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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 07:41

 

Témoin de nos différents reflets
De Narcisse à nos laideurs éphémères
Des échos brûlants de nos égoïstes
Des vagues glacées de nos bienfaits oubliés
Rêveur fermé d'une réalité idéale
Passée ou présente dans le futur
Sa profondeur son vécu
Ou son cœur déçu
Se trouvent libérés par cette fenêtre
Avec des larmes ... ou des larmes
Il entend, il sent, il parle
Cummular de sens et de sensations
Glace de flammes
Vague de larmes
L’œil est le miroir de l’Âme

 

NewJay

1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 19:00

 

 

Entre ombre et lumière. Entre noir et mordoré. Il nous surveille.
Véritable citadelle, bien protégée par son pont-levis paupière
Ses cils protecteurs et son épaisse barrière aux poussières de feuilles mortes.
Automne telle une voyante au cristallin limpide
Diseuse de bonne aventure
Iris jaune d’or dans l’allée du jardin
Percée au centre par le puits noir des visions futures.
Dans son orbite l’œil fera le tour complet de la question,
Mais ne sera jamais catapulté au loin, trop bien tenu par des liens élastiques et invisibles
Même s'il jette déjà son œil vers l’hiver
L’automne finira sa danse en cadence.
L’œil vif entouré de ses remparts qui arrêteront sueurs froides ou chaudes.
Rayonnant, l'œil de l'Automne nous guidera
Tel un phare,  une citadelle imprenable
Lentille de Fresnel,
À travers ces jours de plus en plus courts
Et ces nuits de plus en plus noires où vents et pluie
Envahiront chacun
De vague à l’âme de nostalgie et d’ennui.
Toi,  souviens-toi de l'Œil de l'Automne...

 

Jamadrou

1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 14:38


Créature moins ange
Que démon
A le voir on le devine
Et en particulier à Halloween
La nuit du fameux frisson
L'homme se change,
Spectaculaire, 
Non point en lycanthrope poilu
En comte buveur d'hémoglobine
Mais en Satan qu'on abomine...
Pour les intimes, anges déchus,
Lucifer !
Le soufre il empeste
Telle une ombre, est mystér'yeux
En quête d'âmes viles, pécheresses
Combustibles qui l'enfer intéresse
« Chauffeur » des lieux,
La Bible l'atteste...

Ame noire, pauvre erre 
Si sous le réverbère
Tu croises l'oiseau 
Je ne donne pas cher de ta peau ! 

A bon entendeur, salut !

jill bill

30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 08:15

 

« Modi, viens m’embrasser… Ne suis-je, pour toi, qu’un nu de chevalet, une estampe d’alcôve, un modèle à fignoler ?... Dans les mélanges de ta palette, tellement effervescente, me vois-tu sensuelle, langoureuse, excitante, désirable, provocante ou seulement carmin, indigo, émeraude, fauve, bronze ?...

 

Viens, Modi, mon âme a des hauts… Là, prends mon sein, sens mon cœur comme il bat fort quand tu t’approches en douceur. Mon bel italien, raconte-moi Venise, Michel Ange et les églises ; récite-moi encore des vers de Dante, ceux que tu me murmures dans l’oreille, comme des frivoles sésames, avant nos folles débauches d’amants. Dis-moi des mots d’Amour, ceux qu’on raconte quand on oublie le reste du monde, ceux qui jettent à terre les derniers tabous, ceux qui font tenir debout, je les croirai tous. Oui, parle-moi d’Amour, du vrai, celui à la Vie, à la Mort, celui du Feu de Dieu, celui qui ne s’éteint jamais, celui rempli d’Ardeur toujours neuve, celui qui se nourrit de l’intérieur, celui qui me consume jusqu’à l’âme…  

 

Viens, Modi, j’ai froid. Regarde comme mon nez frémit, comme mes cuisses t’appellent, comme mon ventre respire, comme mes yeux te cherchent, comme mes épaules t’attendent. Mais sans toi, ce canapé rugueux n’est qu’un rocher austère, une île déserte, un cinéma muet, une gare sans entrain, une mer sans voilier. Comme tu me vois, je suis un coquillage délaissé, une algue sans personne pour la bercer de ses ressacs assidus. Ne suis-je pas ta petite sirène ? Viens te « naufrager » entre mes cuisses, Modi ; je serai ton port d’attache, je serai l’aussière de ta bite d’amarrage, je serai ta lampe sans tempête. Eclaire-moi de ton phare, je suis prisonnière dans tes filets de couleur ; je t’en prie, chavire mes sens, prends-moi comme un batailleur !...  

 

Mords-moi l’épaule, Modi ; tu aimes tant voir courir mes frissons jusqu’au bout de mes chevilles ; souvent, ils se cachent entre mes seins mais tu les captures toujours au creux de mes reins. Viens renifler mon nouveau parfum, celui que j’ai acheté à prix d’or aux Galeries Lafayette ; je l’ai caché dans mes endroits les plus secrets. Range tes pinceaux, range ton tableau, Modi, ton modèle s’émancipe. Tu sais comme j’aime quand tu viens me frôler avec tes airs de matador. Viens planter ta banderille dans ma chair, viens arroser ma fleur, butiner mon bréviaire, visiter mes antres, caracoler entre mes hanches !

 

Modi, j’ai tant envie de toi ; viens chercher mes trésors, prends mes charmes, viens fouiller mes cavernes ; soulève mon écharpe, inonde-moi de tes baisers les plus lubriques, viens médailler mon corps de ta salive brûlante, dis-moi des mots salaces, ceux qui attisent tes coups de reins aux allures affolantes. Décoiffe-moi, Modi, soulève-moi, écartèle-moi, empale-moi, abuse de moi, je suis ta chose, je veux brûler sur ton bûcher et renaître cendres au milieu de tes baisers. Veux-tu que je relève mon voile ? Veux-tu une pose plus suggestive ? Une moue plus fanatique ? Une posture plus amoureuse ?...

