sujet semaine 39/207 - clic
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A longueur de calendrier fulmine
Le jardinier qui se désespère
Verse des larmes de crocodile
Sa femme Odile
Se contentant en cuisine d'une misère,
Vorace vermine...
L'ouche est bistrot des bestioles
Le potager leur squatte,
Vois les stigmates
Qu'elles infligent, mon chou, aux scaroles !
Poigne de fer mon époux
Un épouvantail s'impose
Point un bon'homme, un voyou
Pour que plus ils n'osent !
Ouiiii, bravo...
Le jardinier se gratta la couenne
Et chez le forgeron de l'endroit
Point maladroit
Contre quelques étrennes
Commanda un Casimodo...
Un jardin
Ne se met pas sous verrou
Ni en panneau interdit...
Odile est ravie,
Adieu les malo'trous
Dentellières des jardins...
Le légumiste heureux
Ne se prend plus la tête
Entre les pognes
Tout à sa besogne
Il récolte sans qu'on l'em'bête
Des légumes fameux...
sujet semaine 38/2017 - clic
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Clément Serveau - clic
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Aurile, assise et nue, a fermé les yeux pour mieux entendre pour mieux sentir.
Et puis elle a attendu.
Doucement ses narines se sont dilatées et elle a pu capter le parfum de La fleur, parfum qui montait de la planète Terre Mère
Elle a pu aussi vaguement très vaguement entendre des chants d’oiseaux et le murmure du ruisseau.
Magnifique Heure Bleue !
Et puis en un instant tout a disparu,
Le Grand Iceberg au cœur frigide a gelé jusqu’au souvenir de ce parfum et de cette musique.
C’est alors qu’Aurile s’est endormie.
Dans ce pays le bleu à l’âme est au cœur des choses, ces choses glacées aseptisées qui repoussent toute intrusion des sentiments.
Même dans son rêve elle cultive la froidure
Elle est glace pilée au parfum du néant, elle est pigment bleu pigment blanc qui tombent glacés du cosmos.
Dans ses rêves il n’y a ni oiseaux ni couleurs ni musique, le temps a déposé un linceul de silence.
Même dans son état de rêve lucide elle ne sait pas ce qu’est la verdure
Car autour d’elle et en elle tout est froidure.
Dans cette contrée intergalactique l’atmosphère est figée et les rêves sont glacés.
Aucun souffle de vent ne trouble cette ambiance et c'est ce calme de l’air qui rend le froid supportable, vivable.
Pourtant qui, un jour, viendra d’un geste clément écarter la froidure pour apporter fécondité et chaleur ?
Une lumière semble arriver sur ses épaules
Cette lumière saura-t-elle faire fondre cette glace qui reste dans son corps comme la mer salée qui stagne dans une coquille vide ?
Cette lumière semble venir de la Terre où les hommes attendent le feu vert,
Le Rayon Vert,
Ils attendent et espèrent ce signal pour faire le grand voyage et venir faire fondre de plaisir toutes les femmes endormies par la froidure du Grand Iceberg.
sujet semaine 38/2017 - clic
Jack était fatigué. Il errait là, seul comme une âme en peine au milieu des glaciers. Voilà bien longtemps maintenant que Rose l’avait abandonné. La nuit était toujours magnifiquement froide et… bien calme. Le bleu de ses lèvres sciait à merveille à son teint blanc. Il se fondait dans le bleu de la nuit polaire et de l’océan sans grande peine. Ses cheveux, depuis longtemps blanchis par le froid, scintillaient de mille cristaux et son souffle, miroir de feu sa vie, ne laissait plus filtrer la moindre chaleur dans cet environnement hostile et glacé. Les quelques animaux marins passant par-là le surnommaient le triton au paquebot. Il était seul, le seul perdu quelque part dans cette immensité d’eau.
