sujet 34/2020 - clic
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« Quel volume ! » est la dernière analyse « géométrique » de ma bibliothèque répartie sur deux pièces : le salon et le bureau-dressing alors que le polar en cours (et les suivants) de la médiathèque sont dans mon lutrin de lecture de ma chambre. C’est impressionnant a-t-il rajouté comparant ce volume à celui des vêtements de sa belle-mère décédée. Pourtant à part les angles des bibliothèques (noire pour le salon, bois pour le bureau), mes livres (à ranger) n’ont pas grand-chose de géométrique. Quand mon mari est mort, j’ai su que je devrais déménager pour moins cher donc plus petit. J’ai commencé à mettre des livres en petits cartons. Puis, il y a eu le confinement et j’ai arrêté les cartons car il était clair que je n’allais pas déménager tout de suite. Et je ne me voyais pas vivre entouré de cartons pendant des mois. Un premier déménageur est venu : la note était salée. Pendant, le confinement, j’ai fait du tri et vidé beaucoup de boîtes, d’archives. (Un 2 e déménageur est venu, le devis était moins important. Après mon voyage en juillet pour les vacances, tout s’est accéléré et j’allais recontacter le 3 e déménageur (qui était le moins cher et le plus disponible) quand un copain m’a dit : ne dépense pas ton argent, je vais te faire ce déménagement… les doigts dans le nez. J’y ai cru à moitié mais comme j’étais seule…Et j’ai eu raison, car ça s’est passé encore plus mal que je pensais. Bref, sa première idée était de mettre les livres et boîtes de magazines d’art en grands sacs. Il est vrai que c’est plus facile à porter qu’un carton mais ce n’est pas de la géométrie. Tous ceux qui sont intervenus dans ce déménagement (que je remercie) ont trouvé qu’il y avait beaucoup de livres et magazines d’art. Moi aussi… Mais alors que je vide les sacs et que j’essaie de ranger, à chaque livre que je retrouve, se superpose une visite, un voyage, une lecture, une nuit, des baisers, son sourire, ma vie passée et à venir, mon présent difficile à porter, lourd mais riche d’une disponibilité d’esprit, une curiosité qu’on m’envie souvent sans la comprendre. Il en a peut-être été victime mais il est au moins mort d’avoir vécu une vie livresque et passionnante. Je me dois de continuer de même.
Le blog de Laura Vanel-Coytte