître del Caso ayant tout mesuré
je rejoindrai - comblé - ce châssis convenu
où je vivrai reclus, certes mais rassuré.
 
 
Vegas sur sarthe
Un jour je braverai, j'enjamberai le cadre
où mon maître me mit à grands coups de pinceaux,
je veux de son labeur connaître le verso,
découvrir les secrets de l'obscur et du gladre.
 
 
Je saurai comment naît un sourire innocent,
la courbe d'un giron, la houle des cheveux,
d'où vient cette stupeur qu'il jeta dans mes yeux,
et sur mes joues d'enfant cet éclat rosissant.
 
 
De ceux qui ont posé et qu'on nomme modèles
j'aimerais tout savoir, celles qui posaient nues,
celles qu'il rehaussait de divine aquarelle. 
 
 
Du maître del Caso ayant tout mesuré
je rejoindrai - comblé - ce châssis convenu
où je vivrai reclus, certes mais rassuré.
 
29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 18:23

 

Qui le pousse ainsi, violemment, hors cadre?

La misère, l’ennui, la faim ?

Tout cela à la fois.

Tant d’efforts pour pouvoir dans son carré noir

Rêver à la lumière et à des jours meilleurs.

Tant d’efforts pour imaginer une vie

Faite de douceur, d’amour et d’espoir.

Rêver ?

Il ne peut plus.

Alors il s’échappe

Il saute

Il plonge.

Il ne sait pas que son cadre est accroché au dessus du vide.

 

 

Jamadrou

29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 16:47

 

Paco s’ennuie. Toutes ces heures passées à écouter palabres et critiques.

Paco s’endort. S’envoler de ce lieu sombre et poussiéreux. S’asseoir au bord d’un ruisseau. Ecouter le chant des oiseaux. Entendre le rire de Paquita.

On secoue fermement Paco : -Remue-toi fainéant. Toujours à dormir, celui-là ! Messieurs, continuons. Je disais « si l’homme vertueux n’entend plus la parole mendiante de la fidélité crédule de l’empêché, si l’obstacle enfermé dans un putride boyau de… Paco ! Du diable soit de ce bon à rien ! Dans quel bourbier l’avez-vous ramassé ? Tous les mêmes, paresseux et vas nus pieds.
- C’est que, ils ne sont pas très regardants question salaire…

Paco, de tout cela se moque.
Paco est déjà loin. Passé au travers d’un cadre, allongé dans l’herbe fraîche et, picorant son visage de tendres petits baisers, il y a Paquita.

 

 

Jaclyn O'Léum

29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 13:35

 

Alfonso
Pauvrement enfant
Travaille dans la casa,
Encore gamin,
Du père del Caso,
Son aide de camp
Son valet à prix bas
Le toit et le pain...

Un p'tit va-nu-pieds
Marchant dans la misère
Dégourdi pour son maître
Sans vraiment voir le jour
Affairé au four
De tout son être
Soufflant le verre
Tel un homme qu'il n'est...
Sortir de ce cadre
Fuir, fuir, respirer l'air, libre
Le vent au front
Il en rêve la nuit, en soupire,
Il lui tarde de grandir
Se voyant marin, un autre Colomb,
A l'idée il en vibre
Lui qu'on traite tel un ladre...

Cette patience d'ange
Il l'aura, il verra ces ports
Se jurant à voix basse
De quitter cet enfer de feu
Celui qui le mange
Suant son eau par les pores
Avant du soir la paillasse
Les poumons déjà vieux...


 

Jill Bill

28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 12:36

 

Devant leurs chevalets
Deux sœurs l'âme au bout des doigts
S'évadent bien loin

leurs pensées ébouriffées
nul ne peut les contenir


 

Jeanne Fadosi

28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 11:15

 

Si vous saviez comme j’ai le mal de mer…

 

Une équipe de ferrailleurs avait manigancé la capture des fées de Trentham. Maintenant, les outils modernes permettaient de s’en emparer ; au moyen de grues, de palans et de vérins, c’était même un jeu d’enfant d’aller les désenclaver de leurs stèles. Au poids et au prix de l’acier galvanisé, à la Bourse des voleurs, c’eut été une véritable faute professionnelle de ne pas profiter de ces statues d’airain si mal protégées.