Il aimait nager jusqu’à l’iceberg roi. Jack l’appelait ainsi car il était de loin le plus imposant de tous ceux qu’il pouvait observer chaque jour. Un matin, près de lui, il entendit un coup de sifflet. Tout de suite, son cœur inerte fit battre à ses tempes un rythme imaginaire, parfaite illusion de vitalité. Jack pouvait le voir : le canot avançait dans la nuit noire. Pendant que des hommes ramaient, un autre était debout à l’avant, une lanterne portée à bout de bras, et usait du sifflet de toutes ses forces. Le sifflement déchirait la nuit, un son terriblement triste et nostalgique, presque angoissant dans ce silence pesant. Notre triton s’approcha rapidement mais le canot, pâle mirage de ses souvenirs, passa à travers lui et s’évapora comme un fantôme vers le pays du regret. Personne, personne ne le trouverait là. Personne ne le retiendrait ni le récupèrerait comme ce jour-là.
Hanté par son abandon, Jack partit en quête d’un endroit à hanter, d’un endroit à faire sien. Dans son périple, il partagea le sillage des épaulards, des baleines en migration et de bien d’autres poissons. Ses petites jambes ne lui permettaient pas d’aller bien vite, mais, la mort dans l’âme mais la mort aidant tout de même, la fatigue ne lui parvenait jamais. Aussi nageait-il jour et nuit.
A quelques jours de nage de l’iceberg roi, Jack trouva enfin une côte, blanche, froide et immensément isolée. C’était décidé, il en ferait son mausolée. Avant de l’atteindre pourtant, un mouvement étrange à la surface de l’eau attira son attention. Il connaissait les vagues, il avait appris à apprivoiser les animaux, l’océan, la nuit, beaucoup de choses en fait. Mais celle-ci laissait supposer un poisson inconnu, potentiellement dangereux donc.
Il n’eut pas besoin d’attendre longtemps, la créature lui apparut dans toute sa splendeur à moins d’un mètre de lui, devenant le seul rempart à franchir avant d’atteindre la côte. Elle était magnifique, trop peut-être. Jack trouvait en elle ce quelque chose de noble qui lui rappelait tant sa Rose. Ce quelque chose que lui n’avait jamais eu. Mais comme le petit prince en manque de sa rose, Jack resta méfiant en se rappelant que cette rose, quelle qu’elle soit, n’était pas la sienne. La créature était une femme poisson. Ses longs cheveux ondulés habillaient un visage poupin d’une extrême beauté. Sa queue était un véritable kaléidoscope, richesse de couleurs et d’écailles en tout genre.
La créature l’observait, sans rien dire. Pouvait-elle seulement parler ? Jack, lui, n’était pas sûr de pouvoir y arriver. Depuis tout ce temps, il n’avait pipé mot, trop effrayé de briser le silence de son nouveau monde. Puis, lentement, elle leva un bras en sa direction, étonnant mélange d’un bras humain et d’une main nageoire, palmée. Dans un murmure, un chuchotement presque inaudible, elle articula d’une voix brisée « Jack ». Jack, étonné, ne savait pas comment réagir. La femme poisson ne lui inspirait guère confiance.
- Que voulez-vous ? – Demanda-t-il finalement.
Elle s’avança, lentement, comme un prédateur fondant avec calme sur sa proie. Jack commença à reculer, lentement d’abord, puis, se retournant, nagea du plus vite qu’il le put. Elle l’attrapa bien vite, il en aurait presque était vexé, et après un petit baiser sur la joue, un sourire et des joues rosies illuminèrent son visage. Elle le serra dans ses bras et Jack en fut tout chamboulé. Depuis combien de temps était-il seul ? Il n’eut pas le temps d’y songer plus longtemps car déjà elle l’entraînait sous l’eau. Sa poigne était impressionnante et Jack ne pouvait s’en dégager. Il cessa de paniquer quand il se rappela qu’il était déjà mort. Tout ceci ne serait qu’un bref contretemps à son exil sur la grande montagne blanche.
Ils descendaient toujours plus profond dans la nuit sous-marine. Le bleu laissait place à l’obscurité la plus dense. Seule la lumière de la femme-poisson, sublime, parvenait aux yeux de notre mort. Après ce qui lui sembla durée une éternité, un dôme lumineux lui apparut en contre-bas, ville lumière des hommes et femmes poissons.
