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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 21:18


Le gros gamin stupide
À vrai dire, on a jamais aimé le tour de France chez moi, un truc de vieux supporteurs cons retraités ou gros et rsaistes (RSAistes?)
J'avais entendu par hasard le début du tour de France sur je ne sais pas quel canal, j'allumais rarement la radio, je ne sais pas pourquoi je l'ai fait cette fois-ci 'ailleurs.
 
Je n'ai pas trouvé ça stimulant ou enviable, parce que oui j'ai allumé la télé, non, plutôt j'ai changé la chaîne car la tv est toujours allumée. lol, et même, bordel de lol, bien que ce soit inutile de rajouter ça à ma phrase voire inutile voire lourd dingue, de tout façon pour un gros gamin stupide peu importe.
 
Faîtes une dissertation sur le tour de France et l'humanité dans le cyclisme.
"Des vélos et des hommes." Ah ah.
 
Bon OK, je ne sais pas faire de vélo, ben quoi, et alors?
C'est vrai que vu que c'est parti pour que je n'ai jamais de voiture je devrai peut-être au moins acheter un vélo.
C'est même pas drôle, pas de haha qui tienne.

Peu importe ce que l'on comprend, peut importe.
On ne comprendra jamais pourquoi ça s'est passé comme ça.
Pourquoi ça se passe comme ça.
Et ça se passera comme ça.

DAT VÉLO
C'est facile d'apprendre le vélo, il suffit d'en avoir un.
Pour une fois j'avais de l'argent, plein d'argent, 60€ à dépenser pour une simple brocante bordel.
Et puis c'est vrai qu'une brocante c'est rare dans le coin, j'en ai vu 3 en tout. C'est plutôt sympa.

Et puis c'est vrai que ça permet d'oublier l'appart' un peu naze, et surtout tous les genres de bestioles qui y vivent.

Un mec, Jean qu'il disait, qui s'en soucie, soyons encore plus inutilement précis, Jean Burdot, vendant un vélo de course excellent comme quoi il n'en voulait plus etc.

J'avais 60€ donc j'ai proposé 50€ (pour pouvoir monter de 10€ pourquoi pas?)
Et il me l'a vendu sec avec tous les accessoires: gourde, pneus de rechange, rustine, klaxon. Il était genre tiens, donne, merci au revoir à bientôt c'était un plaisir belle journée n'est-ce pas j'ai bien vendu mon vélo profites-en bien il est vraiment cool et agréable quand tu montes dessus et avec de belles courbes avec ça enfin bref voilà c'est  bon tu veux acheter autre chose.

Le vélo c'est toujours ça
Bon c'est sûr que même si les autres ils sont sur des scooters coffre rempli de drogue et parfois en voiture volée, ben un vélo c'est toujours ça pour s'occuper, se fatiguer à autre chose que se battre et puis ça peut même être considéré comme pratique.

Le permis
Enfin bon c'est qu'un début, mais je me sens mieux.
Je crois que j'ai perdu 5kilo. Je suis inscrit à une auto-école et je vais passer le code dans deux mois.
J'ai presque l'impression que je vais avoir un permis de conduire et une voiture, c'est troublant excitant et stressant.
 
 
Kevin
4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 20:59
 
Inscription
Je suis Jean Burdot.
Je ne pensais pas que les frais pour participer au tour de France étaient si nombreux.
J'ai heureusement pu trouver 14 sponsors qui ont cru en mon potentiel.
Et c'est vrai que j'avais déjà un petit entraînement dans le cyclisme, champion depuis 3 années du "Grand Vélo de Lyon", participants 5 fois au tour de France en 2005, 2008 et 2011 classé 45e, 26e et 17e.
 
Venant d'un petit village perdu, ou le peu de commerces encore présent fermaient. Avec plus qu'un bar et une épicerie.
J'ai souvent presque oublié le nom de mon village.
 
J'ai eu beaucoup de chance, ma famille m'a beaucoup aidé et m'a été très utile, je servais de conseiller marketing et publicité pour l'entreprise dans laquelle mon père avait été promu il y a 23 ans conseiller de stratégies économiques et placements financiers répondant directement et uniquement au PDG.
 
Je ne pensais pas que j'arriverai si loin. Déjà la 14e étape du tour. J'ai réussi à être parmi les premier: donc bien placé au départ.
Si je garde ma position je peut espérer monter en tête.
 
Rapport du centre de soins établie à l'avenue léon blum.
Étape 14 a commencée depuis 8 heures et demie.
 
Le peloton de tête est passé de  16h42 à 16h49.
Le coureur de tête semble avoir des problèmes soit de muscles soit de dos.
Deux problèmes médicaux musculaires: une élongation et une foulure.
Aucun des deux ne pourra remprendre le tour.
Ils se sont reposé une demie-heure puis sont rentrés chez eux, déçu de leurs abandons forcés.
 
Entre 17h26 et 17h48 nous avons remarqué deux coureurs particulièrement fatigués et avons appelé le centre de soins suivant pour les avertir de faire particulièrement attention à eux qui passeraient selon notre estimation entre 40 et 45 minutes plus tard soit vers environ 18h16.
 
Aucun soucis particulier.
 
Les abandons dans la fin de la course étant plus nombreux nous avonc accueillis surtout des coureurs fatigués avec les muscles noués et parfois avec plusieurs crampes.
 
Rapport du centre de soin établi à Salle-Les-Alpes
Étape 14 a commencé depuis 9 heure.
 
Le peloton de tête est passé de 17h58 à 17h18h09.
Le coureur de tête s'est arrêté, a voulu reprendre la course mais avait une élongation sévère d'un ligament à la jmabe droite.
Le thérapeute l'a diagnostiqué: l'élongation est sévère. Il va procéder à une mésothérapie et le coureur devra se reposer plusieurs mois.
 

Nous avons vu deux coureurs essoufflés à 18h12 et 18h34, le premier a repris après deux minutes mais le second ne pouvait pas reprendre et est resté sur notre centre pour récupérer.

Il y a eu 7 abandons dans la fin de peloton.


Fin
Je vais devoir me reposer un mois sans rien faire pour que ma jambe récupère. C'était une sacrée élongation. Aura-je trop forcé sur ma jambe? Pourtant je sais ce que c'est que le tour de France...