 

Touche ma chair, mon preux judéen, commettons le péché, ensemble, jouons à l’Amour, à l’Extase, à l’Euphorie, jouissons à l’Unisson. Prie mes deux seins, mon Amedeo, mets au pilori mon petit… bouton ; du mont de Vénus, on voit si bien le septième ciel ! Alors, allume les guirlandes des étoiles dans mes yeux ; que mes cernes soient mon plus beau maquillage, que mon corps se tatoue à jamais de ce si doux esclavage, que mes joues rougissent aux seuls souvenirs de nos marivaudages…  

 

Allez, viens reprendre ma fleur, Modi, viens me cueillir ; viens effeuiller mes pétales : beaucoup, passionnément, à la folie. Viens me respirer, viens te goinfrer de mes chaleurs animales, viens m’anéantir. Regarde comme je tends les lèvres vers toi, regarde mon sein comme il te désire ; il est si dur qu’il va assurément griffer la paume de tes mains.

 

Fais-moi l’Amour, Modi. Bouscule-moi avec tes grandes marées insatiables, croque-moi avec tes dents affamées, faisons rougir ce vieux canapé, faisons rougir Cupidon lui-même ! Viens boire ton inspiration auprès de ma source vive ; avec tes furieux allers et retours, de notre chorale, nous serons trompette et tambour. Je sais tout des refrains de l’Unisson, des meilleures prières, des cadences effrénées ; je veux crier des « mon Amour, des « Mon Dieu », des « encore », des « mon Peintre », des « encore », des « oui », et encore des « encore ». Je suis une femme, fais de moi une femelle ; je veux faire trembler les vitres, réveiller le quartier, jouir jusqu’à l’agonie divine, entrevoir la Sublimation et retomber, cramoisie de plaisir entre tes bras d’airain…  

 

Offre-moi un autre tour de manège, Modi, un autre tour de vice, fais de moi une poupée pantelante, ivre de plaisir, enfin, rassasiée jusqu’aux lèvres, épanouie jusqu’aux yeux, indécente jusqu’aux entrailles. Arrosée de pluie d’extase, je veux m’épanouir au milieu de tes désirs, je me trouverai encore belle et je ne regretterai pas mon parfum si onéreux…

 

Après, on ira manger des huîtres et des frites, chez l’Eugène ! On boira du vin de Moselle, on fumera dans des pipes d’opium, tu chanteras, Modi, tu chanteras pour moi et on dansera jusqu’au matin !... Allez, viens, viens prendre ta Muse, mon âme a des hauts… »

 

Pascal

30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 08:03

 

Qui ne voudrait pas être comme elle,
Menue et extrêmement belle ?
Regarde moi et dis moi,
ce que tu ose penser tout bas.
Je veux changer pour que l'on m'aime,
être légère comme l'hirondelle.
Mais je ne sais plus par ou commencer,
Comment pourrais-je subitement changer ?
Dites moi ce qu'il faut faire,
Avant que je ne foute ma vie en l'air.

No Name 

29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 20:36

 

Régime tu me tue. Tu as nom Yoyo et tu m'en veux.

Le poids que j’entasse au hasard de repas copieux

Devient élastique au gré de pesées laborieuses.

Je voudrais pouvoir à jamais échapper, victorieuse

Mais tu rodes inlassablement en exhibant

Un nouveau visage garanti 100% probant

Mais hélas ce qu’au bout d’un temps sur la balance

Avec certitude mes kilos démentent.

Je ne saurais jamais qui de vous deux mentent.

 

Jak

28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 14:45

 

« Allez, Modi, c’est ma tournée !... »

 

A la Rotonde, attablés comme des soudards avinés, Les Soutine, Diego Rivera, Utrillo, Max Jacob, Blaise Cendrars, Apollinaire et autres Jean Cocteau, s’amusaient des délires extravagants du peintre. Lui, ignorant cette assistance goguenarde, comme s’il était seul au milieu de ses tourbillons de peinture, dansait avec un pinceau invisible entre les doigts. Ici, il piochait des bruns de table et de tabouret, là, il puisait dans l’aura bleutée des vitres embuées de fumée. Brusquement, il retournait vers les ombres rouges des flaques de vin sur le comptoir, il triturait les reflets de la glace ou il s’emportait encore dans les brillances des bouteilles alignées sur les étagères…

Enivré jusqu’aux yeux, la flamme dévorante de l’Inspiration brûlait ses paroles, exaltait ses mouvements d’une amplitude survoltée et, dans l’autre main, des frissons inlassables faisaient trembler son verre. Modigliani peignait… Comme une boule de billard désemparée, il se projetait de table en table, respirant goulûment le parfum d’une femme, frôlant le haut de forme d’un muscadin, s’emparant de quelques verres délaissés, dansant avec un parapluie déplié ou une canne de dandy oubliée…  

 

« Allez, Modi, bois !... »

 

En équilibre instable, il planait, Modi ; il revisitait les limbes de l’Ivresse sidérale. Il était complètement absorbé dans ce monde d’abstraction où seuls les peintres embrasés, les musiciens fanatiques et les poètes maudits se retrouvent à l’unisson, au milieu de leurs fantasmes les plus fous.

Il voguait, Modi, là où les Rêves sont réalité, là où les Muses sont chair, là où les vacarmes assourdissants sont des implosions extraordinaires dans leur entendement bouleversé. Il s’évadait, Modi, là où les fanfares bariolés de Lumière sont des couleurs sensationnelles, là où les discernements fuyants sont des évidences, là où les chimères sont des princesses suaves, là où les soleils aveuglants apportent des myriades de tonalités enchanteresses sur les palettes enfiévrées, là où l’Obscur devient grandiose…

 

« Allez, Modi, raconte-nous ta peinture !... »

 

Désinhibé de toute factualité, Modi errait dans son Paradis infernal. Ses derniers retranchements étaient devenus des bastions facilement prenables, le tangible était maintenant une illusion d’opium, d’éther et de vinasse, l’artificiel était une évidence naturelle. Aux flammes de l’Enfer extraordinaire, il se consumait de brûlures délirantes, il se disloquait en orages de contorsions déchirantes, il mourait à grand feu d’avoir trop embrassé les Abîmes de ses baisers les plus fougueux…

 

« Allez, Modi, brosse-nous ta muse !... »

 

Alors, l’artiste atypique se figeait dans son espace apocalyptique ; tout son être se concentrait sur les mots qu’il allait esquisser à la curiosité convenue de cette assistance intransigeante de fieffés gouailleurs.