La légende raconte que Jack s’y plut énormément, qu’il oublia Rose, la traitresse qui l’avait lâchement abandonné pour sauver sa propre vie, seule à l’abris sur cette porte, pour s’amouracher de cette femme-poisson qui avait si doucement capturé son corps et son âme. En bas, il retrouva le Capitaine, les musiciens et quelques enfants. Chacun menait sa mort dignement et mourait bien. On raconte que de l’union de Jack et de la sirène naquît un petit être à demi-vivant. Son papa lui donna son nom afin que jamais personne ne l’oublie, en admettant que quelqu’un cherchait encore à s’en rappeler. Comme le petit était froid comme la mort mais rieur et espiègle comme sa maman, ils décidèrent ensemble de l’appeler Jack. Jack Frost.
sujet semaine 38/2017 - clic
L’heure bleue, c’est celle où les bras ferment le corps engourdi et fatigué, lentement et efficacement en usant d’une force surprenante pour faire de cette masse inerte une petite chose ronde et molle qui devient un cocon d’amour.
L’heure bleue c’est encore l’arrêt devant la falaise, la suppression des tourments, l’envol, l’ascension, le pardon, la bénédiction …
Chut !
Observez cette femme ; elle s’est recroquevillée devant les rochers. Elle attend et semble endormie.
Son corps peut-être a chuté, c’est vrai. Il sursaute parfois, et subitement se raidit, se fige, s’immobilise.
Il lutte. Elle lutte.
Les lèvres balbutient des mots insensés ; on sent que les pensées deviennent peu à peu des prières, que le bleu du Ciel avale à grandes gorgées d’espérance tout le chagrin envahissant.
Les étoiles, elles, réchauffent lentement l’atmosphère pour que la nuit soit douce malgré tout…
Passe le temps …
Dors bien ma belle, le temps passe oui, c’est vrai, mais rassure-toi, l’heure bleue indéfiniment règne…
sujet semaine 38/2017 - clic
"Si tu fermes les yeux, alors viendra l'heure bleue"
lui avait dit l'ancien, mi gourou mi sorcier
pointant d'un doigt tremblant la ligne du glacier
Elle avait hésité, balançé, sacrebleu!
Cela faisait des mois qu'Igor avait filé
la laissant démunie, solitaire et en larmes
elle avait bien tenté, usant de tous ses charmes
de le tenir noué aux mailles du filet
L'astre dépérissait et mourut tout à coup
au loin quelque vieux loup appelait au carnage
elle s'abandonna au conseil du vieux sage
Sous ses paupières closes un soleil indigo
réchauffait ses sanglots et tout le marigot
demain elle prendrait le fusil à six-coups...
sujet semaine 38/2017 - clic
- Écoutez...
- Mais... je n'entends rien...
- Justement. C'est le moment où les animaux de la nuit sont allés se coucher et ceux du jour ne se sont pas encore levés. Ce moment rare et précieux où le temps semble suspendu entre deux mondes. C'est l'heure bleue. Chut... Écoutez.*
César aimait cette heure bénie où, sortant de sa torpeur, le petit peuple souterrain et craintif risquait un œil hors de son trou, où l’oiseau aux plumes nuitamment repliées s’étirait d’un vigoureux battement d’ailes pour réveiller son petit corps froid un peu vif de la nuit. César, quant à lui, en avait passé une bonne devant l’âtre, en rêvant comme d’habitude à ses proies futures et en se relèchant les babines par anticipation. Mais la victoire serait dure, le petit peuple de l’herbe et celui des faîtes n’était pas né de la dernière pluie. Tous connaissaient César de renom et combien y avaient échappé de justesse…Un lézard y avait perdu sa queue en été et une mésange récemment quelques plumes.
