6: La gazette de New-York – Faits divers
(Pour des raisons pratiques ces fait divers se produisent en été)
1: Depuis l'installation de panneaux « God bless you », certains fidèles se protègent les genoux pour prier
2: Les dossards pour le marathon de New-York catégorie Desperate Housewives des plus de 70 ans sont à retirer au service gériatrie du Bellevue Hospital Center.
3: Les sept nains espèrent que Blanche-Neige obtiendra enfin sa Driver License
4: On a trouvé le ver solitaire de King Kong au pied de l'Empire State Building
5: On vient de retrouver la poupée barbie de Lady Gaga
Vegas sur sarthe
Photos 1, 3,5,6 dans le désordre
Autour de moi j'entends crier et rire . Est-ce des poupées de cire qui se moquent de moi, la pauvre poupée de chiffon enfouie avec les ordures dans une poubelle ?
Il fait beau . Les bagages dans le coffre, les enfants, grimpés dans la voiture attendent impatiemment leur père qui prie sur une serviette blanche posée sur les marches de la maison. La mère pas pressée lit les petites annonces dans le journal. Qu'ont--ils tous les deux à retarder le départ en vacances ? Bon c'est vrai ce sont les premières, ils ont les jetons les parents mais quand même .
De ma poubelle, je les entends.
Papa , on part quand ? Demande l’aîné mais aucune réponse
Maman, c'est quand on va voir pépère ? Demande la seconde .
Je ne sais pas, tout comme vous j' attend la fin de prière de votre père
Si tu montais il arriverait plus vite.
Il fait trop chaud dans la voiture. Sortez, vous allez encore vous exciter là-dedans .
Nous , on veut partir commence à crier l’aîné.
Où est ma poupée ? hurle la dernière.
Je ne sais pas ma puce, elle est peut-être dans ta chambre, va la chercher.
Non, elle n'y est pas, je veux ma poupée, pleure la petite
Moi dans la poubelle, je hurle mais personne ne vient à mon secours. A croire qu'ils ne m'entendent pas ces idiots .
Un des garçons fait un clin d’œil à l’aîné,et dit tout bas, elle peut la chercher . Là où je l'ai mise, elle ne la trouvera pas.
Le père a fini sa prière, la mère a ramassé son journal et sont montés en voiture qui démarre.
Plus de cris, plus de rires, ils m'ont abandonnée à mon triste sort.J'espère qu''ils reviendront vite afin que je porte plainte à l'APP (l'association protectrice des poupées ) Non mais...
Trois semaines plus tard, la poupée de chiffon est partie dans un camion vers un lieu inconnu. La petite ne pleurait plus, sa mémère lu a acheté une magnifique poupée de cire .
Aimela
1 J'veux pas mettre les patins
Même si tu me l'demandes à g'noux !
2 En temps de guerre, vivre de la « chose »...
On pêche pas beaucoup m'sieur l'curé !
3 Bétaillère, bétaillère...
Est-ce qu'on a une gueule de bétaillère !?
4 Flûte c'est un cobra !
Cool, oeuvre doucement vi père !
5 Un autre Noël chasse Noël...
Et me voilà poubelle girl !
6 Hou hou hou, disent que les fantômes existent !
Ah ce Canard Enchaîné !
jill bill
Ainsi donc, c'est tout ce qu'il reste de la tour de babel ?
Quelques fissures et un peu de salpêtre sur un crépi décrépit.
Le jeu valait-il la chandelle de toute cette folie humaine
Querelles, prétentions, tutoiement des dieux ...
et pour finir, comme toujours, le sang et les larmes
Oh pas des décideurs, non. Ceux-là ont les moyens de s'abriter.
Mais les autres les humbles les petits, de tous les côtés.
Les otages de la folie de grandeur et de puissance.
Ainsi donc, c'est tout ce qu'il reste.
Un cadre d'où débordent les ruines de nos civilisations et de nos utopies.
Babel, Sodome, Gomora, Troies, Bysance, Varsovie, Leningrad ...
Cayenne, Gorée ...
Les murs, tous ces murs ... qui pleurent ...
Jeanne Fadosi
Dans cet autre monde, il nous était interdit de parler autre chose que notre langue natale. Interdit également d'essayer de rencontrer les étrangers, ceux qui vivent hors de nos murs. Alors quoi ? Étions nous condamnés à vivre dans ce bout de monde ? Devions nous rester dans l'ignorance? C'était sans compter sur la curiosité, au combien typique des humains. Certains se rebellerent, dans une étonnante discrétion. Ensemble, ils décidèrent que puisque que chacun devait rester chez lui, alors ils leur fallait trouver un endroit inoccupé. Une terre nouvelle, et alors ils pourraient s'y retrouver. Alors seulement, les gens échangeraient, discuteraient. Se mélangeraient, tout simplement. Fini les parcs humains, fini les prisons. Il n'y aurait ni frontière, ni violence.
Petit à petit, les rebelles construiront cette tour. Oui, une tour. Une tour où chacun se comprendra.