Tour à tour orateur enthousiaste et mendiant désespéré, pantin désarticulé et statue érigée, souvent burlesque, jamais pitoyable, mais toujours affamé, il se mettait à croquer sa Muse avec des intonations picturales souvent brutales mais toujours amoureuses.

 

Le cénacle de ses amis peintres et poètes se taisait comme on se tait pendant une homélie théâtrale où chacun se retrouve forcément concerné dans l’histoire. Les cous s’allongeaient, les yeux se révulsaient, les oreilles se tendaient… Seuls des verres sonnaillaient entre ses phrases telles des pieuses clochettes pendant l’Elévation. Il était question de Beauté virginale, d’Amour véritable, de Passion exacerbée, de désirs charnels insatiables, d’introspection sidérale. Par moments, des phrases plus fortes que d’autres s’échappaient de son discours fanatique…  

 

« La Muse n’est belle que nue ! »

 

Alors, il parlait de ses formes, de ses contours, de ses rondeurs, de ses moues, de ses moiteurs, et c’était autant de coups de pinceaux lancés à l’Infini. Sur le bout du cœur, il savait la blancheur de sa peau, le labyrinthe de ses grains de beauté, l’oasis paradisiaque de son parfum volontaire, le galbe de son sein, le velouté de ses fesses, l’ambre de son dos, l’alchimie de ses cambrures, l’harmonie de ses râles…  

 

« Le vrai pouvoir des Muses, c’est de transcender les artistes ! Grâce à elles, ils boivent au calice, ils jouissent de leurs caprices, ils s’embrasent devant leur édifice ! » « Elles sont la clé de notre Paradis, la garante de notre libre-arbitre et le poignard dans notre cœur ! » « Elles charment le serpent qui est en nous ! » « Sans Muse, pas de Passion et sans Passion, l’Art n’est pas ! » « Elle attise la Douleur, elle libère les instincts les plus dissolus, elle subjugue, elle est inconsistante, diaphane et, tout à fois, si réelle ! » « Elle est la caresse de la lame du bourreau et nos larmes brûlantes sont la quintessence de nos sensations inouïes ! » « Si La Luxure est l’encre du poète, elle est la vigueur du peintre ! »

 

L’italo-juif, un instant, troublé de souvenirs indécents ou magnifiants, déguisait ses truculences avec d’autres aveux suggestifs encore plus mirobolants. Depuis elle, il maîtrisait les roses, les pastels, l’incarnat rougissant, les ombres frisées, les lèvres délicates, les contours obsédants et d’intenses et licencieuses sensualités venaient s’afficher dans le trouble général…  

 

« Bois, Modi, bois !... »

 

Des enfilades de verres sur le comptoir ressemblaient à des myriades d’étincelants échos répondant à sa fougue. Il se délectait de ces flashs rythmant ses élucubrations ; aux vociférations effrénées de ses emportements pittoresques, ces guirlandes multicolores aveuglaient sa tirade exaltée. C’était ses récompenses suprêmes, le prix de son euphorie, les appels de phare à sa soif débordante. Alors, le geste grave, le regard fier, il s’accoudait au bar en acceptant ces ordres divinement péremptoires. Les verres l’attendaient comme des voyageurs sur leur quai de partance. Sans billet de retour et sans nulle délicatesse, il les envoyait dans le tunnel de son intarissable Ivresse…  

 

« Sans Frénésie, l’Art est un diamant sans carat ! »

 

Modigliani exultait en rotant dans les étoiles crottées du plafond ; bien sûr, il se pliait en deux pendant d’interminables quintes de toux, il crachait du sang, il pleurait son mal en riant ; il savait que seule la Mort le délivrerait bientôt de sa folie suicidaire. En perpétuels titubements, il repoussait les mouchoirs complaisants, les réflexions doctorales et les fauteuils bienveillants…  

 

Tout Montparnasse, cette bohème nuiteuse, vibrait en écoutant ses prodigieux éloges. Chacun pouvait la contempler, sa Déesse. Amadeo était tellement loquace. Même ses interludes d’abreuvoir la déshabillaient encore…

Elle était là, omniprésente, langoureuse, au milieu de tous ; son aura était palpable. Si près de nos sens, on pouvait la caresser, on pouvait lui parler, on pouvait l’admirer, ressentir sa chaleur animale et tous ses désirs de femelle insatiable. Voyeurs excités, on connaissait son parfum, la couleur de sa peau, la blancheur de son ventre, la pâleur de son visage, le trait de ses cils, ses yeux vacillants, l’ivoire de ses dents, l’arrondi de ses cuisses, son voile de pudeur indécent cernant ses hanches callipyges. On voulait l’étreindre…

 

Un vieux bandonéon tissait des notes branlantes dans le brouillard de la fumée ambiante. Accordé à l’unisson, il était la mélopée d’un vague à l’âme général où chacun recherchait un peu de réconfort dans le fond de son verre. Je crois qu’on était tous un peu jaloux de Modigliani. Tout à coup, la Belle Romaine entra dans le bar. Au brouhaha fiévreux succéda un immense silence convoiteux. Tout le monde s’était retourné, tout le monde l’avait reconnue…

 

 

Pascal

26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 08:45

 