Mon père et l'entreprise m'ont affirmé qu'il n'y avait pas de problème et que mon équipe se chargerait de la pub sous les ordres de mon second.


Note de Jean Burdot du 19 juillet 2014:

 

N'ayez pas le coeur endurci
Car blanchit la campagne,
Cloué nu sur le poteau
Exposé à soi-même.
 
L'enfer c'est les autres,
Allongé par le temps,
Temps, dieu sinistre.
 
Tada dadadada dadada dadadada
Badada dam dam bam bam dam
Bam bam bom bom bam dam.
 
Une histoire comme une autre,
Une histoire,
Car tout n'est qu'histoires et tout est vrai et faux à la fois.
 
 
Kevin
4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 16:02

 

On s’était rapprochés du passage à niveau…  

 

A cette époque lointaine, il passait encore des lourdes locomotives à vapeur, au ralenti, transitant, ahanant, alourdies, entre Grenoble et Valence. Certaines faisaient leur plein au château d’eau de notre gare et, quand elles repartaient, en suintant des larmes de chaleur brumeuse, les grosses roues en acier patinaient sur les rails au milieu des jets de vapeur et des coups de sifflets stridents. Des hommes étranges, moitié charbonniers moitié mécaniciens, pilotaient ces monstres infernaux mais ils aimaient bien lâcher les purges des chaudières dans les jambes des spectateurs admirant leur spectacle dantesque du redémarrage pénible. Il fallait du courage pour ne pas fuir devant ces noirs titans d’acier aux renâclements de ferraille martyrisée… Les ballasts s’écrasaient, les verrières alentour tremblaient, les oiseaux se cachaient et la cime des grands marronniers se perdait dans la fumée âcre des cheminées surchauffées. Moi, je donnais la main à mon papa et, sous son indéfectible protectorat, j’aurais pu le suivre n’importe où…

 

La caravane publicitaire, ses meuglements dantesques et son cortège de klaxons italiens avaient lancé aux badauds tout ce qu’on peut jeter de colifichets, de réclames et de prospectus multicolores. Les porte-voix, les haut-parleurs, les cris, les refrains scandés à la cantonade, c’était autant d’étincelles mirobolantes bousculant le présent avec des exaltations soudaines et forcenées. Toute la Drôme, tout Romans et tout mon quartier étaient aux fenêtres…  

 

Mon père m’avait couronné d’un chapeau en papier du journal : Le Progrès de Lyon qu’il avait attrapé au vol et je passais mon temps à le relever tant il me tombait sur les yeux. Pourtant, j’étais tout fier de parader avec ce bicorne éphémère ! Je relevais la tête, décoré comme un roi, ceint comme un empereur supervisant la bataille imminente !... Bien sûr, d’autres gamins étaient coiffés avec le Dauphiné Libéré. Plus prompts, plus lestes ou plus âgés, ils avaient raflé d’autres publicités, d’autres bricoles bariolées, d’autres bonbons à deux sous, avec leurs appels bondissants de trottoir. Il y avait tant à regarder tout autour de nous. Le spectacle était à nos portes… Moi, je tenais la main de mon papa pour qu’il ne lui prenne pas l’envie soudaine d’applaudir le cortège, ses couleurs et ses fastes racoleurs…

 

Puis vint un silence intense. Ce genre de silence qui augure une tempête, une apothéose, une communion, une variation brusque du moment ; celui qui va, de toute façon, modifier l’entendement à vie en s’imprégnant de force dans les souvenirs les plus heureux, les plus mémorables, les plus tendres, les plus émus. C’était l’œil du cyclone. Quelques drapeaux tricolores pendaient aux balcons du paysage. On entendait des radios crier les échappées avec des scores de minutes d’avance et des déficiences malheureuses de voiture balai. Un oiseau s’était avancé sur sa branche et je suis sûr que ce devait être la Marseillaise qu’il chantait au bout de son bec. Je savais qu’il allait se passer quelque chose d’extraordinaire mais j’ignorais encore tout de la trame du film qui allait se dérouler sur l’asphalte brûlant. C’était comme un suspense languissant, un dénouement irréel où les trépignements de la foule battant le pavé, leurs supputations de classement, leurs imaginations de spécialistes profanes, devançaient la réalité de la course…  

 

Tout à coup, il est arrivé deux motards en livrée de prestige. Le bruit de leurs engins était comme un grondement de tambours, une exécution proche, un roulement au bout d’un discours, une sentence menaçante… A leur bouche, maquillée d’épaisses moustaches protubérantes, ils parlaient à la foule avec leurs sifflets stridents en interposition surnaturelle. (Longtemps, j’ai cru que les gendarmes en bleu ne parlaient aux gens du bord de la route qu’avec des sifflets) Instinctivement, nous nous sommes reculés à l’approche du convoi exceptionnel. Ils ouvraient la route… C’est comme monter, en courant, sur des chevaux de bois : leur patine inquiète, leur silence interroge, leur immobilité surprend, leur immortalité dérange. On ne sait rien, à l’avance, des ruades sauvages, des crinières agitées, des soubresauts déroutants et des galops du manège… Moi, je gardais la main de mon papa parce que je ne savais rien de cet avenir si prometteur…

 

Soudain, ils sont arrivés… Ils étaient serrés, grégaires, en peloton multicolore, ramassés sur leurs montures, en chambardement de dérailleurs malmenés sur notre difficile passage à niveau. Les pédales sollicitées d’efforts brillaient dans l’air, en échange du soleil, celui les magnifiant tous héros dans notre fier décor drômois. C’était un tourbillon en couleur, un sommet d’ardeur surmultiplié, une allégorie exaltée, où les parfums de goudron chaud se mélangeaient de hardiesse avec les numéros des dossards…

Et puis, cet air venu de nulle part, soulevé par la déferlante de l’effort, cet air chaud et moite, bien plus impressionnant que ces sueurs de locomotive, cet air rempli d’harmonie laborieuse, au diapason volontaire de la gagne, qui remplissait mes poumons de petit supporter… C’était un envol précipité de papillons farouches, une chanson furtive de prairie, une bousculade organisée d’enluminures chamarrées aux bourdonnements intemporels de la course emballée et aux cris des spectateurs impressionnés…  

 