Après une minutieuse toilette et un bon repas donné par sa maîtresse, Maître chat risqua un pas au dehors en posant prudemment une patte puis l’autre dans une herbe encore imprégnée de la rosée matinale. Ses vibrisses frémirent sous l’effet de la fraîcheur, puis il prit rapidement son rythme de croisière afin d’aller inspecter chaque coin du jardin susceptible de combler la petite faim qu’il sentait encore au fond de son estomac. César avançait sans bruit, faisant patte de velours et tentant d’intercepter tout signe de vie au creux d’un tronc, derrière un massif ou dans un des nombreux trous du jardin. Une sauterelle échappa de justesse à ses griffes, le coup de patte était, pour une fois, arrivé trop tard. Maître chat n’était pas encore réveillé sans doute.
Un ricanement se fit entendre. Tu peux toujours rire, répondit César, la prochaine fois, je ne te louperai pas, sale orthoptère stridulant. La sauterelle n’entendit pas la réplique, elle était déjà à 100 lieues, ayant repéré un brin d’herbe alléchant. César profitait du calme du matin pour tenter de capter le moindre bruit, le moindre déplacement, le moindre frémissement qui pourrait être l’annonce d’un petit complément matinal, genre moineau, merle ou rouge-gorge ! On les entendait bien entonner leur chant rituel et matinal (César en connaissait chaque mélodie par coeur), mais aucun d’eux de se montrait vraiment : il avait beau lever la tête pour les distinguer, rien à faire, ces finauds avaient décidément l’art de la dissimulation. Un joli papillon aux ailes jonquille fendit soudain le ciel encore empreint des torpeurs de la nuit finissante. César, surpris par cette arrivée impromptue, fit un grand bond en avant puis se projeta vivement en l’air afin de l’intercepter. Cette fois-là ne fut pas la bonne non plus. Ce n’était décidément pas son jour. Il jeta un regard rapide à droite et à gauche pour constater qu’aucun chat du voisinage n’avait pu être témoin de ces échecs successifs, ce qui les aurait bien sûr réjoui, c’est certain, et en particulier cette peste de Mina qui le narguait depuis quelques jours en minaudant, sans doute parce que sa maîtresse avait eu le mauvais goût, récemment, de l’affubler d’un horrible collier rouge muni d’une stupide clochette. Ridicule, pensa César, si elle croit m’attirer, cette pimbêche maniérée, avec ses airs de candidate à Miss Univers ! Mais pas de Mina à l’horizon, pour cette fois, l’honneur était sauf.
César, ignorant l’heure bleue, et insensible à la beauté de cette fin de nuit qui basculait doucement vers la lumière douce et tamisée d’une journée de septembre, alla s’étendre de tout son long dans l’allée, au pied de la statue du fond, celle qui représentait une jolie femme endormie. Mais insensible à sa beauté, et sans lui jeter le moindre regard, guettant d’éventuelles proies, et gardant un œil bien ouvert et une écoute attentive aux imperceptibles mouvements du jardin.
* Kenneth Grahame, Le vent dans les saules (que je vous recommande !)
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« Romantisme cosmique
L'heure bleue, l'heure rêveuse
D'une humaine, façon licorne... »
L'enfant a suivi sa mère
A l'exposition, du haut de ses sept ans...
Il regarde la toile, ses étoiles, saphir,
Sa Joconde bleutée, énigmatique à ses yeux
Et son paysage, de martien, bleu nuit...
Il préfère de loin la vitrine de joujoux,
De l'autre côté d'la rue...les p'tits Schroumpfs, bleus...
Sa mère est fan de l'artiste
D'ailleurs si elle avait eu le sou...
« Maman, j'dois faire pipi ! »
Maman subjuguée est dans « son » monde
Le monde de Balasa...
« Maman... maman ! »
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Depuis plusieurs mois Romain devait prendre une décision.
Il ne pouvait plus passer outre. Ce climat délétère devenait trop pesant, l’inconfort permanent rendait ses jours pénibles à vivre
Cependant, abdication – renoncement n’étaient pas dans son vocabulaire.