“et avec ça vous me mettrez aussi une belle romaine!”
“Oui Ma'me Truchot. Celle-ci par exemple?”
“Euh... Non, pas celle-ci, plutôt cette petite là”
“Ah, ça c'est de l'huile sur toile... pépins d'courge et tournesol, Ma'me Truchot”
“Et ça veut dire?”
“Que des poly-insaturés Ma'me Truchot! Excellent pour la ligne si j'peux m'permettre”
“Vous m'en direz tant! Et c'est quoi la différence avec la grosse d'à côté?”
“L'autre, c'est une grosse romaine, une vierge première pression à froid et sans additifs”
“Et c'est meilleur?”
“C'est une affaire de goût Ma'me Truchot! Tous ceux qui bouffent de la Picasso n'aimeraient pas. Là on est dans l'original, le sublime... ça vient d'chez Modi en Toscane, c'est vous dire...”
“Ne le dites pas, finalement je vais prendre la plus grosse... avec tous mes morfals à la maison”
“Ah, l'père Truchot est rev'nu?”
“M'en parlez pas... depuis une semaine, et plus gros qu'avant. Vous verriez le tableau!”
 
“En tout cas vous faites un bon choix Ma'me Truchot, et pis celle-là est en promo”
“Alors ça fait combien tout ça?”
“Voyons voir... j'vous arrondis ça à 54 millions d'euros Ma'me Truchot!”
“Pffuiii... même arrondi, c'est pas donné, hein?”
“Que voulez-vous Ma'me Truchot, malgré la promo c'est la grosse romaine qui pèse dans vot' cabas!”
“Vous feriez pas la demi-romaine par hasard?”
“Euh... si j'en enlève un bout, forcément, ça va sacrément perdre de la valeur... mais au goût, vous y perdrez encore plus”
“Et si je l'assaisonne bien?”
“Attention Ma'me Truchot avec l'assaisonnement d'une vierge première pression à froid!
Y en a qu'ont essayé! Y z'ont eu des problèmes!”
“J'ai déjà entendu ça quelque part... et la petite alors? Aux pépins de courge et je ne sais quoi?”
“Ah, l'huile sur toile... bien sûr c'est moins cher et l'huile est déjà dessus... mais c'est pas du Modi, Ma'me Truchot! C'est du Wade, de l'amerloque!!”
“Et c'est bon l'amerloque?”
“C'est surtout loin, faut payer l'transport... après, c'est une affaire de goût Ma'me Truchot!”
“Ouais, une affaire de goût, comme pour l'autre... finalement vous m'avez embrouillée avec vos salades! Mettez-moi plutôt deux navets!”
“D'accord Ma'me Truchot! Deux navets, pour moi c'est tout pareil... enfin, c'est une affaire de goût Ma'me Truchot”
 
Vegas sur sarthe
25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 17:50

 

Suspendue

Je me balance au rythme de l'incertitude

Prisonnière de mes mornes pensées et de mes idées sombres

Suspendue

Préocupée, absente

Je déambule machinalement

Seule dans la multitude

Insensible à vos mots d'amitié, à vos gestes d'amour et à vos tendres inquiétudes

Suspendue

Dénudée, vulnérable

Exposée dans ma fragilité la plus intime

J'oscille entre mon reflet et moi-même. 

 

Enriqueta

25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 17:48

 

J’ai dû boire trop de mojitos, pour le coup, je crois voir ce sacré tableau bouger et me faire de l’œil ; déjà que c’est une provocation de l’avoir mis là. Simone a dit : ça te stimulera les soirs où tu manques d’inspiration. A présent ce sont les fesses qui s ’animent, je me frotte les yeux, je n’en crois pas mes mirettes ! C’est chouette l’alcool, ça met de l’animation au foyer. Dommage que la Simone ne soit pas là, eh bien ! Elle ne sait pas ce qu’elle a manqué, me quitter pour aller voir un film d’amour, elle se croyait en manque, ou quoi, mais je suis là, moi, et ce soir, je me sens prêt à assurer, et comment.

La voilà qui bouge encore ! Bon sang, c’est pas croyable ; pour un tableau vivant, c’est un tableau vivant, et moi je suis là comme un con, contraint à faire le mort et à me consoler avec ma bouteille. Allez, encore un petit coup, ça fait pas de mal et ça aide à oublier ! Bon, ça dure combien de temps, ce sacré film, j’espère que ça n’est pas un long métrage, sans quoi je vais m’écrouler avant qu’elle rentre et ce sera l’bouquet ! Pour une fois que je tenais la forme.

C’est vrai, après 30 ans et 30 jours de mariage, c’est pas toujours évident, il faut des petits suppléments, des choses qui vous excitent et vous stimulent un peu, comme cette belle peinture de Modi quelque chose, j’ai oublié la suite, je ne suis pas très calé en art, Simone vous le dirait, elle qui a un goût très sûr et s’y connaît en nus. Mais des nudités qui bougent, comme celles-là, j’en connais pas beaucoup, mon Dieu, je vais aller le décrocher et le mettre à côté, je ne plus supporter cette femme qui me provoque et me mets dans tous mes états.

- Allo, Simone ? Oui, c’est toi, le film est fini ? Bon, dépêche toi de rentrer à la maison…
- Quoi, tu vas boire un verre avec ta copine ? Ah, non, tu ne vas pas me faire ça ce soir !
- Pourquoi ? Mais parce que je t’aime, ma chérie
- Tu ne me crois pas, tu dis que je te dis ça uniquement quand j’ai bu, ça c’est la meilleure alors ! Bonjour la confiance ! Salut, et passe une bonne soirée, je me passerai de tes services comme d’habitude !

Simone, c’est vrai que je l’aime, mais elle ne comprend pas que j’ai besoin d’elle de temps en temps, alors je vais aller sagement me coucher, d’ailleurs la tête me tourne et cette fichue bonne femme accrochée au mur me tape sur le système, demain, je la mets en vente sur Ebay, ce sera mieux pour nous deux, et surtout pour moi.