Je voyais la sueur, je sentais la volonté, je touchais la violence de l’effort !... Tout était palpable dans mon euphorie spectatrice !... Le maillot jaune !... Le maillot vert !... Le maillot arc-en-ciel !... Tous les coureurs se bousculaient à la porte de mes sensations les plus intenses !... J’avais des frissons intenables, de ceux qu’on ne maîtrise jamais, de ceux qui vous propulsent dans une autre dimension bien plus aérienne, bien plus planante, bien plus irréelle… J’avais mal pour eux à cause du passage à niveau gênant et des rails proéminents qui tapaient dans le creux de leurs dos arrondis. Les drapeaux des balcons se dépliaient en claquant des bleus blancs rouges, forcément vainqueurs…

 

Mon chapeau publicitaire s’est envolé, mais je pressais la main de mon père pour ne pas être aspiré  dans le sillage du courant d’air des coureurs légendaires…

 

 

Pascal

4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 14:31

 

Je t’avais bien dit Tino de ne pas manger de cassoulet

V’là qu’en plus de la pluie qui arrose mon casque

Tes odeurs elles aussi m’inondent et je crie grâce !

 

 

Jak

4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 13:11

 

Gagner son oeuf
A la force du mollet
Se faire boeuf
Pour être le premier...

Allez allez, hop hop hop
Lance le spectateur
Les mains dans les poches
Sportif dans son coin
Ou devant sa télé...
Allez allez, dope dope dope
Relance le directeur
La main à l'aiguille, anguille sous roche,
Qui mène son poulain
En haut de la montée...
Il drache sur Cherbourg
Et ses parapluies
Sur ces cinq échappés
Qui mouillent le maillot...
Dans deux, trois tours
Le calvaire se finit
Les kilomètres seront bouclés
Au régime selle de vélo !
Mais vlà que Para chute
Sous les trombes de flotte
Sonné sur le macadam
De l'infortune, pied à terre...
Ah zut eh flûte
Et crotte
L'équipe s'exclame...
Contre ça boss, il n'est rien à faire !

 

 

Jill Bill 

2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:25
 
Faut qu' je me casse,
Ou les fayots,
Qui sont menace
Pour mes boyaux,
J' pourrais plus les voir en peinture !
 
Faut qu' je me fasse
Une raison,
C'est dégueulasse
A la maison ;
C' n'est mêm' pas d' la caricature !
 
J'en ai ma claque
Des cassoulets
En boît', je claque
La porte au nez
De ce cloaque ;
Chez l' japonais,
L' chinois, l' slovaque
Ou l' libanais,
J' pars me desserrer la ceinture !
 
Faut qu' je me casse
Où les fayots
N'ont plus leur place,
Où mes boyaux
Trouv'ront d' la meilleur' nourriture !
 
Faut qu' je m' déplace !
A caus' du lard
Et cett' sauc' grasse,
J' pète un boulard !
Fil' moi donc les clés d' la voiture !
 
J'en ai ma claque
Des cassoulets
En boît', je claque
La porte au nez
De ce cloaque ;
Chez l'albanais,
Mêm' s'il arnaque,
Ou l' polonais,
C'est toujours mieux qu' cett' pourriture !
 
Chaqu' fois qu'il passe
Monsieur Saurin,
C'est la grimace,
Le mêm' refrain...
J'en ai ma claqu' de sa mixture !
 
Viens, viens, on s' casse
Pour un resto,
Pour une glace...
Mets ton manteau,
Ce soir, au diable la torture !
 
 
Nhand
2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 08:59

 

A l’heure du dîner, même investi par un nouveau jeu, une nouvelle bêtise, un nouveau défi, quand je passais en courant dans la cuisine, je n’oubliais jamais de soulever un ou deux couvercles pour voir ce qui mijotait à l’intérieur. Aux senteurs exhalées, je savais tout de la soupe de poireau-pomme de terre, avec sa grosse saucisse flottante, d’un plat réchauffé du midi ou d’une préparation de dernière minute. Parfois, c’était ces fameux raviolis. Un peu épais, ils avaient des franges épaisses comme si on les avait taillés dans de la pâte brute. Ma plus jeune sœur en aurait bien confectionné des oreillers pour ses petites poupées !... Tout autour d’eux, des bulles onctueuses s’échappaient en explosant mollement dans leur sauce tomate. Toute la maison se mettait au parfum du futur repas. On entendait des : « Ca sent bon !... » « On mange à quelle heure ?... » « Faut mettre la table ?... » C’était bon d’accumuler les bons moments. Je savais que j’allais me régaler à table et je repartais en courant, à d’autres jeux de conquête, à d’autres espiègleries, à d’autres cache-cache.

Je n’ai jamais bien su avec quoi ils étaient remplis, ces raviolis, mais c’est sans importance. Ils avaient un arrière-goût d’herbe et de viande et cette seule évocation en fait un plat exceptionnel à mes papilles de souvenances attendries.

 

Pourtant, quand il fallait ouvrir la conserve, c’était une autre aventure. Nos ouvre-boîtes étaient tous aussi pénibles à manier les uns que les autres. Il y en avait un peu dans tous les tiroirs et placards de la cuisine comme si chacune des boîtes des étagères avait son ouverture personnelle. Certains avaient des pinces qu’il fallait serrer au bord des lèvres de la conserve ; d’autres étaient comme des remontoirs de pendule qu’on faisait tourner sans déraper autour du couvercle ; ils arrachaient l’étiquette, mais il ne fallait jamais s’arrêter… D’autres encore plantaient leur dent acérée dans la tôle et par un jeu habile du poignet, on le faisait avancer prudemment dans la rigole du couvercle brillant.

« Le plus dur à préparer, dans une boîte de conserve, c’est son ouverture…», disait maman. Parfois, elle en utilisait trois en même temps !... Un pour planter, un pour découper et un autre pour soulever !... Cela finissait toujours avec des grands moments de colère !... « Et toi, sors de ma cuisine !... »

 

Moi, j’aimais bien bidouiller ce mécanisme minutieux, avec des ressorts, des crans, des molettes aiguisées, des écrous cachés ; à vide, c’était tout un système d’enroulement compliqué qui tournait devant mes yeux curieux. Je passais mon doigt sur l’éperon pour apprécier le danger de la coupure, j’estimais les engrenages et je leur promettais toujours un démontage intégral pendant la torpeur générale de la sieste d’un après-midi.