Il devait franchir le pas, sans heurts, ni violentes secousses
Ce qu'il fit. Il passa enfin outre son désespoir,
Un pas puis un autre, bien droits il s’était échappé vers l’autre bord
Du coté de la lumière, la lumière retrouvée après ce cauchemar marital
Il avait regagné son indépendance
Libre d’aimer à nouveau.
Et c’est, serein, avec un semblant de griserie qu’il montait les marches du Palais….
♪♪♫Jusqu'à la fin du monde, Lonla
♪♪♫Jusqu'à la fin du monde….
sujet semaine 37/2017 - clic
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La vue ressemble à un paysage observé par le trou d’une serrure. A l’instar d’un voyeur empressé qui attendrait que quelque chose d’extraordinaire (ou de croustillant ) se passe à travers elle. Par exemple :
* La venue d’un couple d’amoureux enlacés et joyeux en quête de sensations nouvelles.
* Un rêveur solitaire empli de nostalgie et dont les doux yeux se posent sur un point invisible de l’horizon.
* Un peintre basané et chevelu muni d’un petit siège pliant, très usé, sa palette multicolore à la main, et recherchant le meilleur angle de vue.
* Un groupe de randonneurs bruyants qui n’a rien entrevu des beautés du paysage, et pour qui comptent exclusivement les chiffres encourageants du GPS commun.
* Un couple de retraités, bras dessus, bras dessous, avançant avec précaution pour ne pas glisser sur les pavés disjoints.
* Un photographe travaillant pour Géo magazine, encombré d’un trépied noir et d’un Nikon imposant, venu immortaliser ce petit coin de nature.
* Un grand chat noir, aux vibrisses souples et sémillantes qui regagne d’un pas de danse le confort de je ne sais quel refuge.
* Un pêcheur du dimanche, harnaché d’un matériel sophistiqué qui s’avèrera vite inutile.
* Un intellectuel à lunettes, empêtré dans son costume, mais absorbé, pensif, les yeux rivés sur l’extrémité de chaussures vernies, peu adaptées à l’endroit, un gros livre sous le bras.
* Une grande femme élégante et esseulée, au mystérieux sourire, une habituée de l’endroit sans doute, qui marche d’un pas alerte sans regarder quiconque, à la rencontre possible d’un impossible destin.
Ils auraient pu se croiser, n’est-ce pas, au moins une fois dans leur vie, s’ils existaient vraiment, tous ces gens-là ! Mais non ! Car rien ne viendra jamais troubler ce petit coin de rêve paisible en apparence, empreint de la griserie et de la nostalgie de temps dits révolus, de ces paradis oubliés où seuls survivent la force du vent (de la douceur aux rafales), la force des courants (du clapotis à l’amplitude des marées), et qui reflètent en leurs eaux bleues l’image de ces mondes de contraste qui se livrent sans cesse d’éternels combats ou qui, dans le meilleur des cas, ne se rencontreront jamais.
sujet semaine 37/2017 - clic
Griserie du paysage réel après avoir vu dans un tableau de Dufy à la Maison des Lumières. clic
Griserie des paysages au Musée d'Art Moderne de Troyes clic : partir en voyages immobiles. clic
Griserie de reconnaître au Musée de la Fère clic un paysage qu'on a déjà vu en nature ou ville.
Griserie de voir en vrai un paysage de Vermeer après l'avoir seulement contemplé en livre. clic
Griserie du réel avec surprises: plus de pluie, plus de vent, plus de soleil que dans l'oeuvre.
Griserie de découvrir une représentation du réel et avoir envie d'aller voir le réel en paysage.
Griserie de la reconnaissance d'un lieu en tableau : avec le froid qui mordait mon visage.
Griserie de la connaissance, de la curiosité du réel et de la représentation du paysage.
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Par le trou de la serrure
Découvrir un peu d'une pièce
Une pièce
Dont ne sait ce que ses murs
Réservent comme griserie
Ou frayeur en ce lieu,
Une gentille bizzarerie
Ou secret d'un Barbe bleue...
Oser pousser la lourde
Grinçante, vieillarde,
Ouvrant l'esgourde
Et l'oeil, bien sur ses gardes...
Saperlotte...