 

Cloclo

25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 12:44

 

Ginette, cesse tu veux

De remuer sans cesse
Des fesses,
De jouer avec tes yeux
Tu n'es pas facile
A saisir, à peindre ainsi
Montre-toi docile
Ma chérie... merci !!
« J'en ai assez
De poser nue
En statue
Pour ton client Fortuné... ! »
Cette commande, mon amour
Nous sauvera de la faillite,
Toi si dépensière à ce jour
Que tu en as de la cellulite...
Fauchon et son épicerie fine
Sur toi, vois le malheur
Très chère...
Tes robes te boudinent
Heureusement mon acheteur
Aime les femmes bien en chair...
« Amedeo tu me fatigues té
Finissons-en...
Le gaz coupé
Je claque des dents... » 
Ah femme, je te saoule !
Bon, dévoile plus ton sein
Fais-moi ta bouche en cul de poule
Et rhabille-toi jusque demain !

« Maudit Gliani va ! »

 

jill bill

25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 09:44

 

Algorithme,

Alter égo?
Le rythme de nos coeurs,
Le rythme de nos hanches...
"Cessez de rêver madame, un algorithme est une méthode de résolution d'un problème utilisant un nombre finit d'applications d'une règle!"
"On dit pourtant Monsieur, que son inventeur, venu de la Perse mythique, était un incroyable amant!"
"Soyez plus réaliste Madame! Ne vous emballez pas!"
"Soyez plus romantique Monsieur! Laissez courir votre imagination!"
Le rythme de nos souffles,
Le rythme de nos reins...
"Cessez madame! Je ne vous demande que votre méthode pour résoudre le problème écrit au tableau!"
"Mais je vous assure Monsieur que c'est ce que je suis en train de faire! Prenez un peu de recul pour lire ce problème et asseyez-vous près de moi : regardez donc ces x, ils s'agitent, ils sont impatients, ne trouvez-vous pas qu'ils me ressemblent? Et ces y, ils font un effort désespéré pour rester droits et maîtres de la situation, n'ont-ils pas un air de famille avec vous?"
"Soyez sérieuse, Madame! Vous n'êtes plus une enfant!"
"Soyez léger, Monsieur! Vous ne serez plus jamais un enfant! ... Un algorithme est un tapis persan qui servait spécialement à recevoir les amours des fougueux sultans..."
"Voyons ma chère, laissez-moi faire mon cours!"
"Voyons mon cher, laissez-moi faire ma cour!...Ne dit-on pas que les algorithmes durent parfois l'éternité?"
"Seulement lorsqu'ils échouent, Madame, seulement lorsqu'ils échouent! Ils sombrent alors dans une insatisfaction perpétuelle!"
"Et les algorithmes qui s'accordent?"
"Ils n'ont qu'un nombre fini d'applications Madame! Ils ont une fin!"
"Comme les amours, Monsieur, comme les amours, ce qui ne les empêche pas de naître!"
"Vous voilà bien pragmatique Madame!"
"Vous voilà bien inquiet Monsieur!"
"C'est que l'éternité me fait peur, madame."
"Il n'y a pas de quoi, pensez aux algorithmes..."
Le rythme de nos lèvres
Le rythme de nos mains
Les tapis persans
Le rythme de nos souffles
Le rythme de nos reins
Les amants magnifiques
Le rythme de nos coeurs
Le rythme de nos hanches
"Le temps suspend son vol, Monsieur, n'est-ce pas cela l'éternité?"

 

Enriqueta

24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 17:53

 

- Supertapis mag2 j'écoute. Que puis-je pour votre service ?

- GPS position mxx, lyy ni tout à fait à l'ouest ni tout à fait au plafond. C'est pour un enlèvement
- Un enlèvement ? vous avez fait le bon numéro madame. Dites-moi tout
- C'est un bébé
- Un enfant, c'est prioritaire J'y cours j'y vole ...
- Oui enfin non. C'est ... enfin, Il lui a pris son doudou.
- Un doudou ? je vois ! encore un coup du gang des poussettes
- J'y cours j'y vole, j'en fais mon affaire du doudou.
- C'est que ...
- C'est que quoi ?
- Il ne veut pas retourner dans sa lampe. Il faut lui demander trois voeux.
- La maman du bébé vous recommande des trois-là.
- Mmmm dites toujours ...
- 1) que tout le monde sache s'écouter, s'entendre et se comprendre
  2) que le monde rende les armes des combats
  3) ah zut ! c'est illisible, je n'arrive à déchiffrer que impossible et lanterne.
- Pas de souci, GPS xy, je sais ce que cela veut dire mais dites-moi, la maman a bien toujours la lampe ?
- Oui mais cela ne va pas être facile, elle la met toujours en veilleuse.
- OK, je prends mon tapis et ma lanterne ... en route pour l'Impossible !


pièce à verser au dossier d'enquête -  Clic  

Jeanne Fadosi

22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 08:42

 

Prince des monte-en-l’air et de la cambriole

Pourfendeur des cœurs, d’alcôve en alcôve

Il déclame haut et fort ses love, love, love

Regardez, sur son tapis, comme il caracole

 

Enchanteur avisé, de l’aube au crépuscule

Il vole au zéphyr, de conquête en conquête

Il signe ses forfaitures en lettres majuscules

Et s’enfuit encore sur son bout de moquette

 

Cupidon de jupon, Jason de jarretière

Corsaire de corset, bourreau de dentelle

Il détache les rubans, il tire les ficelles

Admirez sa faconde et son allure altière

 

Effronté jusqu’au bout de ses balivernes

Il offre à qui l’entend ses bouquets de fleurs

Avec des salves de secrets entremetteurs

Toutes les vessies sont alors des lanternes

 

Il est passé par ici, il repassera par là

De nos femmes, il fera des maîtresses

Ecoutez ses tirades et tout son tralala

Et de nos filles, il détachera les tresses

 

Il les allonge sur les motifs de sa carpette

Et, invertébré  polichinelle sans carrosse

Le voilà jouant avec ces ingénues coquettes

Avec ses caresses d’épée à deux bosses

 

Le sourire aux lèvres, la plume au chapeau

De barricades, en imprenables châteaux

Il va, il vient, tel un grand souverain

En volant aux belles leur diamant butin

 

Attention à ces marchands de tapis

Ils  sifflent leurs tirades avec entrain

La pomme au Paradis était d’api

C’est le credo de leurs refrains

 

Méfiez-vous des princes en canasson

Et des vils maraudeurs en paillasson

Sans âme, ils volent notre Bonheur

En crucifiant d’aise nos restes de cœur

 

Criant « cocu » à chaque descente de lit

Les voilà, preux olifants, poétisant l’hallali

Sur notre tête, ils fabriquent des belles ramures

Que je déplore ici avec ces quelques ratures.