Le repérage dura tout l’été. Ce fut un ballet de vrais vauriens autour des sculptures. Des patibulaires, des hirsutes, des ribauds, déguisés en touristes, prenaient des mesures, des photos, discutaient des manœuvres, s’arrangeaient des arbustes. Ils supputaient, ils envisageaient, ils se frottaient doctement les mains…

 

Comment je sais tout cela ?... Ben, à tour de rôle, ils venaient s’asseoir sur mon dos ! Ils avaient tous leur stratégie de soulèvement, leur façon de procéder au découpage, leur fourbe manière d’escamotage ! Ils affinaient leurs plans, ils rodaient leur machiavélique machination, ils s’entraînaient en simulant leurs gestes de prestidigitation. De loin, c’était comme la répétition méticuleuse d’une chorégraphie muette, une avant première, une générale, inscrite au programme des festivités de l’année. Les gardiens, habitués aux bizarreries des illuminés, n’y voyaient que du feu. Ils en riaient quand ils admiraient ces hurluberlus mimer des gestes de pelle mécanique, des illusoires tirages de corde ou des simili-découpages à la tronçonneuse électrique… 

 

Il faut dire que les fées de Trentham et leur légende alimentaient bien des discussions à travers le pays. On venait même de loin pour admirer ces fées cadenassées dans du fil galvanisé. Les enfants s’aventuraient autour des stèles en jouant à des jeux de magiciens, les adolescents pubères regardaient en rougissant les formes avantageuses des jeunes fées, les anciens désespéraient de voir les akènes se disperser un jour dans le vent. Dans l’université voisine, on écrivait les thèses les plus savantes ; dans les pubs, à la lumière de quelques chandelles équivoques, on contait des fables tout aussi farfelues les unes que les autres ; dans les kiosques, les cartes postales des fées se vendaient bien ; des poètes énamourés répétaient leurs stances et seule la constance des fées répondait à leurs échos solitaires. Alors, quelques fous en quête de divine spiritualité « ferblanteuse », c’était l’ordinaire…  

 

Très vite, elles seraient coulées dans un creuset de lingots, fondues pendant la chaleur de leur cuisson, dispersées dans toutes les bonnes usines de recyclage de la région. Les fées de Trentham allaient passer au feu…

L’expédition nocturne avait été programmée fin novembre. A cette époque de l’année, les jardins de Trentham sont délaissés par les visiteurs. Le brouillard du matin, la pluie de la journée et l’humidité du soir, ne sont pas une invite exaltante aux promenades bucoliques. Les massifs s’ensommeillent, les gardiens espacent leurs gardes, les jardiniers se reposent, les oiseaux se taisent et les nuits sont immenses… 

 

Max, le chef de la bande, et ses équipiers avaient chargé la petite camionnette de tout le matériel nécessaire à la réussite de leur larcin. Oxygène, acétylène, chalumeaux découpeurs, masses, scies à métaux, barres de fer, étaient dans leur panoplie de kidnappeurs. Fracturer le portail d’entrée leur fut un jeu d’enfant ; la ronde n’étant pas prévue avant l’aube, ils étaient les maîtres des lieux, les princes de la cambriole… 

 

Ils jetèrent leur dévolu sur la fée échevelée, celle retenant sa dent-de-lion au bout de sa tige comme si le vent de son souffle l’emportait elle aussi dans les cieux. Dans les phares de leur camion, elle brillait d’or, la petite fée ; les akènes suspendus dans le néant étaient des flocons étincelants et le duvet de ses ailes portait les perles d’argent de la rosée nocturne.

 

Pendant que ses acolytes sortaient leur matériel, Max, le facétieux, flatta un instant la croupe de la malheureuse soumise. Pris par son jeu, il s’enhardit, comme peuvent s’enhardir les voleurs pendant l’action. Ils se donnent du courage pour perpétrer leurs méfaits, avec cette adrénaline de brigand, ils vulgarisent le sacré en lui donnant la seule valeur pécuniaire de leur présence délictueuse.

Il avait passé sa main dans ses cheveux comme s’il voulait les organiser au peigne de ses doigts ; de son autre main, il tenait la hanche de la fée. C’est qu’il y prenait goût, le bougre !... 

 

Ses comparses, aussi brutes que béotiens en matière de Beauté, avaient commencé à cisailler la tige du grand pissenlit. Des myriades d’étincelles se projetaient dans l’espace.

 

C’est un peu comme s’il voulait tanguer avec elle ! Il avait glissé sa main le long de la jambe de la fée et il la remontait langoureusement pour trouver l’autre hanche. Il l’enlaçait, le monstre !... Voulait-il danser ?... La serrer dans ses bras ?... La respirer au plus près de ses impressions ?...