Se faire un film, pour rien,
Comme dans un grenier d'aïeux
Tomber sur un bien
Tableau d'un paysage lumineux
Signé Caillebotte...
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Pas moyen de déconnecter un cerveau pour avoir un peu de repos ? Bien, qu'à cela ne tienne, le bon vieux Jack saurait y remédier.
Juste un verre. Un autre. Encore un, ou deux. Trois ? Un dernier. Bon, un vrai dernier.
Petite griserie au départ, ivresse de tous les diables pour finir. À demi-morte, ne devant d'être debout qu'aux autres fêtards me servant d’appui, l'euphorie me gagnait pourtant. Enfin cette paix.
Bercée par une légère houle due aux mouvements de la foule, je me sentais toute légère. La sensation de quelqu'un me saisissant au passage pour ensuite me balancer comme un vulgaire sac à patates brisa la berceuse entamée par ma cervelle. J'essayais de réfléchir mais soyons honnête, je n'en étais tout simplement pas capable, aussi me laissais-je embarquer sans trop protester. La tête me tournait et mon estomac menaçait méchamment de rendre le précieux breuvage durement avalé quelques instants plus tôt, et pour cause : mon véhicule humain devait mesurer pas loin de deux mètres et ma pauvre tête, balancée de droite à gauche par la cadence soutenue, devait subir des effets visuels douteux dus à l'alcool, au début de vertige ou que sais-je encore...
Je tentais une petite tape sur ce dos immense. Pas de réponse. Une deuxième ? Toujours rien. Quand mon poing rageur s'apprêtait à frapper, je basculais en arrière à une vitesse quasi surnaturelle. Voilà, mon royal postérieur venait de rencontrer la terre ferme, très ferme, trop...
- Bordel de merde ! Non mais ça va pas la tête ?! - hurlais-je en proie à une douleur intense.
Époussetant négligemment mon jean, je tentais de me relever mais c'était sans compter sur mon corps, ce traître ivre (ah oui, ma faute pardon) qui décida de cesser de fonctionner. Je chutais en avant, voyant le bitume froid se rapprocher de mon visage. Bien, génial... j'allais gagner ma soirée pour sur ! On se rappellerait de cette cuite monumentale comme du jour où, voulant fuir tous mes problèmes, je m'étais faite agressée et m'étais, par la même occasion, cassé la gueule (littéralement).
Dans mon dos, quelque chose attrapa mon tee-shirt et mon visage s'arrêta à quelques millimètres du sol, le bout de mon nez touchant la route. J'étouffais un hic de surprise.
Toujours suspendue comme un paquet au bout d'une grue, le sol disparut sous mes yeux. Comme fondu, un trou, du vide, sous moi ! Ok... Respire... Rouvre tes petits noeils lentement..Lente...
- AHHHHHHHHH..... !!!!!!
J'avais beau me débattre, rien n'y faisait : la personne, le truc, bref on s'en fiche, qui me tenait ne lâchait pas et, par dieu seul sait quelle ténacité nouvelle, mon tee-shirt s'avouait indestructible. Devais-je le remercier pour cette solidité inouïe qui me sauvait la vie ?
Me forçant à regarder devant moi (sous terre donc vous l'aurez compris), je restais interdite : un chemin de pierres, surmonté d'une voûte enchanteresse, laissait apparaître un paysage utopique. La mer au loin (en bas?) était d'un bleu azur envoûtant et le soleil m'appelait. La paix. Oui, la paix était en bas, là, sous moi.
- Qu'est-ce que... Non ! Arrêtez ! Ne me lâchez pas ! Ne me... NooOOOONNNNNNNNNN !!
Je tombais... Me retournant dans la chute, j'eus le temps d'apercevoir mon lâcheur, ce héros. C'était un homme, immense comme attendu, beau brun, plutôt bien fichu. Si je ne mourrais pas en atterrissant au paradis, j'allais regretter de ne pas avoir une aussi belle compagnie. Mon regard s’arrêta sur son chapeau de cow-boy, seul élément non raccord avec le reste. En grosses lettres noires y était écrit Jack Daniels. Bien bien... J'avais clairement abusé de la boisson, quelqu'un avait même dû mettre un truc dans mon verre... Pas moyen !