 

 

Pascal

21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 13:29

 

A travers les siècles, bien des légendes ont loué Ivan, avec des récits extraordinaires. Il en est une, pourtant, qui traverse le temps, au fil des contes et des rumeurs, toujours alimentée de grande verve par des narrateurs exaltés. Ecoutez donc cette fabuleuse histoire que j’ai moi-même entendue dans une taverne thaïlandaise ou dans un sauna breton, je ne sais plus.

 

Aux plus offrants, Ivan louait ses services et, de la Sibérie au Kentucky, de Sydney à Bombay et de Pont-de-chéruy à Paris, sa réputation était mondiale. On connaissait sa bravoure bien au-delà des frontières ; son courage légendaire n’était plus à démontrer. N’avait-il pas pourchassé des dragons dans l’Oural, combattu quelques sorcières sur les terres de Samantha (Samara), éborgné un cyclope dans l’Altaï ?...  Quand il était bachelier, on dit même qu’il a apprivoisé une sirène qui batifolait dans la Volga.

A force d’exploits sensationnels, il ne se comparait, ni plus ni moins, qu’au soleil, et on pouvait lire sur sa carte de visite : « Je suis le Maître de la Lumière, L’habile passeur des couleurs, Au défi de peindre la terre entière, Je suis l’éblouissant Enlumineur. »

 

Dans une lointaine contrée, la fille du sultan Dey Tappi se mourait lentement ; Toutes les potions, tous les mages, tous les charlatans, tous les médecins étaient incapables de guérir la belle Agnishikha qui, comme chacun le sait, veut dire : Flammes du feu Divin, en indien. Mal d’Amour ou maux de ventre, personne n’avait l’onguent guérisseur.

Un des bristols d’Ivan parvint jusqu’au sultanat et on le fit quérir sur le champ, enfin, dans les airs puisqu’il fut mis à sa disposition un tapis volant de première classe.

 

Ivan fut reçu en grande pompe (à cause des inondations qui sévissaient dans la région). Subjugué par la beauté de Agnishikha plus que par l’or de son père, il fit vœu de réussite et partit aussitôt à la recherche de l’animal mythologique ; lui, l’affable conquérant, de par toutes ses aventures rocambolesques, il savait bien que seule une larme de grand Phénix pouvait guérir « Flammes du feu Divin » de son mal incurable. Tous les mercenaires dans la course, les Aladin et leur lampe merveilleuse, les Merlin et leur balai magique, les Sherlock et leur docteur spécialiste n’avaient qu’à bien se tenir…

 

Pour faire entrer cette histoire dans une seule page, je vous passe la somme des exploits qu’il dut réaliser pour capturer l’aigle prodige. Il paraît qu’il y a des échos de cavernes qui tremblent encore en racontant les combats épiques ; des ricochets de pierre n’en finissent pas de surfer sur les vagues de ses tours de force ; les larmes de la rosée du matin pleurent encore quand le vent rapporte l’éternelle légende…   

 

« C’est Ivan, c’est Ivan, c’est lui qui a capturé le grand Phénix ! » crièrent les chouettes matinales !...

 

Quand il revint, sur son tapis d’Orient Express, toujours reçu en grande pompe, (le sultan chaussait du quarante-six), il fut acclamé dans toute la ville et sa proche banlieue. Ce fut la liesse générale comme on ne l’avait connue qu’une seule fois, c’était pendant le grand bazar, celui de l’année d’avant, avec des remises exceptionnelles de vingt pour cent sur tous les tapis de salon.

 

« C’est Ivan, c’est Ivan, c’est lui qui a capturé le grand Phénix ! » crièrent les chouettes crépusculaires !...

 

D’ailleurs, sur cette magnifique fresque, parvenue jusqu’à nous, on peut voir Ivan voguant sur son tapis volant VIP, avec l’animal fabuleux emprisonné dans sa cage dorée. Remarquez la finesse des détails, l’extravagance des motifs, la luminescence ambiante.

 

Après l’atterrissage, tellement heureux de sa victoire, notre héros laissa échapper le grand oiseau au moment de l’ouverture de la cage en or. Les avis divergent pendant ce grave passage de l’histoire. Certains disent qu’il l’a laissé fuir, d’autres affirment que le Phénix s’est volatilisé au soleil levant. Bref, son envol fut majestueux mais il revint pourtant se poser sur le bras d’Ivan, l’homme au cœur pur. Le bel oiseau renifla un instant et, au bord de son bec en or massif, il laissa couler une larme de diamant puis il disparut dans l’azur.

Le paladin ému courut raviver Flammes du feu Divin en lui tendant cette fabuleuse étincelle. En langage de supporter marseillais, on dirait qu’il lui a mis le feu. Aussitôt guérie, la belle tomba amoureuse d’Ivan. Imaginez un diams de deux mille carats dans la balance, n’importe quelle rani devenait immensément riche ! Au prochain bal, elle allait parader avec son bouchon de carafe devant toutes les copines !