Je voulais bien l’aider mais, trop petit, je n’arrivais même pas à tourner cet appareillage compliqué empalé sur la boîte !... « Pousse-toi de là, ce n’est pas un jouet !... »

 

Je me souviens… Maman souffrait mille maux pour tenter d’ouvrir la grosse boîte. Ses mains, crispées sur l’outil et la conserve, devenaient toutes blanches, sa figure se déformait sous l’application forcenée et les lames pénétraient doucement dans la ferraille de la boîte sous ses ahanements de difficulté. Elle s’aidait de son torchon pour préserver ses doigts, maman. C’est peut-être pour cela qu’on mangeait peu de conserves à la maison… « Sors de mon tablier !... »

 

Fallait vraiment qu’elle soit à la bourre de son emploi du temps de cuisinière pour sortir la parade des boîtes de conserve. Parfois, alerté par sa hargne laborieuse, mon père venait à la rescousse mais dans ses mains l’ouvre-boîte devenait comme un instrument vraiment bizarroïde. En maugréant, il le tripotait dans tous les sens pour l’adapter à sa compréhension mais l’appareil échouait invariablement sur la table de la cuisine dans un geste de colère mêlé d’impuissance. Alors, encore une fois seule au monde, maman recommençait patiemment son ouvrage d’ouverture en priant ses troupes de saints habiles, ceux qui l’accompagnaient à l’habitude…

En hiver, même le chien de chasse traînait sous la table, tel un aspirateur à l’affût d’un renversement inopiné de pâtes pour tout bâfrer en vitesse. Enfin, quand le couvercle s’ouvrait sous mes bravos impressionnés, c’était comme une épineuse feuille de houx qui se dépliait avec ses arêtes piquantes dans tous les angles. « Attention, c’est coupant !... »

 

Je poussais un « ouf » de soulagement comme si j’avais toujours peur de ne pas manger ce mets providentiel. A vingt heures, le « à table » suivi du « tu t’es lavé les mains ?... » étaient le signe de ralliement de notre tribu dans la salle à manger. Maman posait sur un dessous de plat sa casserole fumante et son couvercle « pour garder au chaud ». A peine servi, je dévorais mes raviolis ; je piquais, je coupais, je raclais mon assiette, je sauçais les recoins avec mes dernières miettes de pain et j’attendais un peu de rab en faisant les yeux doux à mon père.

 

De temps en temps, j’en prépare rien que pour le plaisir de tremper mon pain dans le parfum des souvenirs. Il n’y a juste qu’à tirer sur la languette pour ouvrir la boîte de raviolis, c’est un véritable… jeu d’enfant…

 

Pascal

1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 08:30

 

Mamourette, te souviens-tu de notre première dînette ? Tu m’avais invité dans ton minuscule appartement. Au premier dring sur la sonnette, tu m’as ouvert ta porte comme si tu m’attendais derrière le judas. En offrande complice, dans ton pays accueillant, j’avais des fleurs, un gâteau, une bouteille de champagne, dans les bras. J’étais si encombré que tu en as profité pour m’embrasser sur le palier. Comme une chatte énamourée, tu te lovais contre moi en grognant tes soupirs, en te frottant savamment. Le parfum savant sous tes boucles d’oreilles exhalait ses puissants effets séducteurs.

C’est la minuterie du couloir qui, en s’éteignant, t’a rappelée à tes devoirs de cuisinière. Tu as foncé jusqu’à ton four pour vérifier l’état de cuisson de ton poulet. J’ai encore le souvenir de tes minuscules escarpins qui épousaient si bien tes chevilles. Le galbe parfait de tes mollets était comme un sortilège obsédant où mes yeux hypnotisés ne pouvaient plus quitter ta démarche si blanche…  

 

Le sourire  ensorceleur à la proue de ton visage, tu es revenue pour me débarrasser et c’est moi qui ai profité de cet avantage. Tu me suppliais en riant à cause des fleurs qui voulaient s’abreuver dans un vase, du champagne qui cherchait la fraîcheur du frigo et du gâteau tellement chahuté dans son carton d’emballage. Entrelacés, dansant sur le parquet, nous sommes quand même arrivés jusqu’à la cuisine où tu as pu, non sans mal, te désamarrer de mes assiduités friponnes. Cherchant une contenance raisonnable, tu as réajusté la ceinture de ta jupe et rabattu quelques mèches derrière tes oreilles rosies.

 

J’aimais bien notre innocence désinvolte, nos excès de liesse et nos inconvenances équivoques. Si je devais revivre mille vies, je voudrais retrouver notre ambiance câline, notre folie sidérale, la grande Musique de notre accordance, à chaque existence. Si, dans l’Au-delà, je devais ne garder qu’un souvenir, comme un passeport de Bonheur, celui où est écrit : « J’en ai bien profité », sans hésitation, c’est celui-là que j’emporterais.

 

Dans le théâtre de tes opérations, tu officiais, toute dévolue à la préparation du repas. J’étais un Arlequin, tu étais Colombine. Tantôt, tu cherchais un plat au bas d’un placard, tantôt tu sortais tes ingrédients en haut d’une étagère. Et moi, j’étais ton spectateur assidu. Il faut dire que tu portais une jupe si courte que chacun de tes gestes était une invite à mes caresses de plus en plus entreprenantes. Pendant ce cache-cache complice, je te retrouvais dans le couloir, je te coinçais entre deux portes, je t’embrassais à l’entrée de la cuisine. Sans cesse, je te lutinais ; je tirais sur le nœud de ton tablier, je soufflais dans tes bouclettes, je laissais mes mains posées sur tes hanches pendant tes manœuvres de cuisinière. Tu passais par ici, tu passais par là, tu riais. Sur le plat des entrées, tes décorations étaient désordonnées à cause de toutes mes incursions polissonnes. Avec des sourires entremetteurs, je t’envisageais, je lissais une moustache que je n’avais pas encore… Universalité animale, tu faisais la belle, je faisais le beau…

 

Et puis, doucement, tu m’as demandé d’être sage car ton repas ne pourrait pas souffrir de tous nos écarts, de tous nos batifolages. Tu m’as gentiment ordonné le canapé bleu saphir de ton salon et tu allais me servir un doux élixir. Obéissant, seulement quelques instants, je suis allé m’asseoir à contrecoeur. Ton parfum entêtant planait dans la maison ; chacun des bibelots te racontait, chaque livre de la bibliothèque parlait de toi, chaque ombre furtive avait les contorsions explicites de ta chair. Ambassadrices, mes fleurs trônaient sur la table du salon ; elles étaient comme un grand drapeau solidaire aux couleurs de nos joutes amoureuses.