 

L’équipe des ferrailleurs regardait Max sans rien comprendre. Lui, le battant, l‘arrogant, le persifleur, se perdait en caresses amoureuses. Ensorcelé jusqu’à l’âme, le chef des voleurs se retrouvait déguisé en prince charmant ! Il approcha ses lèvres de la fée ; tout son visage rayonnait d’une lumière extraordinaire venue du fond de son cœur. Les autres pouvaient bien l’interpeller, lui balancer quelques vannes ou se moquer ouvertement, lui, il était ailleurs. Il était si près de la statue de fer qu’il pouvait sentir sa propre respiration dans l’écho de son visage… 

 

La baie était presque découpée, elle pendait et les effets de la flamme du chalumeau découpeur semblaient danser dans la fumée de l’acier en fusion…

 

Il posa ses lèvres sur la bouche de la fée pendant que l’akène tombait…

 

Tout à coup, on entendit une immense clameur venue de toute la forêt comme si la Nature s’était réveillée en fanfare ! Les champs se couvrirent de l’or des myriades de dents-de-lion toutes épanouies en chœur ! Là, là et là, à tire-d’aile, on voyait les fées s’élever de leurs piédestaux ! Dans la lumière des phares, Max tendait les lèvres au vent ; de son visage, une larme coulait et de la statue ne restait qu’une enveloppe de ferraille usée. En levant les yeux au ciel, pour implorer les dieux, il aperçut sa fée qui lui souriait. Elle décrivit quelques arabesques, quelques circonvolutions de jeune écervelée, trop longtemps empêtrée, puis elle disparut au milieu de la sarabande des autres fées dansant sur l’onde du lac… Aux coups de leurs baguettes magiques, il fallait voir les étincelles, les feux d’artifices, les éclairs bariolés décorant la nuit au-dessus des jardins de Trentham !...

 

N’en croyant pas leurs yeux, les ferrailleurs ont récupéré Max, encore ensorcelé, et ils se sont enfuis dans la nuit multicolore ! Pour ne pas être complètement bredouilles, ils m’ont descellé, les scélérats ! Ils m’ont embarqué ! Au prix de la pierre, je vaux mon pesant de granit dans n’importe quel musée celtique !... Au fond de la camionnette brinquebalante, me voilà coincé entre les bouteilles d’oxygène et d’acétylène !...

 

Si vous saviez comme j’ai le mal de mer…

 

 

Pascal

27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 18:15

 

- Antonio, tu me montres ton dessin. C’est très beau, c’est quoi là, ce grib…, ces lignes dans tous les sens ?
- C’est l’ange Spaghetti
- ?
- On est allé se promener dans le parc, où y’a la statue de l’ange Spaghetti.
- Et là, c’est quoi ?
- Ses ailes. Mais je sais pas bien les dessiner, parce qu’elles sont transparentes ; comment on peut faire des ailes transparentes, pour qu’on les voit, avec ce qu’on voit derrière.
- Elles sont un peu tordues, non ?
- C’est parce qu’il y a du vent. Tu sais l’ange, il est très fort, il tire sur son cerf volant ; enfin, je sais pas trop si c’est un cerf volant…c’est comme une grosse boule, et dedans on voit pleins de parachutes tout petits. Attends je te la dessine. Voilà.
- Je vois ; et les parachutes s’envolent.
- Oui, et l’ange veut les empêcher de partir.
- Tu es sûr que l’ange s’appelle Spaghetti.
- Je crois ; et puis aussi, il a ses cheveux tout défaits. Tu sais, comme quand tu avais laissé ton tricot sur la table et que Diablotin s’était amusé avec ; qu’il était enroulé dedans, ça tirait encore plus sur la laine ; tu te souviens, maman, c’était rigolo…enfin, non, tu avais crié, le chat était parti en courant, la pelote s’était toute défaite ; et lui il essayait de l’attraper. C’est peut-être Diablotin qui a fait cet embrouillamini, avec les cheveux de l’ange ?
- Voilà papa.
- Chérie, j’ai vu l’enj…
- Spaghetti. Oui, je sais. Recoiffé par Diablotin.
- ?
- Ah ! Oui. L’enjoliveur ! C’est Diablotin, Antoine va t’expliquer. Non, il va te faire un dessin.

 

 

 Jaclyn O'Léum

26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 12:51

 

Dans l’Enchanteur Journal, entre la pub d’un réparateur de baguettes magiques et une interview de Harry Potter, c’est la fée Divers qui relata longuement cette très étrange malédiction. En caractères gras, pour les uns, à l’encre sympathique, pour les autres, il était mentionné qu’un mauvais sort de poudre d’airain avait statufié des fées dans la forêt de Trentham.