 

Le mariage eut lieu en grande pompe (à cause de tous les fastes déployés pour la circonstance). On fabriqua des divins divans d’Ivan, à son portrait, avec des tapisseries tissées dans des soieries rares, on fit des peintures, « divant » et derrière, d’Ivan sur son tapis volant, on érigea des statues à son effigie ; on dit même qu’un grand Phénix plana sur l’esplanade en laissant dans son ombre des myriades d’étoiles filantes. Le sultan, en babouches de cuir d’astrakan, battait la semoule… la semelle, en supervisant tous les projets qu’il avait sous son turban.

 

Avec son beau-fils, il ouvrit des comptoirs un peu partout dans le monde. L’association Ivan Dey Tappi connut un vif succès ; mais notre héros, las des moquettes et des paillassons, repartit vers une nouvelle aventure extraordinaire mais… c’est une autre histoire… 

 

 

Pascal

20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 11:01

 

J'ai failli m'étouffer quand il a dit qu'il s'appelait Ivan Détapi.

J'étais le premier à l'ouverture du Mondial de la Locomotion de 1880 à Moscou et aussi son premier client, alors j'ai eu droit au grand jeu avec salamalecs, tapis rouge “cochenille” et tout le toutim.
Le message était clair, brodé en lettres d'or sur un grand calicot:”Chez Ivan Détapi, que des tapis persans, pas de tapis percés!”.
D'emblée il me proposa une reprise pour le mien, comme si le mien était troué!
Comme je déclinais il s'embarqua dans des détails techniques “coton” sur la chaîne et la trame, les franges tressées et les noeuds asymétriques, auxquels je ne comprenais rien vu que le mien était des années soixante, enfin... 1860.
Puis il m'entraîna devant un bolide rouge “garance” aux motifs floraux safranés... un dix mille noeuds au décimètre carré qui montait soi-disant à deux cent à l'heure en quinze secondes!
Moi, j'en voulais juste un qui attire l'oeil des vierges sur mon passage, qui soit doux au toucher avec une bonne odeur de chèvre bien nourrie.
Je me fichais pas mal de ce grand coffre en plein milieu qu'il appelait une “boîte auto”.
Son bolide était un bijou de deux canassons fiscaux avec parait-il deux “air” bagues, mais le mariage ne m'interessait pas, seulement la conquête féminine et l'envie de voir du pays.
“Vous, vous cherchez un aspirateur à mousmé” me souffla t il à l'oreille avec un clin d'oeil lubrique.

J'ai toujours eu horreur des gens qui cherchent à me brosser dans le sens du poil et j'ai commencé à lorgner vers les stands concurrents.
Il y avait du berbère, de l'arménien et même du pakistanais, des tapis à l'odeur bizarre - sans doute des trucs à fumer - des tapis psychédéliques avec des étoiles, des rosaces, des vases et même des scènes de chasse, des jaguars avec un grand “J” lumineux en forme de cimeterre!
Pendant ce temps, Ivan rongeait son frein.
“J'ai ce qu'il vous faut” a t il crié en me secouant comme un figuier “un vénitien, une seconde main conduite par Kazanova lui-même et qui vous donnera toute satisfaction! Avec ça, vous allez vous envoyer en l'air”
J'ai demandé “C'est qui ce Kazanova?”
Il me regarda bizarrement avant de sussurer à mon oreille :”Un aventurier Môssieur, LE séducteur Môssieur... plus de cent quarante femmes à son actif dont des filles à peine pubères et même sa propre fille... Môssieur”.
“Et pourquoi s'en sépare t il?” demandai-je.
“Excès de vitesse, Môssieur... l'aventurier s'est pris les pieds dans le tapis et purge sa peine en prison à l'heure qu'il est. Vous feriez une bonne action en...”

Comme j'hésitais à l'idée d'acquérir ce tapis de l'inceste aux relents adultères, il tenta une pirouette: “J'ai un concept-carpet et aussi un tout nouvel hybride, le dernier cri... laine, soie et coton mais les clients rechignent à essuyer les plâtres et préfèrent les modèles éprouvés”.
Le dernier cri... ne me disait rien qui vaille, moi qui ne rêvais qu'aux soupirs et plaintes suaves qui font la magie des soirées branchées d'Ispahan ou de Katmandou.
Je lorgnais sur le vénitien où Kazanova était grimpé au septième ciel tant de fois.
“Allez...” conclut Ivan Détapi “je vous le shampouine gratis, si vous signez là!”
Alors j'ai signé...
Je me demande si je ne me suis pas fait avoir avec ce tapis volant... sans volant.
On vient de me le refuser au contrôle technique.

Vegas sur sarthe

19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 19:01

         

Je lis ces jours-ci un livre de science-fiction mais j'accroche moyennement. L'auteur imagine des engins gigantesques capables de transporter dans les airs plusieurs centaines de passagers, construits en aluminium et matériaux futuristes comme de la fibre de carbone, avec un abus pénible à presque toutes les pages d'un jargon pseudo scientifique, style moteurs à réaction, thermoplastiques, dispositifs hypersustentateurs et soudage au laser. En outre l'auteur postule que la terre est non point plate mais ronde, et allons donc. Et pourquoi pas des fusées pour aller sur la lune tant qu'on y est.

J'avais préféré ce roman d'anticipation assez réaliste dans lequel l'auteur, de manière très astucieuse, dote ses héros d'ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées de plumes collées avec de la cire, qui leur permettent de s'échapper de l'île où on les retient prisonniers pour avoir aidé la lune à s'accoupler avec un taureau blanc. En y réfléchissant, je crois d'ailleurs l'idée tout à fait possible, pour peu qu'on prenne soin de voler assez près du soleil pour ne pas attraper un rhume dans les courants d'air et les jet-streams. On le voit, donc, j'aime la science-fiction, mais il faut que cela reste crédible. 

J'étais encore dans cette songerie quand je faillis me faire emplafonner par trois chouettes. Elles passèrent à ça, manquant d'effranger mon tapis volant entièrement noué à la main, qu'orne la représentation des quatre continents. Je ne suis sans doute pas le seul que les chouettes effraient, quoique grand-duc, lorsqu'elles volent aux instruments, comme les chauves-souris au radar, pour rejoindre leurs clochers à bulbe. Me secouant de ma rêverie je poursuivis mon vol dans le ciel boréal, au-dessus des bouleaux et des lacs, jusqu'à la datcha dans les nuages, sans autre vis-à-vis que la lune, où je passe la belle saison à lire des ouvrages de science-fiction en fumant des belomorkanal.