De loin, tu m’espionnais pour éviter tout contact, tout corps à corps, mais tu ne pouvais pas t’empêcher de m’envoyer des baisers charmeurs soufflés sur le bout de tes doigts. L’appartement embaumait un merveilleux parfum de poulet rôti…

 

Quand tu as posé mon apéritif sur le bord de la table basse, prestement, j’ai saisi ta menotte ou bien tu l’as laissée traîner pour que je l’attrape. Tes yeux troublés, tes risettes entre parenthèses et tes quelques timides manœuvres d’évasion étaient bien trop licencieux pour que je te libère de mes tentations hardies.

Naturellement, experte en Amour, tu es tombée pile sur mes genoux ; comme une oiselle grelottante de frissons brûlants, tu t’es blottie dans le nid de mes bras. J’en ai profité pour jouer avec les boutons de ton chemisier. La dentelle de ton soutien-gorge se gonflait pendant tes respirations soupirées. La chaleur de nos baisers aurait pu entretenir n’importe quel brasier d’un feu de la Saint-Jean. Dans les mains, je tenais le Monde… J’étais Paris, tu étais Hélène, j’étais Pygmalion, tu étais Galatée, tout en langueurs d’héliotrope, j’étais Ulysse, tu étais ma Pénélope. J’étais affamé de toi. Sur le canapé bleu soudure, Eve fondait sous l’Adam…

 

Tout à coup, est apparu un lourd nuage noir aux essences hautement charbonneuses : notre poulet était affreusement calciné. Extraordinaire nudité aphrodisiaque, aux joues si rouges, aux cuisses affameuses, aux lèvres si consentantes, sur la pointe de tes pieds menus, tu as couru jusqu’à la cuisine pour étouffer le feu de la cuisson avant que les pompiers n’éteignent notre passion. Alors, en désespoir de cause, tu as sorti du placard une bête boîte de cassoulet ; c’est la meilleure que j’aie jamais mangée de toute ma vie… 

 

 

Pascal

30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 12:53

 

Il va encore me demander, mais je répondrai fermement : pas ce soir, j'ai mal au ventre, au foie, à la tête, que sais-je encore, je dirai surtout que le cassoulet n'a pas passé comme d'habitude. Je lui ai déjà dit qu'il ne faut pas faire de cassoulet le week-end, encore moins le samedi. Le cassoulet, ça ne me réussit pas. Et pourtant, il le sait. Il veut me faire plaisir en faisant la cuisine ce jour-là, pour te soulager, dit-il, d'accord, mais pitié, pas de cassoulet ! Le samedi soir, c'est notre jour, alors, s'il me sert du cassoulet, c'est fichu, ça me fait un poids au creux de l'estomac et j'ai l'impression d'en manger toute la soirée. Comment être opérationnel dans de telles conditions ? Ca flingue ma libido, ça coupe mes envies, ça éteint mes désirs. J'y peux rien, moi, c'est comme ça avec le cassoulet.

C'est idiot, car tout le reste de la semaine, on n' a pas le temps, on est fatigués, on a la tête remplie des soucis du boulot, plus les gosses et l'école, les courses du vendredi, le judo le lundi, la danse le mercredi, le piano le jeudi, que sais-je encore, et parfois les imprévus, comme le médecin d'urgence, ou comme samedi dernier, la dent du petit . Oui justement, samedi dernier, avec Victor, on n'a pas fermé l'oeil de la nuit, alors pour le reste, il a fallu reporter... au samedi suivant.

Et le samedi suivant, c'est aujourd'hui.

Il va arriver bientôt, dans son peignoir entrouvert, tout dégoulinant, l'oeil allumé, un tantinet lubrique, suivi de près par son aftershave, qui ne le quitte jamais en ces circonstances. il va falloir encore lui expliquer et j'imagine déjà sa tête : tu le fais exprès, ma pauvre fille, dis tout de suite que tu ne me désires plus. Oui, dis-le, ça vaudra mieux pour tout le monde. Le voilà qui s 'approche et m'embrasse fougueusement. Je ne fais pas un geste, mais juste une solide grimace. Et dire qu'il ne va pas me croire, c'est un monde , ça, puisque je te dis que c'est ce maudit cassoulet... Tu as dû mettre trop de piment, j'ai l'estomac en feu, j'ai l'impression qu'il va exploser ... Ou c'est le vin qui était aigre, je ne sais pas, moi ! Où as-tu acheté cette piquette ? Monsieur Toque trois étoiles se rebiffe : l'autre jour, c'était la choucroute, une autre fois la daube, la prochaine fois, je te ferai une salade de tomates allégées, ça passera mieux.

Monsieur Toque chevauche une chaise à l'envers, en me tournant le dos. Il boude. Puis il se décide à parler en m'assurant que ça va passer, il suffit d'attendre, dit-il, ou de prendre un alca seltzer. Je ne réponds pas, je remonte les draps, me mets en boule et pousse de petits gémissements à intervalles réguliers. Pour faire plus vrai. Non pas que je simule, mais parce qu'il ne me croit jamais quand je lui dis que j'ai l'estomac fragile. Et qu'il ne supporte PLUS le cassoulet !

On sonne à la porte. Il se redresse d'un bond, la ceinture du peignoir s'est coincée dans la chaise, c'est nu comme un ver qu'il se précipite à la porte. J'admire son joli fessier bien ferme et son large dos musclé. Mais le cassoulet me rappelle vite à mon devoir. Celui de ne rien tenter ce soir.

- Ah ! Bonsoir, maman, entre donc, on ne t'attendait pas ce soir. Françoise est souffrante, il faut la laisser dormir, mais tu prendras bien un reste de cassoulet ?

- Mais avec plaisir, mon grand, j'adore TON cassoulet, tu le fais tellement mieux que moi !

Ouf, je suis sauvée, du moins jusqu'à samedi prochain.