 

Sur une photo, on voyait la fée Lation clouée, tout embastillée, dans du fil de fer galvanisé ; la bouche ouverte, dans son dernier souffle, elle semblait gober l’air du temps. Sur une autre, la fée Minité paraissait heureuse, avec cette paire de bas résilles tressée à la perfection sur sa peau ; elle en était même satisfaite tant elle tendait la jambe pendant cette résignation séduisante. C’était bien la seule fée enchantée par ce maléfice sauf peut-être, la fée Néante aussi, figée en fer blanc, dont on ne voyait pas la différence avec avant.

 

Sur une autre image, ici, c’était la fée Rugineuse, les cheveux en pluie pétrifiée, emprisonnée dans une toile d’acier inoxydable et s’accrochant encore à la tige de sa dent-de-lion, comme on tient la laisse d’un chien tirant trop fort. Là, la fée Libre était étroitement captive et pendant cette posture avilissante, on voyait comme des menottes attachées à ses poignets ; avec sa baguette, la fée Tout, cristallisée, touillait l’air du temps pendant une recette muette… 

 

Tout y était relaté. La fée Egeste étudia les moindres mouvements de la Forêt. On fit des enquêtes, on envoya quelques mages, ceux en troisième année de la faculté de Ceylan, on interrogea les roseaux penseurs, on scia quelques chênes à l’ombre médisante, (ils racontaient des bateaux). On interpella, on tança, on mit à genoux tous les hiboux, les cailloux, les choux, les poux de cor (les musiciens) de la campagne, avec leurs terminaisons bizarres en x, tous leurs pluriels bien singuliers (les joujoux vinrent au moment de Noël).

 

A toutes ces pauvres « fildeferisées », on fit boire des décoctions de cornes d’escargots, des potions à base de bave de crapauds, des tisanes de fleurs de coquelicots, des eaux d’oasis, des eaux de Vincennes. On fit macérer des racines de nénuphars à feuilles caduques, des ongles de doigts de pied de vipère, de la salive de commère, (très répandue encore de nos jours), des trèfles à quatre feuilles de soin, (ceux qui poussent chez le toubib).

On leur fit goûter des fricassées de cuisses de hannetons unijambistes, des ragoûts de palmes de grenouilles naines, des truffes d’araignée du soir, des yeux de vers luisants, de la soupe de lucioles aux herbes de province.

 

Rescapée, la fée Cale fit respirer à sa sœur, la fée Tide, des odeurs de mouflette en colère, des pets de nonnes à leur retour du banquet annuel de Castelnaudary, les chaussettes de l’archiduchesse, les pets de la dame au clebs, le calebar de Leonardo Dicaprio, celui du film Titanic, quand il voit l’iceberg : pas même le moindre petit reniflement intéressé !...

La fée Romone leur montra un dentier du pape, une affiche de Bruno Castaldi, un film de Tarantino, une dédicace de Franck Ribéry, un sourire de Clooney, un vibromasseur à trois vitesses, et c’est à peine si la fée Lation souleva un cil !...

En stéréo, on leur fit écouter une chanson de Yannick Noah, un poème de Jean Claude Van Damme, une homélie de Don Camillo, un plaidoyer du Tribunal des Flagrants Délires, une tirade des  Bronzés ! Rien n’Hi-Fi…

 

Les fées Mérides, toujours jeunes, en appelèrent à tous les seins (95,100, d, e, f, etc) ; les fées Joule voulurent apporter leur lumière et la fée Condation s’inquiétait des générations futures…

 

Bien sûr, quelques fées avaient survécu à l’holocauste de la pluie d’airain. On reconnut la fée Nertiti, la pire amie d’Egypte, la fée Maison qui voulait rentrer chez elle, la belle fée Ronière avec son camée sur le front, la fée Lipe Gonzalez et ses castagnettes d’apparat, la fée Rat, venue de sa lointaine Ardèche, là où la montagne est belle, et la fée Licy aussi. On retrouva la fée Dodo Colin mon petit frère encore endormie et la fée Rié réclamant dorénavant son jour de rtt (repos du temps de Trentham).

 

Chaque année, pendant leur pèlerinage, elles reviennent s’asseoir sur mon dos et ce sont des intenses conciliabules, des farouches prières de fée, tentant d’en découdre avec le maléfice encellulant leurs congénères. Finis la fête, les flonflons, les fanfreluches, les feux d’artifice, les folies de bergères ! Processionnaires, elles vont visiter chacune de leurs amies figées dans l’enfermement métallique.

Même les sangliers ont réinvesti les bois alentour. Fiers, ils défilent en flairant une à une les fées figées. On entend leurs grognements de plaisir quand ils viennent s’ébattre si près des magiciennes défaites.