Bricabrac

19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 17:59

 

"Il était une fois" c’est ainsi que commencent les histoires. Celle-ci, bien que banale, ne déroge pas à la règle.

 

Il était une fois une dame devant entreprendre un long périple pour rejoindre une ville située dans une contrée lointaine. Hélas, son bagage fait de quelques coffres lourds et volumineux ainsi que de babioles délicates et précieuses à ses yeux était bien difficile à acheminer pour elle, aussi se résolut-elle à faire appel aux services d’Al Adhin.

 

Au jour et à l’heure convenus, une ombre gigantesque assombrit le seuil de porte où, fébrile, la dame attendait. Elle leva les yeux et put admirer la dextérité avec laquelle Al Adhin surgi des cieux posa, sans un pli, son grand tapis persan sur le sol.

 

L’homme, de belle prestance, la salua d’une inclinaison brève du torse et sans un mot, pénétra dans la maison pour saisir tour à tour tous les bagages. Quand tout fut disposé à son goût sur le tapis, qu’il eut vérifié le bon équilibrage de la cargaison, il s’inclina à nouveau invitant ainsi la dame à s’installer auprès de la lanterne trônant au centre de l’équipage.

 

Un instant déconcertée par le départ imminent, la dame referma la porte à clef et inséra celle-ci dans la boîte aux lettres puis d’un pas résolu foula la laine douce et délicatement colorée du tapis qui doucement vibrait. D’un dernier regard elle dit adieu au lieu où elle avait vécu heureuse mais déjà, happée par l’air frais du matin brumeux, elle oublia toute mélancolie.

 

Que le monde était beau vu du ciel ! Ici, les méandres de la rivière étincelaient, là, l’immense forêt s’étendait à perte de vue. Des champs, des monts, des lacs, un désert, tout l’émerveillait. Parfois, d’une pression de main sur son épaule et d’un signe de bras, Al Adhin lui indiquait une ville, un monument ou simplement un nuage irisé. Nul mot ne s’échappait de ses lèvres. Seule une douce mélopée semblait à certains moments remercier les trois oiseaux volant à leur côté pour leur aide précieuse à la navigation.

 

Au loin le soleil déclina et un premier quartier de lune apparut dans le ciel. Le voyage touchait à sa fin, les oiseaux plongeaient par palier en direction d’une bourgade.

 

Quand le camion freina et que cessa le ronronnement monotone du moteur, le déménageur s’étira longuement et dit : nous voilà rendus, Madame !

 

Alors, alors seulement, la dame prit pleinement conscience que sa vie venait de muer et qu’il lui faudrait désormais la reconstruire dans ce nouvel environnement. 

Sur la bâche de toile du poids lourd, trois oiseaux stylisés sous la dénomination Al Adhin – déménageur tout pays semblèrent l’y encourager d’un battement d’aile…

 

D’un sourire reconnaissant mais retenu la dame remercia monsieur Al Adhin de sa discrétion dans ces moments émouvants pendant lesquels les vieux contes de son enfance avaient ressurgi pour adoucir le déchirement qui l’étreignait…

 

Mony

19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 11:40

 

Victor, je me permets de t'appeler par ton prénom, ton nom est trop long et de plus je ne suis pas contente de toi. Je ne sais pas ce qui t'a pris de peindre en homme en vert sur un tapis volant de plus avec une grosse lanterne allumée. Tu ne sais donc pas qu'il faut faire des économies d'énergie ?

 

Ah ! Si ! C'est pourquoi tu le fais voler sur un tapis ? Je comprends mais si le vent se monte, ton bonhomme costumé se retrouve au sol et il n'aura rien d'un prince charmant tout disloqué.

 

Tu me dis que c'est pour faire rêver les petites filles et bien là tu réussis, elles croient toutes que leurs amoureux seront des princes beaux et surtout riches. Je ne voudrai pas dire mais lorsqu'elles s'apercevront qu'il y a tromperie, c'est devant les juges que tu comparaîtras, encore heureux pour toi, il n'y a plus la peine de mort.

 

Cela ne mérite pas la mort ? Bon c'est vrai, je suis un peux excessive mais j'y ai cru moi au prince charmant sur son tapis volant avec sa lanterne allumée mais au lieu de ça, un mec comme un autre, pas très beau et de plus fauché puis que les copines se sont servies avant moi et que je n'ai récolté que le tapis malheureusement rapiécé.

 

Et puis quelle idée de peindre le costume du prince en vert, sur tout le reste de cette même couleur, on ne le verra pas ton prince ; tu n'as donc pas d'autres couleurs Victor ? Je t'avais prévenu que je n'aimais pas le vert mais comme d'habitude tu n'écoutes pas alors ta toile, je vais m'en faire un feu de bois dans une Isba au fond de la Russie qui elle me fait rêver.

 

Aimela 

18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 15:33
 
Viktor, le marié
Arrivait en tapis volant
Les bras chargés
De présents
Comme dans un conte joli...
Avec Aladin pour parrain
Nul défi
Avec impossible se tient !
Anna en manteau de fourrure
Scrutait le ciel, impériale
Les joues carminées par la morsure
Du froid hivernal...
Soudain, trois chouettes
Annoncèrent Viktor, l'homme du jour
Elle leva plus encore la tête
Les yeux brillants d'amour...
On ne peut rêver mieux
Plus fantastiques épousailles...
Pourquoi faut-il, bon dieu
Que le réveil vous rappelle au travail
Pour reprendre votre place
Dans le morne trafic... soupir,
Le boulot, la paperasse,
Le chef pas charmant, gros soupir !
 
jill bill
 

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