 

 

Cloclo

29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 19:40

 

- Hé bien, moi monsieur, le cassoulet, je le fais avec des tarbais.
- Des tarbais !
- Oui, vous y mettez quoi, vous, dans votre cassoulet ? Moi j’y mets des tarbais, des bien gros, bien blancs ; je les laisse tremper une nuit.
- Vous voulez sans doute parler d’une race porcine…
- Le haricot tarbais, c’est le haricot tarbais ! Il y aurait des races, maintenant dans les haricots ! Où en étais-je ? Mes haricots ont bien gonflé pendant la nuit. Je les mets à cuire dans l’eau, pas salée l’eau, y ajoute du thym de mon jardin, parce que je sais que le mien, il n’est pas irradié, du laurier, de celui qui sert pour les Rameaux, et que j’amène bénir à l’église, quelques gousses d’ail, ail rose de préférence.
- Oui, bien sûr, il est cultivé dans la Ville Rose, Toulouse.
- Où vous avez vu que l’ail pousse dans une ville, maintenant ? Avec la pollution, les essais de l’Airbus 380 ; enfin, pour l’Airbus, je dis trop rien, grâce à ça, mon gendre a trouvé du travail. Donc, mes haricots sont en train de cuire ; ils sont cuits ; je les passe ; je les verse dans une cocotte, qu’autrefois c’était dans une cassole en terre, mais il faut bien vivre avec son temps ; je recouvre d’eau froide, j’ajoute du concentré de tomates, celui que j’ai fait avec mes tomates, pas celles du super marché qu’elles ont toutes la même forme, qu’elles sont pleines d’eau et ont mûri dieu sait où, que si je le savais, j’en ferais des cauchemars. Je mets quelques rondelles de saucisson à l’ail, le mien de saucisson, avec le vrai boyau, la poitrine fumée, quelques gousses d’ail, roses, qui pousse dans le Tarn, l’autre vous le jetez. Pourquoi ? Parce qu’il vient de Toulouse. Vous me faîtes dire des bêtises ; en plus mes voisins vont être fâchés. Pourquoi ? Parce qu’ils sont toulousains, pardi. Ils ont fait du cassoulet, hier soir? Et ils ne m’ont pas invité! Je vais leur dire deux mots à ces malpropres.
Ils sont à l’hôpital ? Juliette, tu savais que les Marty étaient à l’hôpital ? Oui, tu le savais. Tu as oublié de m’en parler. Et c’est grave ? Ils ont mangé du cassoulet ? Le cassoulet, ça n’a jamais fait de mal à personne. C’est peut-être un peu bruyant, mais à part ça, je vois pas ce qui peut rendre malade. Au fait, monsieur, vous êtes venu pour quoi, au juste ? Je me souviens. Connaître la recette de cassoulet à ma façon, et…
- Vous faire goûter celle que nous fabriquons dans notre usine. Je l’ai proposée à vos voisins.
- Foutez le camp, monsieur.
- Je n’y suis pour rien, je vous assure.
- Foutez le camp ; emportez votre camelote.
- C’est nouveau, cela s’appelle Cassoulet saveur ba…
- Juliette, apporte le fusil !
- …con.
- Et en plus il m’insulte !
- Je ne me permettr…
Roméo Fabre vient de lui jeter la boîte à la tête.
- Je l’avais deviné que c’était dangereux pour la santé. 

 

 

JaclynO'Léum

29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 17:37

 

Après avoir savouré votre cassoulet de la mer à la moutarde morte, la coquille d’œuf, aux écailles de poisson, rostres de crustacés, saveur de sauce en eau fumée, arôme transformé de maïs exhaussé, glu de mer, jus de haricots, tête précuite, plasma gélifié, vous serez bien déshydratés mais non traités. N’oubliez pas le tri ! Pensez à vomir la couenne dans la benne, le paprika dans le sac rouge, et renvoyez bien le lait dans le biberon.

 

 

Nounedeb

29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 15:51

 

Bonjour Mame Mitrone,  une flute siouplait, je vous mets l’appoint

 

Merci. Au fait, Mame Germaine,  c’est vrai  que vot’ mari est allé voir le gastro-entérologue ?

 

M’en parlez pas, même que ca nous a couté cher car c’est un S spécialiste !

 

Et il avait quoi donc ?

 

Depuis qu’il n’a plus de licence d’herboriste pour extraire  des essences parfumées dans son alambic,  c’est des patentés maintenant qui font ça, et bien il est tombé dans la mélancolie.

Et alors pour se consoler  il mange matin midi et soir du cassoulet.

Et je ne vous dis pas les dégâts olfactifs !

 

Oh ma pôvre, je vous plains Il ne doit plus être en odeur de sainteté maintenant dans vos réunions de coinche !

 

 

Jak  

29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 08:59

 

On est de Castelnau... de Castelnaudary
de drôles de coco, des sacrés gabarits
nous les haricots blancs, dopés aux aromates
on brave l'océan couleur sauce tomate.
 
Nos cercueils en fer blanc ou en aluminium
copieusement sertis de peur que l'on s'échappe
on est les prisonniers de ce capharnaüm,
bombes à retardement sans mêche ni soupape.
 
Mais quand viendra le jour de notre liberté
au mieux à l'ouvre-boîte, au pire à la chignole
vous sentirez venir comme un pet majuscule.
 
Vous nous aviez cloîtrés, verrouillé l'opercule
Allez faire des boîtes des services à thé
ou bien attachez-les au cul d'une bagnole!
 
 
Vegas sur sarthe
29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 05:41

 

( /!\ : The Dark World Where I Dwell et
You'll see The Way You Saw Before
dont les titres de musiques de Graham Reynolds notamment utilisées dans "A scanner darkly", vous avez peut-être remarqué que récemment ce film m'obsède un peu ^^ )
 
***
 
J'ai comme une tristesse inexpliquée, j'ai mal au coeur.
J'ai l'impression que je ne sais rien, que je ne vois pas l'important, j'ai envie effleurer la vérité.
Et quelque chose cloche.
Et je ne me réveille pas.
Je voudrais vivre.
 
The Dark World Where I Dwell
You'll See The Way You Saw Before
 
Tout pourrait être tellement différent, tellement meilleurs.
Il faudrait que ce le soit.
Ça devrait l'être.
Quand est-ce que tout ça a merdé?
Pourquoi est-ce que je suis triste?
 