 

Les siècles passèrent ; on fit des révolutions, des guillotines et des guerres. D’autres siècles passèrent, on fit des maisons, des routes et des jardins. Indémontables, internées dans leur envoûtement ancestral, on installa des stèles sous les fées fichues ; on peut même les visiter encore aujourd’hui.

Une légende tenace dit qu’au premier akène au sol, il poussera des dents-de-lion par millions, la prairie sera jaune, comme une mine d’or à ciel ouvert, et toutes les fées, désenclavées du maléfice, s’envoleront en échange heureux. Une autre raconte que seul, un bel aimant, pendant un véritable baiser d’attraction, pourra les délivrer du sortilège entortillant. A sa libération, peut-être que la fée Bricule aura quelque pitié de son banc.

En attendant, je profite des fesses des promeneuses fatiguées ; à leurs proses, je raconte la mienne avec des caresses d’ombres amicales et des gentils petits grattements de pierre polie…

 

 

Pascal

26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 07:29

 

Il y avait près d’un lac, aux eaux limpides, source de toute vie, une nymphe svelte et échevelée qui y puisait toute sa science.

Elle l’avait jalousement, celée sous une grande ombelle fait d’ akènes à aigrettes.

Éole ombrageux se sentit surpassé. Il survint brusquement soufflant sur cette belle ombrelle et alors il sema partout la connaissance.

C’est ainsi que naquit le premier ouvrage didactique

Quelques siècles plus tard un éditeur en fit son slogan

Je sème à tous les vents

 

 

Jak

25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 19:41

 

Les grandes personnes, c’est très compliqué, Jaco le sait bien !

 

La preuve, tout à l’heure, pendant l’excursion dans le parc, l’Marcel, son frère s’est exclamé : il est superbe cet elfe en fil de fer ! Il fait s’envoler le savoir aux quatre vents !

Un elfe !

Le savoir !

L’Marcel, il joue toujours au plus malin mais il ne sait même pas que les elfes ont des oreilles pointues et que c e sont les anges qui ont des ailes ! Et puis les semences, c’est pas du savoir, Jaco en est certain.

 

Les grandes personnes sont décidemment bizarres. Quatre vents ? Quatre !

Jaco en connait bien plus de quatre. Sur ces gros doigts boudinés il compte : un, la bise, deux, le vent du nord, trrrrois, heu, trois… Bof ! Tantôt il s’en rappellera…

 

Ce dont il se souvient bien, Jaco, c’est de sa vie à la ferme, avant le décès du père. Il appréciait tellement de gambader dans les prés, cueillir des cardamines, des primevères et même des pissenlits et puis, il faisait comme l’ange quand les fleurs se transformaient en aigrettes, il soufflait, soufflait en faisant un vœu.

 

Jaco aime bien les vœux. Depuis qu’il réside "Aux Pâquerettes" il en fait souvent pour que l’Marcel qui vit à la ville vienne le voir, ou pour qu’il y ait du potage aux tomates au menu, ou pour ne plus jamais faire pipi au lit ou… la liste est longue !

 

- Dis-moi, Marcel, tu crois qu’il pousse des pissenlits au paradis et que les anges font pipi au lit ?

 

L’Marcel a toujours un air ahuri quand Jaco lui pose une question. Vraiment les grandes personnes sont étranges.

 

Jaco, en secret, renouvelle son vœu de ne jamais être comme eux, il préfère tellement être lui, même si on le dit un peu différent !

 

 

Mony

24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 10:51
 
Assez d'astéracées, assez de dent-de-lion
de tous ces voeux perdus, au vent disséminés,
quand la fée ficelée sera ratatinée
elle en aura fini de jouer les trublions!
 
A force d'entrelacs elle m'avait séduit
mais plus je la tordais plus elle s'esquivait
j'ai voulu la clouer, lui mettre des rivets
mais d'un battement d'ailes elle m'a éconduit.
 
Au creux de l'écheveau battait un coeur de pierre
sous sa toison de fer montaient des sortilèges
et dans chaque regard je voyais son manège.
 
Sous mes doigts était née une bombe incendiaire
avant de succomber de fièvre galopante
j'ai rompu la magie de ma pince coupante.
 
 
Vegas sur sarthe
23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 11:30

 

La fille du vent
sème à tous vents
des mots savants,
des mots vulgaires,
la fille du vent
sème de l’air,
tourbillonnant
souple et légère
entre la terre
le ciel, la mer,
souffle éphémère,
brouille les R,
les I, les A,
quel embarras
plus de lexique,
c’est la panique
au dictionnaire…

 

 

Cloclo

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