Nous l’appellerons Babel,
alors le monde changera.
Et j’espère, avoir la chance d'être là pour le voir.
No Name
Jacques se lève, contourne les transats et sans un mot entreprend une construction dans le sable.
- Tu bâtis un château, Papy ? demande Ethan.
- Non, une tour, répond Jacques.
Intrigués Ethan et son cousin Mathéo délaissent le ballon qu’ils se disputent depuis un moment et s’approchent de leur grand-père.
- Une tour comment ? Comme en Amérique ?
- Non, une tour de Babel.
Annie sourit malgré ses pensées moroses. Jacques, son Jacquot, et elle traversent une petite perturbation. Une de plus… ?
Pourquoi une vieille rancœur vient-elle polluer ces quelques jours de vacances passés avec leurs deux petits ?
- Babel c’est qui ?
- Babel c’est un endroit où jadis les humains ont construit une immense tour.
- Jadis, c’est quoi ?
- C’est il y très, très longtemps.
- Alors la tour de Babel elle n’existe plus ? Il n’en reste que des photos ?
- On peut t’aider, Papy ?
- Bien sûr, vous serez les maçons et moi, l’architecte.
Annie glisse le marque-page dans son roman et ne perd aucune des explications de Jacques. Tout en s’activant, il raconte de manière ludique une des légendes de l’humanité et évoque les artistes qui l’ont représentée…
Annie connaît la suite, n’a-t-elle pas déjà vécu cette scène il y a plus de trente ans ?
- Pourquoi elle est ronde et pas carrée, la tour ?
- Pourquoi on fait une route en tire-bouchon ?
Les questions fusent mais le travail progresse.
- Mamy ?
- Mmm ?
- Dans ton cabas aux trésors tu n’aurais pas quelque chose pour nous ? Papy dit que…
Les billes de verre dévalent le chemin de ronde et c’est à celle qui arrivera la première en bas de la tour. Jacques se lance dans une explication poids-vitesse mais n’a d’yeux que pour Annie et pour la bille aux tons bleutés comme son regard, qu’elle tient au creux de sa main.
Il n’y a pas besoin de mots pour estomper l’orage qui les guettait.
La précieuse agate offerte il y a bien longtemps par Jacquot leur rappelle les liens qui les unissent envers en contre tout.
- Mamy, tu nous montreras la peinture de Breuvel ? demande Ethan.
- Breujel, rétorque Mathéos.
- Oui, mes chéris, je vous ferai découvrir les peintures de Breughel, promet leur grand-mère en faisant un bécot à son Jacquot.
- Hou ! Les amoureux ! s’écrient en rigolant les garçons, taquins.
Mony
Pressés on se dépasse souvent à la gare
Des coups d'oeil furtifs et désinteressées pour éviter de se saluer
Des écouteurs pour éviter les politesses
Et un matin ce coup de coude qui survient sans crier gare
Des affaires qui se fracassent sur le sol froid
Un service maladroit pour un sourire moqueur
Une base qui sort de terre
Deux places dans un bus qui se rejoingnent
Des numéros qui s'échangent pour savoir où chacun met le pied à terre
De brique en brique on se construit très tard le soir
Des appels à tout va et des messages pleins d'espoir
L'ascenseur ne marche pas donc on saute des étages
Il faut être à l'heure à la gare pour ne pas rater sa flamme
Même si ça brûle parfois on laisse passer les orages
L'ouvrage est beau et haut
Le béton encaisse les fracas
On se rapproche de la cime
On vit ensemble c'est imminent
Au bas du lit on aperçoit des beaux nuages
On plane
On parle mariage on parle enfant
On parle le même langage
Tout semble acquis
La base est large
Le tronc est fort le tronc est beau
Il ne reste que le sommet pour que le Ciel leur dise "Chapeau!"
Mais une autre gare on l'on se presse le soir
Une autre flamme d'autres nuages
D'autres languages
Toutes ces briques que l'on jette sans le savoir
Finissent par dégarnir le sommet, éffriter la base
Et des nuages l'on chute dans un sourd fracas
Sur le sol froid de la gare
L'arme du côté droit à gauche
New Jay
Au pied de cette tour baroque
Qui s’enroule en colimaçon
Il me semble voir les Rois Mages
Qui viennent en procession.
Gozzoli venu chez Brueghel,
Hommes du sud et ceux du nord
Avec un bien bel idéal.
On peut le dire aujourd’hui
Que la tour prétentieuse
N’en finit pas de s’écrouler…
La procession des Rois Mages" de Benozzo Gozzoli - clic
Nounedeb
Humains mortels, fragiles et présomptueux
Nous voici confrontés à nos dernières limites
On nous avait donné la plus belle des planètes
Nous y avons semé le malheur et la ruine
Mais il est temps pour nous de payer l'addition
Cette aventure humaine est vouée à l'échec
La nature nous annonce l'heure de notre trépas
Mais notre vanité est sourde à tout appel
Qui donc racontera nos peines, nos sacrifices?
Quand nous succomberont sous les coups du fléau
Qui donc témoignera de nos rêves d'absolu?