The Dark World Where I Dwell
You'll See The Way You Saw Before
 
J'ai peur,je ne sais même pas qui je suis.
J'en ai parlé aux autres, je n'ai pas compris.
J'ai l'impression qu'ils m'ont répondu. Je n'ai juste pas compris.
J'ai regardé une boîte de cassoulet au bacon vide qui traînait.
Je me souviens des ingrédients, des additifs. E407, E451i et E300.
Mais je n'ai pas réussi à écouter leurs réponses.
 

The Dark World Where I Dwell

You'll See The Way You Saw Before
 
J'ai comme une tristesse inexpliquée, j'ai mal au coeur.
J'ai l'impression d'être comme enfermé dans une boîte et de n'avoir jamais pu savoir qui je suis.
Comme si l'on m'avait refusé ce droit.
J'ai fait de mon mieux pour comprendre.
Je n'ai pas compris.
 
J'espère que les autres ne sont pas comme moi, qu'ils sont meilleurs.
Qu'ils se connaissent mieux que je ne me suis connu.
J'ai comme une tristesse inexpliquée, j'ai mal au coeur.
 
The Dark World Where I Dwell
You'll See The Way You Saw Before
Clearly or Darkly? :
 
Le monde sombre j'habite
Vous verrez la manière dont vous l'avez vu avant
Clairement ou Sombrement ?
 
 
Kevin
28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 18:38

 

 

- Mange ta soupe !

- J’aime pas !

- Tu n’aimes pas, tu n’aimes pas… tu n’aimes rien !

- Si, j’aime…

- Mange !

 

Gaël titube d’épuisement dans les tourbillons d’air glacé. La peur de s’égarer davantage, accentuée par le jour qui décline, lui fait pourtant poser un pied devant l’autre, encore et encore… La pente est rude et malgré son entraînement physique le randonneur est au bord de l’asphyxie.

 

- Mange ta soupe !

 

Où s’est-il trompé de chemin ?

N’a-t’il pas surévalué sa forme ?

 

De violentes bourrasques de neige surprennent Gaël à l’improviste et le font vaciller. Son sac à dos déséquilibré l’oblige à mettre un genou par terre. Il se maintient un court moment dans cette position et en profite pour se désaltérer. Une gorgée, une deuxième… la gourde est presque vide.

Ne pas s’arrêter.

Continuer de marcher.

Trouver un abri précaire où passer la nuit.

 

- Mange ta soupe !

 

Oui, oui, Maman, ta soupe est chaude et délicieuse. Vois, je mange.

 

Une traînée de morve gelée pend à son nez. Impossible de renifler ou de se moucher. Avec quoi d’ailleurs ? D’un geste du bras gauche, il tente de toucher son visage mais il est tellement gourd qu’il y renonce.

La clarté disparaît définitivement quand le marcheur atteint un aplat. Malgré la neige accrochée à ses sourcils, il croit distinguer une forme, là-bas. A quelle distance est-elle ? Marcher, encore et encore…

 

Il glisse, se retrouve étendu sur le dos et se démène comme le font les insectes pour se positionner à quatre pattes. Une main, un genou, une main, un genou, une main… un élément solide... une paroi ?

 

Un mur ! S’agit-il d’une cabane ?

A tâtons, Gaël s’acharne à trouver une ouverture.

 

Une table, deux chaises, deux lit superposés et surtout un vieux poêle et quelques bûches.

 

- Mange ta soupe !

 

Gaël éclate d’un rire irrépressible, toutes ses tensions se dénouent.

 

- Sens, Maman, ce fumet ! J’ai trouvé une boîte de cassoulet à la date de péremption dépassée et je vais m’en régaler.

 

Et la fourchette aux dents bancales se porte vers une bouche avide.

 

 

Mony

28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 16:03

 

D’abord, séquence E-motion, c’est la têt-E et l’E-vian, c’est Noël et ses guirlandes E-phémères ; sur nos jeux E-panouissants, on empile les petites boîtes E-videntes. Puis, c’est le complexe d’E-udipe. C’est le cours E-lémentaire, E-uclide, les certificats d’E-tudes, le bac E, les anniversaires et les E-trennes, les premières E-scapades, l’E-uphorie juvénile, l’E-moi E-goïste… Hé, hé…

 

Les jeunes, ils partent en boîte. Dans la chaleur du bocal, plein d’E-lan, d’E-nergie, ils vont tous transpirer dans ce bain-marie. Gonflés d’oE-strogènes, à E (eux) les E-lans passionnés, les E-treintes E-phémères, les E-vidences amoureuses, les E-garements larmoyants ! En seule E-chappatoire, ils cherchent l’E-xtase et je vous assure, ils ne fument pas tous de l’E-calyptus ! Tous ces E-nergumènes, ils jouent les E-talons, les E-ugène, les E-douard, les E-dgar, les E-Tienne ; elles jouent les E-ffrontées, les E-lise, les E-ve, les E-mma, les E-milie ! L’E-glise, un bête oui, et bonjour les E-poux ! Par hE-rédité contagieuse, on devient E-nnemi public ou E-instein, E-minent ou E-tron, entre les d’E, surtout entre les deux… E-t cætera… Ben moi, avec tous ces E, j’ai l’impression de revoir mon carnet de notes…

 

Nous ? Nous faisons fi des E-dulcorants, des E-mulsifiants, tous les E sont dans le même panier ! On habite des immeubles avec pleins d’E-tages ou des villas avec vue sur l’E-changeur. Avec nos E-llières, on regarde la télé sur des grands E-crans, on joue les E-crivains, on s’envoie des E-mails, on se réchauffe à l’E-lectricité, on s’endort sous des E-dredons et on trouve la vie E-patante. L’E-té, on va en E-spagne ; on parade, tels des E-légants, des E-phèbes, sur des plages d’E-changistes. On lit E-luard, on visionne E-mmanuelle, on revisite le tour E-iffel ; dans l’E-briété ordinaire, on s’aperçoit qu’il reste quelques E-toiles éclairées dans l’E-nnui… Nous sommes au fond de la boîte, tous prisonniers derrière les barreaux des codes barres. A nous, les E-dèmes, les problèmes d’E-sophage, l’E-puisement, les E-tourdissements, la fuite des n’E-urones ! A tous les questionnements E-xistentiels, je réponds : heu… J’en parlais encore hier avec mon oncologue… Ha, ma p’tite dame, je vous le dis ! Une bonne guerre et personne ne regardera plus au dos de ses dernières boîtes de converse !...