Un charmant clin d’œil vert plus tard, le trou se refermait sous lui, au dessus de moi, et tout s'éteignit.
Tuut Tuut Tuut Tuut...
Je balançais mon bras en direction du réveil. Ouvrant un œil, ce dernier affichait sept heures, il me restait donc moins de trente minutes pour me bouger et aller au boulot. J'avais mal partout pire que si on m'avait roulé dessus avec un semi ! Et quel rêve j'avais fait ! J'étais dans une crique paradisiaque, seule et tranquille, et le temps semblait s'y être arrêté. J'avais nagé, bronzé, rêvé. Tout n'y était que bonheur et beauté. J'y avais même rencontré le beau cow-boy ! On a longuement parlé, de tout et de rien. Il était adorable, drôle, rassurant, charmant... L'homme de mes rêves...
Bon sang, il fallait vraiment que j'arrête la picole. Faisant voler la couette sur le côté, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant mon lit plein de sable. Je sautais à terre comme piquée par on ne sait quelle mouche ! N'avais-je pas encore décuvé ? Je courais à la salle d'eau et le miroir m’asséna le coup fatal : mes cheveux trempés étaient ornés de coquillages, ceux-là même que j'avais ramassé dans mon rêve. Est-ce que... tout ça aurait pu être vrai ? Je rigolais toute seule devant ma propre bêtise. Je n'étais plus une petite fille qui croyait aux contes de fées et aux histoires Disney. Je ne me rappelais pas qui m'avait raccompagné hier soir mais il s'était visiblement bien foutu de moi.
Je me douchais rapidement, enlevais les coquillages, que je trouvais néanmoins très beaux et que je ne parvenais pas à rattacher à une quelconque famille de coquillages déjà connue de ma petite caboche. Je m'habillais rapidement et passais dans l'entrée pour récupérer mes clefs. Comme d'habitude, quand on est à la bourre, impossible de mettre la main dessus ! Je cherchais partout, commençant à me faire une raison en voyant l'heure tourner. Quelle excuse allais-je encore pouvoir bien inventer ? Je finis par chercher par terre, imaginant les avoir perdues en rentrant ivre morte. Juste une goutte d'eau, là. Une autre. Encore une, ou deux. Trois ? Une dernière. Bon, là une vraie dernière. Après cette chasse au trésor, j'étais là, devant mon bar, mon petit meuble à bouteilles. Avais-je continué de picoler en rentrant ? Misère... plus rien ne m'étonnait. J'ouvris le meuble et mes clefs trônaient là, près de la bouteille de Jack. Furieuse après mon moi de la veille, j'attrapais les clefs à la dérobée et, par la même occasion, envoyait valser la bouteille qui s'écrasa au sol. La boisson entrait à peine en contact avec le sol que celui-ci s'écarta pour laisser place à un trou béant dans mon salon. En dessous, pas l'appartement de la vieille voisine, non, mais mon petit paradis ! Je n'en croyais pas mes yeux. Il y avait un petit mot sur le mur de pierres, à droite :
Je t'attends en bas. Jack.
Et puis merde, la vie était trop courte et inintéressante pour ne pas prendre ce risque ! J'envoyais quand même un petit texto d'adieu. Je pris quelques affaires, et, ni une ni deux, sautais dans l'inconnu pour toujours, rejoignant pas la même occasion mon Jack d'amour.
Ne cherchez pas le trou, il s'est bouché dès que je suis passée.
Quelque part sur le portable d'un patron en colère :
« Bonjour Boss. Je ne pourrais pas être là aujourd'hui. Figurez vous que j'ai trouvé un petit coin de paradis très loin de tout ce train-train.
Vous direz à Disney qu'ils avaient tord : Narnia ne se trouve pas dans une armoire. Non, Narnia se trouve dans un whisky coca.
Je reviendrais... ou pas.
Sully. »