De nos pieuses pensées, de nos bonnes intentions?
Nous nous sommes épuisé en vaines créations
Ecrasés par l'essence de toute infinitude
Il faut céder la place, humbles et repentants.
Enriqueta
- Allo, l’Agence Locavac
- L’Agence Locavac est fermée pour cause de décès. Nous ne pouvons répondre actuellement à votre appel. Laissez-nous vos noms, coordonnées, la raison de votre appel. Nous vous rappellerons dès notre retour.
- Monsieur Duval, Bernard Duval à l’appareil. C’est juste pour vous signaler que l’appartement que nous avons réservé, avec vue sur mer, n’a non seulement pas de vue sur mer, qu’il est en cours de démolition - non respect des normes de sécurité, nous a-t-on répondu-., et, de plus, n’ a pas d’ascenseur. Pour l’ascenseur, c’est juste pour que vous le signaliez aux personnes qui voudraient louer dans ce même immeuble. Je leur souhaite bien du courage; avec toute la poussière, due aux travaux, c’est irrespirable. J’attends une réponse rapide de votre part. Toutes mes condoléances.
JaclynO'Léum
Il y a un pépin dans la tour de Babel
Babelicot, il s’appelle.
A la pelle, on a dû extirper le bubble-gum.
Gumi roumain, gomme française.
Rance, non point, à l’aise peut-être.
Peut rouler, mettre en boule.
Rouler bouler, escalier colimaçon
Maçon de cet édifice en escargot.
Cargaison inachevée, tour effondrée
Fondement affaissé, tour de Pise ?
Pise italienne, pizza,
Bizarre, cet édifice-là
Edifié où donc, où donc,
Donc, je résume :
Présumons que s’il n’y avait pas eu de pépin de Babelicot
Babel serait toujours
Tour, debout
Tout cela n’aurait pas été écrit
Ecurie, écriture, friture sur la ligne
Linge et épingle, ces mots non plus
Pas plus français, que roumains, italiens, grecs ou mandanrins
Peut-être serions nous aujourd’hui espérantins ?
JaclynO'Léum
« Combien de temps encore
Maître d'ouvrage
Me faudra t-il patienter
L'achèvement ici
De mon nouveau royaume
Ma résidence secondaire... ? »
« Noble Seigneur Dagobert
Nos pauvres paumes
Travaillent jour et nuit
Mes valeureux ouvriers
De tous âges
Se tuent à la tâche... âme et corps ! »
« C'est que la reine trépigne dans ses souliers
Son décorateur tout autant
Lafayette et ses fameuses galeries
On ne fait attendre parbleu
Alors quand mon brave
Quand... ? »
« A Pâques ou à la Trinité
Du ciel aussi tout dépend,
Au pire la semaine de quatre jeudis... ! »
« A tu me rassures bon dieu
Sinon quelques esclaves
Je te fournis en supplément...! »
« Mes amis
Allons de ce pas conter la Babel
A la reine Elizabeth ( A manger du foin...)
Ah ah ah...Elle qui comme soeur Anne
Ne voyait rien finir... »
« Ce après pardi
Allons chasser mes fidèles
Ces travaux m'ont donné faim
Et soif... Bougre d'âne
Ah ce que femme veut... C'est à mourir ! »
jill bill
Ma vie est un vaste cadre vide
Et ma tête est un châssis inutile
Je ne sais d'où je viens ni qui je suis
Mon existence est un désert abandonné
Et mes souvenirs sont souffrance
Je ne distingue plus personne
Mes jours sont un décor dépeuplé
Ma mémoire est une maladie
Seul, dans les ruelles de mon esprit
J'attends que reviennent les couleurs de ma vie.
Enriqueta
Chaque matin, depuis une semaine qu’un ou une inconnu a clouté ce vieux
cadre doré à l’or fin sur le mur lépreux, semblant en souligner la déchéance,
désespérément Nano s’interroge en se rendant à son bureau.
Il cherche, se questionne ; son visage se fige et se crispe
Il se demande quel message a voulu délivrer l’artiste.
Il aimerait bien le décoder.
A force de regarder de scruter, de disséquer, d’analyser, creuser dans sa tête, il en devient obsessionnel.
Au travail, à la cantine à midi, le soir chez lui, jusque dans son lit, il y pense.
Son cerveau va éclater, il ne songe qu’à cela
Cette tache devient un crabe qui lui ronge la tête.
Soudain il croit saisir un message venant d’on ne sait où :
Une voie lui dicte de prendre une taloche et de rentrer en action
Ainsi il se rend au drugstore du coin, et ramène du crépi de couleur approximative.
Et il taloche, mouchette à qui mieux mieux, mais le mur a coté est bien vilain alors il déplace le cadre et il taloche mouchette à n’en plus finir, encore et encore…
Un réveil strident sonne, il est 7 heures.
Alors Nano sort de son rêve, courbatu et épuisé.
Aujourd’hui Nano ne passera pas par la rue au mur lépreux pour se rendre à son bureau.
Jak