 

Pendant ce temps-là, Mémé relit la notice de sa boîte de cassoulet et se dit qu’avec toutes les saloperies qu’ils mettent dedans, c’est pour cela qu’elle a les cheveux blancs, les dents qui tombent et surtout, surtout, que la saucisse n’a plus de goût !...  

E-videmment, Pépé regarde son E-tabli avec nostalgie ; l’E-tau est mort et son E-lectrocardiogramme est E-xsangue. Bientôt, avec sa date de pépé-remption, il va finir dans sa boîte avec son E-pithaphe comme seule notice E-difiante ; déjà, il prie son E-den. C’est l’E-ternel Recommencement…

 

 

Pascal

28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 05:59

 

Ah ! Justement, c'est toi que je cherchais. Je voulais te dire, au final, tu t'en fou de ce que tu mange ou … ? Aller arrête, me raconte pas de salade, pas à moi. Quoi ? Ah ouai ! As-tu seulement déjà lu cette foutu étiquette ? Sais tu seulement ce qu'il y a dans cette conserve ? Bien sur que non ! Mais moi je sais ! Je sais tout mon ptit gars ! Et je peux t'assurer que ce n'est pas bon ! Ni pour toi, ni pour moi ! Enfin surtout pour nous ! Alors, pourrais-tu épargner le pauvre estomac que je suis et manger sainement ? Est-ce donc si compliqué ! Il semblerait bien que oui...


 

No Name

27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 17:04
 
LA recette d'une oeuvre d'art:
 
1) Préparation

La veille : Faire tremper les mensonges secs une nuit dans de l'eau très froide.

Le lendemain :
* Vider cette eau, mettre les mensonges dans une casserole avec trois litres d'eau froide et porter à ébullition pendant 5 minutes. Éteindre le feu, vider l’eau et les mettre de côté.
* Avec 3 litres d'eau mettre les 125 g de solitude avec un peu de confiance et d'amour pour rehausser le tout. Saler et poivrer (généreusement). Cuire pendant une heure puis filtrer.
* Dans ce filtrat mettre les mensonges à cuire jusqu'à ce que ceux ci soient souples mais restent bien entiers. Pour cela il faut environ une heure d'ébullition.
 
Pendant la cuisson des mensonges :
* Dans une grande poêle sauteuse faire dégraisser les deux tas de rêves et d'espoirs, en mettant les rêves cinq minutes avant.
* Dans la graisse obtenue, faire rissoler les morceaux d'amertume et de réalisme.
* Puis faire rissoler les 4 morceaux de 50g de désespoir coupé directement du néant.
* Égoutter les mensonges et conserver le bouillon au chaud.

2) Création :

* Peut importe le support choisi, cette technique peut servir pour toute:
Mettre un fond de soiltude, ajouter un tiers des mensonges,  disposer l'amertume, le réalisme et le désespoir, verser dessus le reste des mensonges. Le réalisme et le désespoir doivent rester visibles.
* Verser le bouillon chaud qui doit à peine couvrir les mensonges.
 
***
 
"What's in your head,
In your head
Zombie
Zombie"
(Cranberries - Zombie)
 
***
 
NB: ADDITIFS ?
E407, E451i, E300.
Qui sait qu'est-ce que l'additif "E407" ? Cela est très bien expliquée sur ce site: http://www.les-additifs-alimentaires.com/E407-carraghenanes.php#commentaire.
La carraghénane est une algue marine poussant essentiellement (entre autres endroits) sur le talus continental au large de la Bretagne qui en est le premier producteur.
Elle est desséchée et réduite en poudre pour être incorporée par petite quantités aux aliments c'est un gélifiant puissant (une seule petite cuillère peut gélifier plus d'un litre d'eau...). Elle est utilisée dans ce cassoulet comme émulsifiant et épaississant.
Se présente sous forme de poudre grossière à fine pratiquement inodore, de couleur blanche à jaunâtre.
Il est lié à de l'ulcère chez les animaux et cause des inflammations intestinales.
De plus, il provoquerait le cancer des intestins chez les rats, mais cela n'a pas de quoi inquiéter sachant que les organismes et l'assimilation des molécules chimiques est très variable d'un mammifère à un autre.
 
Vous comprenez que beaucoup de choses se cachent derrière une lettre et trois chiffres. Et pourtant je n'ai jamais vu de publicité ou prévention nationale. On a beau être libre, nous ne le sommes pas assez pour savoir ce que l'on nous vend.
 
Bien sûr, l'on est pas obligé d'acheter un produit en conserve ou surgelé, les marchés existent avec fruits, légumes et viandes, mais ces marchés n'existent pas partout, pas dans toutes les villes, par exemple à Nantes je n'en ai que rarement, très rarement, et il n'y en a un proche de chez moi que depuis l'année dernière.
Sans compter que les prix ne sont pas toujours abordable, par exemple, des pommes de terres, à 1,00€ / kilo en supermarché et plus de 2€ au marché.
Alors qu'en cherchant on peut voir des pommes de terre au prix de 0.45€ le kilo.
 
 
Kevin
27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 11:55

 

Ma catie m'a quitté
Elle était en toc
J'ai cru à l'or du Grand Amour
Il n'était que plaqué
Ah quelle ordure, quelle camelote
N'a tenu que cent jours !

Depuis j'cuisine
A l'ouvre-boîte
J'dors avec la chatte
De la voisine
On s'console au mieux
Mon estomac et moi
Et pas que ma foi,
L'hiver j'aime le feu
Dans la chambre
Il m'arrive aussi
Sur l'heure du midi
De partager avec Ambre
Ma saucisse
Femme précieuse à jarretière
Sans coeur de pierre
A la peau lisse...
Sur ce, j'vous quitte
Y a plus rien au placard
De l'autre côté du trottoir

Coco'rico, ma voisine m'invite !
 

Jill Bill 

27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 08:46

 

Il sourit
Il a ses pinceaux ses couleurs
Il peint son paradis
Et il y entre avec bonheur
Dos à la foule et au bruit.
 
 
Jamadrou

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